RéSUMé
Cet article présente une analyse préliminaire de la logique morale qui sous-tend les revendications de réparations de groupe pour les violations massives des droits de l'homme telles que l'esclavage, l'apartheid, le colonialisme et le génocide. Je commence par la justification des réparations dans des cas individuels. Typiquement, un « auteur » fait du tort à une victime, puis offre une réparation à cette victime. J'examine un certain nombre de raisonnements qui autorisent cette pratique. La réparation est perçue comme un moyen de rétablir la victime, d'exprimer la reconnaissance d'un tort, de rétablir la relation entre la victime et l'auteur. Je montre que toutes ces théories s'accompagnent de difficultés pour les types de réparations que nous abordons ici. D'abord, tant la victime que l'auteur sont des groupes et certains de ces groupes ne remplissent pas les conditions nécessaires à l'action collective. Ensuite, les victimes sont décédées depuis longtemps. Dans une perspective de regard vers l'avenir, j'avance enfin que plusieurs raisons favorisent les transferts de ressources à grande échelle que les arguments en faveur des réparations cherchent à justifier par des considérations qui privilégient un regard tourné vers le passé.
Mots-clés
- apartheid
- colonialisme
- esclavage
- génocide
- justice
- victimes
ABSTRACT
Understanding Reparation: A Preliminary Reflection.
This paper offers a preliminary analysis of the moral logic of claims for group reparation for large-scale historical abuses of human rights such as slavery, apartheid, colonialism, and genocide. I begin with the rationale for reparation in individual cases. In the model case, a perpetrator wrongs a victim, and then offers reparation to that victim. I examine a number of rationales for this practice: as restoring the victim; as expressing acknowledgment of the wrong; as restoring the relationship between victim and perpetrator. I show that there are difficulties on all these theories for the kinds of reparations I am discussing. There are difficulties, first, because the victim and perpetrator are groups and some of the relevant groups do not meet the conditions for collective agency. Then there are difficulties when the victims are long dead. I argue, finally, that there are forward-looking reasons to favor many of the large-scale transfers of resources that reparations arguments seek to justify by backward-looking considerations.
Keywords
- Apartheid
- colonialism
- slavery
- genocide
- justice
- victims