CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Le surpoids et l’obésité et, dans une moindre mesure, les troubles alimentaires, constituent, aujourd’hui, en France, un problème majeur de santé publique, en raison de leur prévalence et de leur effet potentiel sur la santé (De Peretti, 2004). En effet, le surpoids et l’obésité sont des déterminants importants de la santé, qui exposent les personnes concernées à de nombreuses pathologies (cardiovasculaires, métaboliques, articulaires, vésiculaires et cancéreuses), dont les conséquences, pour les individus, ne sont pas seulement sanitaires, mais aussi sociales : stigmatisation, préjugés, discrimination. Ce phénomène de surpoids est moins répandu chez les adolescents que chez les adultes, mais il est, de plus en plus fréquent dans cette catégorie de la population. Ainsi, selon les normes internationales de l’IOTF (International obesity task force), en 2006, la prévalence globale du surpoids des adolescents de 15-17 ans, en France, est de 12,3 % ; l’obésité proprement dite touchant 4,3 % de ces adolescents (Unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle, 2007). Les indicateurs utilisés, pour évaluer l’importance de ces phénomènes (par exemple, l’indice de masse corporelle – IMC), sont particulièrement adaptés pour décrire ce que l’on peut nommer le « corps réel », mais ils ne permettent pas d’évaluer ce qui est de l’ordre du « corps perçu ». Or, celui-ci joue un rôle fondamental, car les définitions sociales du surpoids ou de l’obésité peuvent différer des définitions médicales (Emslie, Hunt, Macintyre, 2001). De plus, la manière dont les individus perçoivent leur corps a des conséquences directes sur leurs comportements de santé et, également, sur leur vécu psychique.

De l’image corporelle à la satisfaction corporelle

2Au sein des représentations de son propre corps, le concept d’image corporelle occupe une place centrale pour penser ce « corps perçu ». L’image du corps peut être considérée comme l’ensemble des sentiments, attitudes, souvenirs et expériences, qu’un individu a accumulés à propos de son propre corps et qui se sont plus ou moins intégrés dans une perception globale (Bruchon-Schweitzer, 1986). Cette image est constituée de perceptions et représentations, qui nous servent à évoquer et évaluer notre corps, non seulement en tant qu’objet doué de certaines propriétés physiques (taille, poids, couleur, forme), mais aussi comme sujet ou partie de nous-mêmes, chargée d’affects multiples et, parfois, contradictoires (Bruchon-Schweitzer, 1990). L’image corporelle peut être appréhendée comme un construit multidimensionnel, qui inclut des composantes perceptuelles, attitudinales, mais aussi affectives (Striegel-Moore, Franko, 2002). Elle est le résultat d’une activité psychique des individus, face à divers déterminants biologiques (le corps réel) ou sociaux (le corps perçu par autrui) ; elle a une fonction protectrice, stabilisatrice et, donc, adaptative. Cette image est évolutive et change avec l’âge. Elle se constitue dès la première enfance et se trouve au fondement de l’identité (Erikson, 1968 ; Levine, Smolak, 2002).

3Plusieurs notions (idéal corporel, corps perçu, satisfaction et image insatisfaction corporelle) se trouvent au cœur de ce concept et de son évaluation. L’idéal corporel constitue l’image du corps vers laquelle l’individu tend. Cet idéal est intimement lié au contexte socioculturel et aux idéaux corporels présents au sein de nos sociétés. On peut mentionner, par exemple, la promotion de la minceur chez les femmes et celle de la musculature chez les hommes. Cette « pression corporelle » s’exerce par les médias, les pairs, la famille et conduit à l’intériorisation des normes par les individus (Heinberg, 2000). Le corps perçu est la manière dont les individus se classent et évaluent leur poids (maigre, normal, trop gros…). La différence entre le corps perçu et le corps désiré permet d’évaluer l’insatisfaction corporelle. Celle-ci constitue une notion indispensable pour étudier comment les individus perçoivent leur corps (Cash, 2002). Notons, par ailleurs, que l’insatisfaction corporelle apparaît souvent comme étant indépendante de l’IMC (Allaz, Bernstein et coll., 1998). Autrement dit, le fait que le corps réel soit « normal » objectivement (comme peut l’indiquer par exemple l’IMC) est autre chose que la perception que les individus en ont (corps « perçu »). Notons, d’un autre côté, que l’insatisfaction corporelle apparaît souvent comme étant indépendante de l’IMC (Allaz, Bernstein et coll., 1998). Autrement dit, le fait que le corps réel soit « normal » objectivement – comme peut l’indiquer, par exemple, l’IMC –, est autre chose que la perception que les individus en ont (corps « perçu »).

Appartenance sexuelle et image corporelle

4Parmi les variables descriptives et explicatives des phénomènes associés à l’image corporelle, l’insatisfaction corporelle et les troubles alimentaires, il en est une qui occupe une place de choix : l’appartenance sexuelle. De nombreuses recherches ont montré que les femmes sont généralement plus insatisfaites de leur apparence physique que les hommes (Furnham, Calnan, 1998 ; Funrham, Badmin, Sneade, 2002). Les femmes ont, par exemple, tendance à se voir plus grosses qu’elles ne le sont, alors que les hommes se perçoivent comme étant plus minces ; cette distorsion perceptive est d’autant plus importante chez les femmes que leur idéal corporel est d’être mince (Emslie, Hunt et coll., 2001 ; Makkar, Strube, 1995). Il est important de noter que les femmes ont tendance à se juger en surpoids, alors qu’objectivement – selon les normes médicales définies avec l’IMC – elles ne le sont pas (Furnham, Calnan, 1998). Une enquête récente (Masson, 2004), effectuée en France, montre que 75 % des Françaises, âgées de 18 à 65 ans, ont déjà fait un régime et en font encore. De plus, 78 % des femmes entre 18 et 24 ans pensent qu’être mince est une obligation pour se sentir normale. Enfin, deux tiers des femmes ayant un poids normal se trouvent trop grosses et voudraient perdre en moyenne cinq kilos. D’un autre côté, cette différence entre hommes et femmes, entre garçons et filles, apparaît relativement tôt. Une recherche, effectuée auprès de collégiens (Laure, Binsinger, Ambard, Girault, 2005), a montré que, dès la fin de la classe de sixième et jusqu’au début de la quatrième, on observe une différence entre garçons et filles, ces dernières étant deux fois plus nombreuses que les garçons à se déclarer « trop grosses ».

