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Par-delà l’idée d’un « chemin électoral » vers la démocratie (Lindberg 2006) et des mutations institutionnelles mises en place depuis les processus de transition politique des années 1990 (Gazibo 2005 ; Van de Walle 2009), on constate que les logiques familiales dans l’accès aux positions et ressources du pouvoir perdurent et restent logées au cœur des trajectoires socio-historiques de l’État et des modes de transfert du pouvoir dans les sociétés africaines (Bayart 1989 ; Bayart et al. 1997 ; Daloz 1999 ; Carothers 2002 ; Foucher 2009). Elles continuent d’alimenter les relations de loyautés et d’allégeances politiques, ainsi que le renouvellement du personnel politique ; la permanence des réseaux, des clans, des factionnalismes s’organisant autour de pratiques et d’imaginaires politiques construits autour de la famille. Si, depuis les Indépendances, les relations entre espace de la famille et du politique ont été marquées par des logiques d’accumulation et de redistribution, celles-ci ont été mises à mal par la raréfaction de l’accès aux ressources consécutive à la mise en place des programmes d’ajustement structurels et des réformes néo-libérales qui les ont accompagnés depuis les années 1980.
Ce numéro spécial, en rouvrant le dossier des rapports entre famille et politique, propose un dialogue « indiscipliné » entre ces objets rarement étudiés ensemble, du fait de la déconnexion entre les disciplines. En effet, alors que dans les années 1960-1970, l’anthropologie dynamique et les approches de la segmentarité (Salhins 1958 ; Balandier 2004) démontraient la nécessité de penser ensemble famille et politique, on constate que depuis, ces deux domaines de la vie en société ont largement été travaillés séparément…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/06/2019
- https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.25778