5Pour Jackson (2002), ces tendances doivent être appréhendées dans une perspective socioculturelle. Celle-ci permet une étude compréhensive des comportements et modalités de pensée des individus et groupes sociaux, centrée sur la manière dont les valeurs et modèles socioculturels sont en mesure de les influencer et d’opérer, à ce titre, de véritables « pressions » (Van den Berg, Neumark-Sztaimer, Hannan, Haines, 2007). Ainsi, dans le domaine du corps, la minceur – plus particulièrement pour les femmes – semble constituer, aujourd’hui, la norme dominante définissant la norme corporelle, de manière plus marquée depuis les années 1960 (Fischler, 1990 ; Meidani, 2006 ; Vigarello, 2004). Dans divers pays occidentaux, on peut constater qu’une proportion importante d’adolescentes déclare vouloir être plus mince et faire des régimes (Levine, Smolak, 2002). Certains invoquent, à ce sujet, une « dictature de la minceur » (Hubert, De Labarre, 2005). De plus, l’équation minceur = santé (très prégnante dans la rhétorique publicitaire) a tendance à s’imposer, en particulier chez les adolescentes et femmes jeunes. Ainsi, le corps mince ou musclé, selon les cas, s’inscrit comme une norme de beauté (Letonturier, 2006), plus particulièrement dans les pays occidentaux. Ces normes corporelles s’expriment très largement dans la société, à partir de différentes sources et objets : promotion médiatique de figures corporelles idéales, promotion de certaines pratiques alimentaires (régimes) et corporelles (sport), voire influence de la famille et des pairs (Keery, Van den Berg, Thompson, 2004 ; Wyles, Gunter, 2008).

6Ces problématiques, relatives à l’image corporelle, à l’apparence et au corps, sont particulièrement prégnantes à l’adolescence. Cette période est importante pour l’élaboration de points de vue sur soi-même et le monde, mais, aussi, du fait que la puberté entraîne tout un ensemble d’évènements et de changements relatifs au corps (croissance en poids et en taille, apparition des poils, développement du tissus adipeux, acné…). Ces modifications opèrent, comme nous l’avons signalé, dans un contexte socioculturel qui promeut certaines normes corporelles. Ainsi, on assiste à la promotion de la minceur pour les femmes et à celle de la musculature pour les hommes (Grogan, 2008). À ce titre, l’image corporelle est essentielle pour la définition personnelle des adolescentes, parce qu’elles ont été portées à croire, par le biais de la socialisation, que leur apparence constituait la base quasi-essentielle de leur évaluation personnelle et de celle opérée par autrui (Thompson, Heinberg, Altabe, Tantleff-Dunn, 1999). L’importance de l’insatisfaction corporelle des adolescentes a conduit certains auteurs à parler d’un « mécontentement normatif » (Rodin, Silberstein, Striegel-Moore, 1985) pour rendre compte de ce phénomène. Ainsi, exprimer le fait de ne pas être satisfaite de son corps peut être envisagé comme la conformation à une norme « d’insatisfaction » sans prise en compte de la réalité corporelle.

7Les garçons sont, eux, plus intéressés par leur musculature que par leur poids, puisqu’ils souhaiteraient perdre du poids, tout en maintenant leur masse musculaire, bien que les deux soient liés (Anderson, Di Domenico, 1992 ; Olivardia, 2002). Le corps masculin idéal est une silhouette en V avec une accentuation des biceps, des pectoraux et des épaules (Funrham, Badmin et coll., 2002). La quête de ce type d’apparence corporelle a été décrite, dans sa forme la plus « extrême », sous l’appellation de « complexe d’Adonis » (Pope, Phillips, Olivardia, 2000).

Satisfaction corporelle et estime de soi

8La problématique soulevée par la question de l’insatisfaction corporelle a conduit à la réalisation de recherches, qui se sont centrées sur les relations entre insatisfaction corporelle et bien-être psychologique, estime de soi notamment. L’estime de soi constitue un concept majeur pour comprendre le vécu psychique des individus. Elle désigne l’attitude, plus ou moins favorable, qu’a chaque individu envers lui-même, le respect qu’il se porte, le sentiment qu’il a de sa propre valeur en tant que personne (Rosenberg, 1965). Elle constitue un indicateur clé du bien-être psychologique, particulièrement dans la culture occidentale (Oishi, Diener, Lucas, Suh, 1999). L’estime de soi diffère selon le sexe. De nombreuses recherches (Davison, McCabe, 2006 ; Kostanski, Gullone, 1998 ; Paxton, Wertheim, Gibbons et coll., 1991) ont montré que l’estime de soi des femmes est significativement moindre que celle des hommes. D’un autre côté, cette différence est plus importante durant l’adolescence (Kling, Hyde, Showers, Buswell, 1999).

9Pour ce qui est du lien entre image corporelle et estime de soi, on constate que plusieurs recherches ont mis en évidence une relation entre insatisfaction corporelle, apparence perçue et estime de soi (Funrham, Badmin et coll., 2002 ; Kostanki, Gullone, 1998 ; Koff, Rierdan, Stubbs, 1990 ; Thompson, Altabe, 1991 ; Tomori, Rus-Makovec, 2000). Celles-ci montrent qu’un niveau élevé de satisfaction corporelle est associé à un haut niveau d’estime de soi chez les hommes et les femmes. De la même manière, l’insatisfaction corporelle est négativement corrélée avec l’estime de soi, particulièrement, chez les femmes. Toutefois, d’autres recherches n’ont pas trouvé un tel lien. C’est le cas de Silberstein, Striegel-Moore, Timko et Rodin (1988), qui n’ont pas trouvé de différences d’estime de soi significatives entre des jeunes femmes, qui exprimaient le souhait d’être plus « fines » et d’autres, qui s’estimaient satisfaites de leur silhouette. Une autre étude (Fabian, Thompson, 1989) n’a pas pu montrer de lien entre estime de soi et estime corporelle.

Problématique

10Malgré l’intérêt que revêt le concept d’image corporelle, force est de constater qu’un nombre restreint de travaux a été effectué en France. Certains de ces travaux ne sont pas récents (Bruchon-Schweitzer, 1986, 1990 ; Rodriguez-Tomé, Bariaud, Cohen-Zardi et coll., 1993) ; d’autres ont été réalisés auprès d’un seul sexe, hommes (Pope, Gruber, Mangweth et coll., 2000) ou jeunes femmes (Rousseau, Knotter, Barbe et coll., 2005) ; d’autres encore se sont centrés sur une période spécifique, comme la puberté (Bariaud, Rodriguez-Tomé, Cohen-Zardi et coll., 1999 ; Rodriguez-Tomé, Bariaud et coll., 1993) ou ont été réalisés auprès de populations très hétérogènes ne comprenant pas d’adolescents, soit de jeunes adultes étudiants, de malades du cancer, de personnes atteintes de douleur chronique (Koleck, Bruchon-Schweitzer, Cousson-Gélie et coll., 2002).

11Notre recherche a pour objectif l’analyse des relations entre « corps réel », « corps perçu » et estime de soi chez des adolescents, en fonction de leur sexe. Il s’agit de comparer diverses mesures de satisfaction corporelle, en fonction du sexe et d’étudier les relations entre diverses évaluations du « corps perçu » et du « corps réel », et l’estime de soi de ces adolescents. Nos hypothèses sont les suivantes :

  • on s’attend à ce que les filles expriment davantage d’insatisfaction corporelle que les garçons et que leur niveau d’estime de soi soit moins élevé ;
  • on s’attend à ce que les garçons expriment le souhait d’être plus « larges » et les filles celui d’être plus « minces » ;
  • on s’attend à ce que les filles expriment de l’insatisfaction corporelle, même lorsque leur corps réel est conforme aux normes médicales ;
  • on s’attend à ce que ce soit les mesures de satisfaction corporelle qui prédisent l’estime de soi chez les garçons et les filles, mais non les mesures corporelles objectives (IMC).
Nous souhaitons, également, évaluer l’utilisation de différents outils d’évaluation de l’image corporelle et de la satisfaction corporelle (unidimensionnel ou pluridimensionnel), afin d’explorer leur spécificité, en fonction du sexe des répondants.

Méthode

Participants

12Un questionnaire a été administré à 187 élèves (86 garçons et 101 filles) de seconde d’enseignement général et technologique. Ces élèves étaient scolarisés dans 2 lycées différents situés, l’un dans l’Allier, l’autre dans le Vaucluse. La passation s’est effectuée en classe (année scolaire 2007-2008), de manière collective, par des psychologues stagiaires.

Matériel

13Le questionnaire comprenait différents types de questions et d’échelles. L’échelle d’évaluation de la silhouette (The figure rating scale – FRS) (Stunkard, Sorensen, Schulsinger, 1983) ou Figurines de Stunkard, consiste en une série de neuf figurines (ou silhouettes) de caractères simples, représentant, de face, le corps féminin et le corps masculin. Chaque série de corps (une pour chaque sexe) est présentée, du plus maigre au plus gros, les différences de corpulence entre figurines étant nettement identifiables de l’une à l’autre. Chaque sujet est invité à indiquer, après visualisation des figurines, celle qui lui correspond le mieux (corps perçu) et celle qui correspond à ce qu’il/elle voudrait être (corps idéal). La différence entre corps idéal et corps perçu (soit entre les deux scores) ou encore la distance entre « idéal » et « réalité » (Bruchon-Schweitzer, 1990) peut être interprétée comme une mesure de l’insatisfaction corporelle (Gardner, Friedman, Jackson, 1999). Un score positif indique un désir d’être plus « mince » ; un score négatif suggère un désir d’être plus « large ». Deux types d’informations sont obtenus : la valeur absolue de cette différence indique le niveau d’insatisfaction corporelle, la valeur brute de cette différence indique le sens de cette insatisfaction (souhaiter être plus « mince » ou plus « large »). La validité (test-retest) de cette échelle a été établie auprès d’adolescentes (Thompson, Altaben 1991). Une question supplémentaire portait sur la silhouette représentant le mieux le corps qu’autrui pourrait attribuer au répondant (corps pour autrui).

14Le Questionnaire d’image corporelle (QIC) (Bruchon-Schweitzer, 1987, 1990 ; Koleck, Bruchon-Schweitzer et coll., 2002) est un outil, en langue française, qui permet de mesurer la satisfaction corporelle des individus. Le QIC explore la satisfaction/insatisfaction corporelle, de façon indirecte, en prenant en compte un ensemble d’attributs et d’états corporels désirables/indésirables (Bruchon-Schweitzer, 1990). Cette échelle comprend dix-neuf items. Les réponses sont données sur des échelles bipolaires en cinq points, qui proposent des termes antithétiques. Par exemple, les individus sont invités à se situer sur un axe « corps physiquement attirant » ou « corps physiquement non attirant ». La somme des réponses permet d’obtenir un score total de satisfaction corporelle compris entre 19 et 95. Le score moyen de satisfaction corporelle de notre échantillon est de 72,47 (± 8,80), soit 76,81 (± 8,48) pour les garçons et 68,77 (± 7,27) pour les filles. La consistance interne de l’échelle se situe à ? = 0,77 dans notre échantillon.

15L’échelle d’estime de soi de Rosenberg (Rosenberg, 1965) permet d’effectuer une mesure unidimensionnelle de l’estime de soi globale des individus. Elle est régulièrement utilisée auprès d’adolescents (Furnham, Badmin et coll., 2002 ; Kostanski, Gullone, 1998). Elle comprend dix propositions (par exemple, « Parfois je me sens réellement inutile »), auxquelles les sujets doivent donner leur niveau d’accord sur une échelle de type Likert en quatre points, allant de 1, « tout à fait d’accord » à 4, « pas du tout d’accord ». Le score d’estime de soi se situe, donc, entre 4 et 40. Plus il est élevé, plus l’estime de soi est importante. Dans le cadre de cette recherche, la consistance interne de l’échelle se situe à ? = 0,81. Le score moyen d’estime de soi est de 29,59 (± 4,91) dans notre échantillon, soit 31,84 (± 4,33) pour les garçons et 27,68 (± 4,57) pour les filles.

16L’indice de masse corporelle (IMC) : chaque lycéen devait indiquer sa taille et son poids. Ces informations nous ont permis de calculer, pour chacun, son IMC, soit, le poids divisé par la taille au carré (IMC = poids en kg/taille en m2). L’IMC moyen de l’échantillon est de 20,15 kg/m2 (± 3,25). Contrairement aux adultes, pour lesquels il existe une valeur seuil unique de l’IMC, pour définir le surpoids (25) et une pour l’obésité (30), les seuils, chez l’enfant, évoluent avec l’âge et le sexe, du fait des variations morphologiques, survenant au cours de la croissance. Les seuils retenus dans cette étude sont ceux des courbes de référence françaises (Rolland-Cachera, Castetbon, Arnault et coll., 1991), qui fournissent, pour chaque sexe et à chaque âge des seuils, à partir desquels il y a insuffisance pondérale, surpoids et obésité.

17Enfin, une question d’auto-évaluation de la corpulence était proposée. Chaque personne devait indiquer, sur une échelle en sept points, allant de « trop maigre » à « trop grosse, la manière dont elle évaluait son corps.

Analyses statistiques

18Des comparaisons de moyennes intra- et inter- sexe ont été réalisées (test t de Student), afin de comparer les différents types de réponses aux figurines de Stunkard. D’autres analyses de comparaison de moyennes ont porté sur les scores aux différentes questions et échelles, selon le sexe. Le test du Chi2 a été utilisé afin d’étudier la répartition des différents statuts pondéraux, en fonction de l’auto-évaluation de la corpulence.

19Des matrices de corrélation (coefficient r de Bravais-Pearson) ont été calculées, une pour les garçons et une pour les filles, afin d’apprécier les liens entre estime de soi et les différentes composantes du corps réel (IMC) et perçu, soit le score d’insatisfaction corporelle (FRS), la satisfaction corporelle (QIC) et l’auto-évaluation de la corpulence.

20Enfin, nous avons réalisé deux régressions multiples hiérarchiques (une pour chaque sexe), afin d’apprécier la part de l’estime de soi prédite, globalement, par l’ensemble des prédicteurs : IMC, auto-évaluation de la corpulence, insatisfaction corporelle (FRS), satisfaction corporelle (QIC). Nous avons inclus l’IMC dans une première étape, l’auto-évaluation de la corpulence dans une deuxième étape, suivie de l’inclusion de l’insatisfaction corporelle (FRS), enfin, dans une quatrième étape, nous avons inclus la satisfaction corporelle (QIC).

Corps perçu, réel et idéal selon le sexe

21La figure 1 permet de visualiser les réponses respectives des garçons et des filles aux figurines de Stunkard. On peut noter que les garçons choisissent un corps idéal plus « large » (m = 3,88 ± 0,80) que leur corps perçu (m = 3,57 ± 1,15 ; t(85) = – 2,76 ; p < .01). Le corps pour autrui (m = 3,43 ± 1,48) est plus « mince » que le corps perçu, mais cette différence n’est pas significative (t(85) = 1,83 ; p = .07). Pour les filles, on peut constater que le corps idéal (m = 2,93 ± 0,63) est particulièrement plus « mince » que le corps perçu (m = 3,53 ± 1,26 ; t(100) = 5,32 ; p < .001). Le corps pour autrui (m = 3,41 ± 1,41) est, également, plus « mince » que le corps perçu (t(100) = 1,92 ; p < .05).

Figure 1

Choix des garçons et des filles aux figurines de Stunkard

Figure 1

Choix des garçons et des filles aux figurines de Stunkard

22Si l’on compare les réponses des garçons et celles des filles, on peut constater que l’évaluation du corps perçu ne diffère pas selon le sexe (t(185) = 0,197 ; p = .844). De même, le corps pour autrui ne diffère pas selon le sexe (t(185) = 0,114 ; p = .909). En revanche, les filles choisissent un corps idéal plus « mince » que celui des garçons (2,93 versus 3,88 ; t(185) = 9,047 ; p < .001).

23L’analyse de la distribution des réponses peut nous permettre de mieux appréhender les choix selon le sexe relativement au corps perçu et au corps idéal. Le tableau 1 permet de visualiser les différences entre choix de corps idéal, par rapport au corps perçu. Près de quatre garçons sur dix (39,5 %) et trois filles sur dix (30,7 %) ont un choix de corps idéal équivalent à leur corps perçu. Ainsi, une majorité de garçons (60,5 %) et de filles (69,3 %) a sélectionné un corps idéal différent du corps perçu, mais ce choix s’exerce dans un sens opposé, selon le genre des répondants. Il y a davantage de garçons, qui souhaitent être plus « larges » (41,8 %) que plus « minces » (18,6 %), alors que seules 14 filles (13,8 %) expriment le désir d’être plus « larges » et qu’une majorité d’entre elles (55,5 %) choisissent un corps idéal plus « mince » que leur corps « perçu ».

Tableau 1

Différences entre corps perçu et corps idéal selon le sexe

Tableau 1
Différence entre corps perçu et idéal Garçons Filles Effectif % Effectif % – 3 1 1,2 2 2,0 – 2 2 2,3 21 20,8 – 1 13 15,1 33 32,7 0 34 39,5 31 30,7 1 27 31,4 8 7,9 2 7 8,1 6 5,9 3 2 2,3 0 0,0

Différences entre corps perçu et corps idéal selon le sexe

24Un tableau, croisant les réponses à la question d’auto-évaluation de la corpulence et l’indice de masse corporelle, a été réalisé, afin de mettre en perspective l’évaluation personnelle de la corpulence, au regard de sa réalité, telle que l’IMC permet de l’évaluer (tableau 2). Plusieurs constats émergent à la lecture de ce tableau. Dans un premier temps, on peut constater qu’une minorité de garçons (4,76 %) et de filles (7,07 %) présentent une insuffisance pondérale. Ils sont, également, peu nombreux à être en surpoids ou en situation d’obésité : 5,96 % des garçons et 3,03 % des filles. Ainsi, près de neuf garçons (89,28 %) et filles (89,90 %) sur dix ont un IMC considéré comme normal.

Tableau 2

Distribution de l’indice de masse corporelle en fonction de l’auto-évaluation de la corpulence

Tableau 2
Indice de masse corporelle Insuffisance pondérale Normal Surpoids Obésité Total N (%) N (%) N (%) N (%) Garçons Trop maigre 0 (0) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Un peu maigre 1 (1,19) 7 (8,33) 0 (0) 8 (9,52) Mince 1 (1,19) 16 (19,05) 0 (0) 17 (20,23) À peu près du bon poids 2 (2,38) 46 (54,76) 1 (1,19) 49 (58,33) Un peu rond 0 (0) 5 (5,95) 3 (3,57) 8 (9,52) Gros 0 (0) 1 (1,19) 0 (0) 1 (1,19) Trop gros 0 (0) 0 (0) 1 (1,19) 1 (1,19) Sous total Garçons 4 (4,76) 75 (89,28) 5 (5,96) 84 (100) Filles Trop maigre 1 (1,01) 2 (2,02) 0 (0) 3 (3,03) Un peu maigre 2 (2,02) 1 (1,01) 0 (0) 3 (3,03) Mince 3 (3,03) 15 (15,15) 0 (0) 18 (18,18) À peu près du bon poids 1 (1,01) 34 (34,34) 0 (0) 35 (35,35) Un peu ronde 0 (0) 28 (28,28) 1 (1,01) 29 (29,29) Grosse 0 (0) 7 (7,07) 0 (0) 7 (7,07) Trop grosse 0 (0) 2 (2,02) 2 (2,02) 4 (4,04) Sous total Filles 7 (7,07) 89 (89,90) 3 (3,03) 99 (100) Total général 11 (6,01) 164 (89,62) 8 (4,37) 183 (100)

Distribution de l’indice de masse corporelle en fonction de l’auto-évaluation de la corpulence

25Un autre élément tient au fait que les garçons et les filles en insuffisance pondérale ou en surpoids auto-évaluent leur corpulence de manière « concordante » avec leur IMC, dans le sens où l’évaluation de leur corpulence, soit maigre soit gros(se), semble en accord avec la définition objective de leur masse corporelle (IMC). Ainsi, ceux qui sont en situation d’insuffisance pondérale s’auto-évaluent comme étant « trop maigre », « maigre » « mince » ou « à peu près du bon poids ». Ceux qui sont en situation de surpoids s’auto-évaluent comme étant « un peu rond(e) », « gros(se) » ou trop gros(se) », à l’exception d’un garçon qui s’auto-évalue comme « à peu près du bon poids ».

26De manière complémentaire, des tendances différenciées, selon le sexe, peuvent être observées parmi les individus dont l’IMC peut être qualifié de normal. On peut constater que les garçons sont proportionnellement plus nombreux (27,38 %) que les filles (18,18 %) à se déclarer « un peu maigre » ou « mince », alors que leur IMC peut être considéré comme normal, mais cette différence n’est pas significative (?22(1) = 1,84 ; p < .17). A contrario, plus d’une fille sur trois (37,37 %) se déclare « un peu ronde », « grosse » ou « très grosse », alors qu’elle a un IMC normal, contre seulement 7,14 % des garçons (?2(1) = 14,51 ; p < .01). Ainsi, près d’une fille sur deux (41,5 %), présentant un IMC normal, se trouve « ronde » ou « grosse ».

Caractéristiques selon le sexe

27Le tableau 3 permet de visualiser l’effet du sexe sur les différentes informations recueillies. Les garçons sont, en moyenne, plus grands que les filles (174,71 cm contre 164,80 cm ; t(183) = 9,16 ; p < .001). Ils ont, également, un poids moyen plus élevé (62,38 kg versus 54,67 kg ; t(181) = 5,47 ; p < .001). L’indice de masse corporelle ne diffère pas significativement selon le sexe et se situe à 20,35 pour les garçons et 19,98 pour les filles. Pour ce qui est de l’insatisfaction corporelle, les garçons expriment le souhait d’avoir un corps plus large que celui qu’ils ont, alors que les filles expriment le souhait d’être plus minces (t(185) = 5,67 ; p < .01). D’un autre côté, les garçons ont un score de satisfaction corporelle, mesuré avec le QIC, significativement supérieur à celui des filles (76,81 contre 68,77 ; t(185) = 6,97 ; p < .01). Enfin, les garçons ont un score d’estime de soi supérieur à celui des filles (31,84 versus 27,68 ; t(185) = 6,35 ; p < .01).

Tableau 3

Corps réel, perçu et estime de soi selon le sexe

Tableau 3
Variable (ou échelle) Garçons Filles t(c) Moyenne Écart-type Moyenne Écart-type Taille (en cm) 174,71 8,45 164,80 6,22 9,16** Poids (en kg) 62,38 10,59 54,67 8,45 5,47** Indice de masse corporelle (IMC) 20,35 2,71 19,98 3,65 0,75 Insatisfaction corporelle (FRS)(a) 0,81 1,05 -0,60 1,14 5,67** Auto-évaluation de la corpulence(b) 3,79 0,89 4,26 1,23 -2,90** Satisfaction corporelle (QIC) 76,81 8,48 68,77 7,27 6,97** Estime de soi (RSES) 31,84 4,33 27,68 4,57 6,35** (a) Un score positif indique le désir d’être plus « gros(se) » ; un score négatif indique le désir d’être plus « fin(e) ». (b) Échelle en sept points de « Trop maigre » à « Trop gros(se) ». (c) * p < .05 ; ** p < .01.

Corps réel, perçu et estime de soi selon le sexe

Liens entre les variables

28Pour les garçons (tableau 4), on peut observer que l’IMC est corrélé positivement avec l’auto-évaluation de la corpulence (r(86) = .58). La satisfaction corporelle mesurée avec le QIC est corrélée positivement (r(86) = .49) avec l’estime de soi.

Tableau 4

Corrélations entre les variables

Tableau 4
Variable 1 2 3 4 5 1. Indice de masse corporelle – 0,01 0,10 – 0,10 0,58** 2. Insatisfaction corporelle (FRS) 0,41** – 0,11 – 0,03 – 0,05 3. Satisfaction corporelle (QIC) – 0,20* – 0,23* 0,49** 0,01 4. Estime de soi 0,06 – 0,30* 0,32** – 0,13 5. Auto-évaluation de la corpulence 0,75** 0,45** – 0,23* – 0,06

Corrélations entre les variables

Note : Le triangle supérieur (en grisé) concerne les résultats des garçons, le triangle inférieur les résultats pour les filles. * p < .05 ; ** p < .01

29Pour les filles, l’IMC est corrélé positivement avec le score d’insatisfaction corporelle (FRS ; r(101) = .41) et l’auto-évaluation de la corpulence (r(101) = .75), et corrélé négativement avec la satisfaction corporelle (QIC ; r(101) = -.20). Le score d’insatisfaction corporelle (FRS) est corrélé négativement avec le score de satisfaction corporelle (QIC : r(101) = -.23) et l’estime de soi (r(101) = -.30), et positivement avec l’auto-évaluation de la corpulence (r(101) = .45). Enfin, la satisfaction corporelle (QIC) est corrélée positivement avec l’estime de soi (r(101) = .32) et négativement avec la corpulence auto-évaluée (r(101) = -.23).

Régression multiple hiérarchique

30Les résultats de la régression multiple hiérarchique (tableau 5), pour les garçons, révèlent qu’une fois l’IMC pris en compte (étape 2), l’auto-évaluation de la corpulence ne permet pas de prédire l’estime de soi. La prise en compte de l’insatisfaction corporelle (FRS), dans l’étape 3, ne permet pas, non plus, de prédire l’estime de soi. En revanche, la prise en compte de la satisfaction corporelle (QIC), dans l’étape 4, permet d’expliquer 27 % de la variance. La seule satisfaction corporelle contribue massivement à la prédiction de l’estime de soi (?R2 = 0,25). Les résultats, pour les filles, révèlent qu’une fois l’IMC pris en compte (étape 2), l’auto-évaluation de la corpulence ne permet pas de prédire l’estime de soi. La prise en compte de l’insatisfaction corporelle (FRS), dans l’étape 3 permet d’expliquer 8 % de la variance. La prise en compte de la satisfaction corporelle (QIC), dans l’étape 4, ajoute, significativement, à la prédiction de l’estime de soi (17 % de la variance expliquée), au-delà de la contribution de l’insatisfaction corporelle (?R22 = 0,09).

Tableau 5

Coefficients de régression multiple hiérarchique entre l’IMC, les mesures d’insatisfaction et de satisfaction corporelle, la corpulence auto-évaluée (prédicteurs) et l’estime de soi (critère)

Tableau 5
Estime de soi Garçons Filles Étapes Prédicteurs ? t ? t Étape 1 1. IMC – 0,10 – 0,92 0,06 0,60 Model R2 (F) 0,010 (0,85)ns 0,004 (0,36)ns Étape 2 1. IMC – 0,03 – 0,22 0,20 1,36 Model R2 (F) 2. Auto-éval. de la corpulence – 0,12 – 0,90 0,020 (0,83)ns – 0,19 0,20 0,021 (1,01)ns ?R2 (F) 0,010 (0,82)ns 0,017 (1,64)ns Étape 3 1. IMC – 0,02 – 0,19 0,27 1,83 2. Auto-éval. de la corpulence 3. Insatisfaction corporelle (FRS) – 0,12 – 0,05 – 0,94 – 0,50 – 0,13 – 0,28 – 0,87 – 2,65* Model R2 (F) ?R2 (F) 0,023 (0,63)ns 0,003 (0,25)ns 0,088 (3,06)* 0,068 (7,03)* Étape 4 1. IMC – 0,10 – 0,88 0.31 2,18* 2. Auto-éval. de la corpulence 3. Insatisfaction corporelle (FRS) – 0,08 0,03 – 0,73 0,35 – 0.05 – 0,26 – 1,14 – 2,53* 4. Satisfaction corporelle (QIC) 0,51 5,25** 0,30 3,21** Model R2 (F) ?R2 (F) 0,276 (7,54)** 0,253 (27,63)** 0,178 (5,10)** 0,090 (10,32)*

Coefficients de régression multiple hiérarchique entre l’IMC, les mesures d’insatisfaction et de satisfaction corporelle, la corpulence auto-évaluée (prédicteurs) et l’estime de soi (critère)

Note : ns non significatif ; * p < .05 ; ** p < .01.

Discussion

31Cette recherche visait à explorer les relations entre corps « réel », corps « perçu » et estime de soi, chez des adolescents français des deux sexes. À la lecture de l’ensemble des résultats, plusieurs éléments de discussion peuvent être mis en avant.

32Un premier élément de discussion et de réflexion vise l’impact du genre sur la perception du corps chez les adolescents. Dans notre étude, filles et garçons se distinguent, de manière très nette, en ce qui concerne l’auto-évaluation de leur corpulence, les filles se percevant comme plus « grosses », en moyenne, que les garçons. D’un autre côté, lorsque l’on met en relation l’auto-évaluation de la corpulence et l’IMC, on peut constater que les filles, ayant un IMC normal, se jugent plus « grosses », dans une proportion très importante (près d’une sur deux). Cette tendance est très minoritaire chez les garçons (9,3 %). De plus on peut constater que l’IMC est corrélé, chez les filles, avec l’ensemble des indicateurs du corps « perçu » (FRS, QIC, auto-évaluation de la corpulence), alors qu’il n’est corrélé qu’avec un seul de ces indicateurs chez les garçons (l’auto-évaluation de la corpulence, qui repose sur une évaluation du poids du corps « perçu »). Quand on intègre la notion d’insatisfaction, les différences entre genres se précisent : plus l’IMC augmente, plus les filles sont insatisfaites de leur corps (FRS et QIC, à un degré moindre). L’insatisfaction augmente, de façon plus importante que chez les garçons, lorsque leur IMC croît.

33Ces résultats nous donnent à voir deux facettes de la composante féminine du lien entre corps « perçu » et corps « réel » : d’une part, l’association entre l’élévation de l’IMC et celle de l’insatisfaction corporelle (Kostanski, Gullone, 1998) ; d’autre part, une évaluation de la corpulence, qui s’éloigne des normes corporelles (à travers la mesure de l’IMC), définis objectivement (Bulik, Wade, Heath et coll., 2001). On peut avancer que des normes s’appliquent différentiellement pour les garçons et les filles. Ces normes s’éloignent, tout particulièrement pour les filles, de la définition médicale officielle de la masse corporelle « normale ». Autrement dit, la norme médicale fixée dans l’IMC ne se superpose pas intégralement à la norme de l’idéal corporel féminin contemporain qui est plus prégnante chez les jeunes femmes.

34Cette attention toute particulière, portée à la question du poids, chez les filles, trouve son origine dans la diffusion massive d’une norme corporelle féminine marquée par la minceur (Hubert, De Labarre, 2005). Les jeunes femmes, plus que les jeunes hommes, sont confrontées à des messages relayés par les médias, leurs parents ou encore leurs pairs qui confortent la définition d’un corps idéal plus mince ou plus musclé (Schwartz, Phares, Tantleff-Dunn et coll., 1999 ; Taylor, Sharpe, Shisslak et coll., 1998). Leur insatisfaction corporelle est directement associée à la comparaison entre leur corps (perçu) et le corps idéal véhiculé par les médias (Van den Berg, Paxton, Keery et coll., 2007). Les résultats obtenus à travers les trois outils de mesure du corps perçu sont concordants et mettent bien en lumière, selon nous, l’influence des modèles socioculturels, des normes sociales, des standards corporels féminins et masculins sur la façon dont les adolescents évaluent leur propre corps (Grogan, 2008 ; Jackson, 2002). Élaboré dans cette perspective, le modèle de l’influence tripartite (Thompson et coll., 1999), postule que les relations entre, d’une part, les médias, l’environnement familial, les pairs (par exemple, exposition à des figures médiatiques idéalisées, pressions et remarques familiales, régimes suivis par des pairs, moqueries quant au poids) et, d’autre part, l’insatisfaction corporelle, sont médiatisées par la comparaison de l’apparence (Keery, Van den Berg, Thompson, 2004) Dans cette perspective, la comparaison de l’apparence médiatiserait l’effet de diverses variables psychologiques, mais, aussi, d’attitudes (variables socioculturelles). Les individus les plus « incertains » envers eux-mêmes, auront davantage tendance à se comparer aux autres.

35Conformément aux résultats de divers travaux antérieurs (Altabe, Thompson, 1993 ; Demarest, Allen, 2000 ; Fallon, Rozin, 1985 ; Gardner, Friedman et coll., 1999 ; Jones, Fries, Danish, 2007 ; Lamb, Jackson, Cassiday, Priest, 1993) les filles choisissent une silhouette idéale (mesure du corps désiré à la FRS) plus fine que leur silhouette perçue, exprimant ainsi le souhait d’être plus « mince ». Parmi ces travaux, certains (Altabe, Thompson, 1993 ; Fallon, Rozin, 1985 ; Jones, Fries et coll., 2007 ; Lamb, Jackson et coll., 1993) ne font pas état d’une différence dans les choix opérés par les garçons, alors que nos résultats soulignent un choix plus marqué pour une silhouette idéale, plus « large » que leur silhouette perçue, comme d’autres recherches ont pu l’observer (Kostanski, Gullone, 1998 ; Peixeto-Labre, 2002 ; Stanford, McCabe, 2002 ; Welch, Gross, Bronner et coll., 2004). Chez les garçons, le choix d’une silhouette plus « large » que leur silhouette perçue ne relève pas du désir d’être plus « gros », mais de celui d’être plus « musclé », comme le montrent un certain nombre de travaux (Anderson, Di Domenico, 1992 ; Peixebo-Labre, 2002 ; Pope, Phillips et coll., 2000). Une limite peut être mentionnée quant à l’utilisation des silhouettes de Stunkard dans cette recherche. Celles-ci ne varient que sur une seule dimension, qui ne permet pas de distinguer si l’augmentation de la taille des silhouettes est due à une augmentation de la masse musculaire (moins probable) ou à celle de l’adiposité (plus probable). Ces silhouettes ne sont pas représentatives des dimensions de variation des différentes morphologies et, en particulier, à ce qui est dû, dans les diamètres et largeurs, au développement musculaire et osseux. Les silhouettes masculines proposées ont, probablement, induit, chez les lycéens, un conflit entre le désir d’être large, parce que musclé et le rejet des corps larges proposés (par que trop gras) (Cohane, Pope, 2001). L’utilisation d’un outil bidimensionnel comme la Somatomorphic matrix (Gruber, Pope, Borowiecki, Cohane, 1999), qui permet de choisir des images variant selon deux axes indépendants (poids et musculature), aurait permis de statuer sur la logique présidant aux choix des lycéens. Une autre limite méthodologique porte sur la formulation, « à peu près du bon poids », de la réponse médiane à la question d’autoévaluation de la corpulence. D’autres formulations (par exemple : « Je suis satisfait de mon poids » ou « J’ai le poids qu’il faut ») auraient été mieux adaptées.

36La distance observée entre « réalité » et « idéal » ne s’élabore pas ex nihilo mais s’inscrit dans des logiques sociales signifiantes, qui témoignent du poids des représentations, associées aux normes corporelles et à leur régulation sexuée. Ces résultats mettent en lumière des logiques sous-jacentes, qui semblent attester du maintien d’une distinction ancienne entre « beau sexe » et « sexe fort » (Bruchon-Schweitzer, 1990). Il convient, également, de noter qu’une proportion importante de garçons (60,5 %), proche de celle des filles (69,3 %), exprime une certaine insatisfaction à l’égard de leur corps (toutes tendances confondues). L’accentuation de la visibilité du corps masculin (médias, publicité), associée à une certaine évolution du sens de la masculinité, contribuent à une sensibilité croissante des hommes quant à leur apparence et à une plus grande attention pour la manière dont leur corps est perçu par autrui (Grogan, 2008). Pour Lee Monaghan (2002), ces dernières années ont vu l’apparition du « culte de la beauté masculine », culte dont leur insatisfaction corporelle relative est, sans doute, une conséquence. L’émergence de nouvelles normes corporelles masculines constitue une voie heuristique pour appréhender la construction sociale de la masculinité, dans un contexte d’exposition à de nouvelles « normes corporelles ». L’étude des processus, sur lesquels cette construction repose, nous semble particulièrement intéressante (par exemple. rapports sociaux de sexe, socialisation, comparaison sociale).

37L’attention aux déclarations d’insatisfaction, relevées par la recherche dans ce domaine, reste une entrée heuristique intéressante pour l’analyse de la perception du corps, même si son insertion, dans un cadre théorique, peine encore à dépasser le descriptif. Pour la satisfaction corporelle (évaluée avec le QIC), nos résultats montrent que les garçons sont plus satisfaits que les filles, comme dans d’autres études utilisant d’autres outils (Furnham, Calnan, 1998 ; Funrham, Badmin et coll., 2002). Nos résultats s’éloignent, toutefois, de ceux de Bruchon-Schweitzer (1986), qui montrait, dans une recherche utilisant le QIC, que les sujets féminins (âgés de 10 à 40 ans) étaient plus satisfaits de leur corps que les sujets masculins. Une recherche plus récente (Koleck, Bruchon-Schweitzer et coll., 2002), réalisée auprès de différents groupes de personnes (étudiants en éducation physique, étudiants en sciences sociales et en sciences, malades du cancer et personnes atteintes de douleur chronique), et utilisant le QIC, a mis en évidence des résultats plus contrastés : une moindre satisfaction corporelle des hommes, dans certains groupes (malades du cancer, étudiants en sciences sociales et en sciences), une plus grande satisfaction corporelle masculine dans d’autres groupes (étudiants en éducation physique, personnes atteintes de douleur chronique), voire une absence de différence (échantillon comprenant l’ensemble des groupes). Il semble indispensable de procéder à d’autres recherches, menées auprès d’échantillons divers (visant à contrôler l’influence de la situation psycho-sociale des individus sur leur satisfaction corporelle), afin de contre valider, éventuellement, nos résultats.

38Un autre élément de discussion, pour nous essentiel, est la question de l’évaluation du corps pour autrui. De prime abord, on peut constater que garçons et filles répondent selon une même logique, qui peut se résumer ainsi : « selon moi, les autres me voient plus mince que je ne le suis ». Or, ce regard d’autrui, tel qu’il est envisagé par ces adolescents, n’a pas les mêmes conséquences si l’on prend en compte le corps désiré. Ainsi, on peut remarquer que l’évaluation attribuée à autrui, a pour effet, dans un cas (les garçons), une accentuation de la distance au corps désiré ; dans l’autre cas (les filles), une diminution de cet écart au corps désiré. On peut, également, noter que, dans un cas (les garçons), le corps désiré est plus « large » que le corps supposé perçu par autrui, dans l’autre (les filles), le corps désiré est largement plus « mince » que le corps supposé perçu par autrui. Autrement dit, si l’on observe bien une tendance identique entre corps perçu et corps pour autrui pour chaque sexe, les enjeux des évaluations concernant le rapport entre corps pour autrui et corps désiré sont opposés pour les filles et les garçons. On peut traduire ces enjeux de la manière suivante : pour les garçons, « les autres me perçoivent plus mince que ce que je voudrais être » ; pour les filles, « les autres me perçoivent comme plus grosse que ce que je souhaiterais être ». Ce dernier élément est particulièrement important car les filles sont plus sensibles que les garçons aux messages véhiculés par leurs pairs ou leurs proches (Stanford, McCabe, 2002). À cet effet, il serait intéressant d’explorer plus qualitativement les enjeux associés à cette évaluation perçue d’autrui sur soi, ses enjeux spécifiques, en fonction du genre et ses effets sur l’image corporelle. De même il aurait été intéressant d’offrir, aux lycéens, la possibilité de répondre à cette question en leur proposant plusieurs catégories « d’autrui » (parents, pairs du même sexe ou du sexe opposé) comme cela a été proposé dans d’autres travaux (Stanford, McCabe, 2002).

39Un dernier élément de discussion porte sur l’effet des différentes mesures corporelles (perçues et réelles) sur l’estime de soi. Dans un premier temps, on peut souligner l’impact du genre sur l’estime de soi. Comme cela a été observé dans de nombreuses recherches (Davison, McCabe, 2006 ; Kling, Hyde et coll., 1999 ; Kostanski, Gullone, 1998 ; Laure, Binsinger et coll., 2005), nos résultats indiquent que les filles ont un score d’estime de soi bien inférieur à celui des garçons. Dans un autre registre, on peut observer que l’IMC n’a pas de lien avec l’estime de soi des filles et des garçons. Des travaux antérieurs ont mis en évidence cette absence de lien entre IMC et estime de soi (Furnham, Badmin et coll., 2002 ; Kostanski, Gullone, 1998). Notons, toutefois, que l’IMC contribue à la prédiction de l’estime de soi chez les filles, lorsque les différentes mesures du corps perçu sont prises en compte. Le lien entre l’IMC et les différentes mesures utilisées pour explorer le corps perçu nécessiterait d’être approfondi. De plus, les résultats obtenus confirment l’association entre satisfaction corporelle et estime de soi, établies par des recherches antérieures (Bruchon-Schweitzer, 1990 ; Funrham, Badmin et coll., 2002 ; Kostanki, Gullone, 1998 ; Koff, Rierdan et coll., 1990 ; Thompson, Altabe, 1991 ; Tomori, Rus-Makovec, 2000). Ainsi, chez les filles comme chez les garçons, un niveau élevé de satisfaction corporelle est associé à un haut niveau d’estime de soi. Plus précisément, la perception du corps est davantage associée à l’estime de soi que ne l’est le « corps réel » (Tiggemann, 2005). Cette association entre image corporelle et estime de soi est importante, elle permet d’envisager la construction de l’image corporelle comme composante d’une conception de soi globale (Bruchon-Schweitzer, 1990 ; Fox, 1988). En effet, les nombreux travaux, qui ont étudié le lien entre satisfaction corporelle et estime de soi, indiquent que leurs relations sont stables, quels que soient le type d’évaluation (global, spécifique) ou l’âge des sujets. La manière de percevoir son corps est, donc, au cœur de processus plus larges, impliquant l’expérience de soi et son évaluation. Plus précisément, l’évaluation, favorable/défavorable de soi, semble constituer un processus perceptif commun, sous-jacent à toute auto-estimation, même lorsqu’il s’agit d’évaluer son corps (Bruchon-Schweitzer, 1990).

40Les deux outils d’évaluation du corps « perçu » (FRS et QIC) sont associés à l’estime de soi chez les filles, mais un seul d’entre eux (QIC) l’est chez les garçons. Ce résultat est important, car il met en évidence la spécificité des outils utilisés et les dimensions corporelles, dont ils rendent compte. Pour distinguer le type de perception du corps, évalué par le FRS et le QIC, on peut se référer à la distinction qu’opère Bruchon-Schweitzer (1990) entre image « spatiale » et image « affective » du corps. La première est plus proche du FRS, qui permet une évaluation de l’apparence générale du corps. La seconde englobe des perceptions, représentations et affects du corps, que le QIC permet d’examiner. Ces deux outils donnent à voir deux aspects de l’expérience corporelle : une perception du « corps-objet », orientée vers des propriétés physiques, et une perception du « corps-sujet », orientée par des affects complexes (Bruchon-Schweitzer, 1990). Les résultats de notre recherche soulignent l’intérêt de cette distinction et la complémentarité de ces deux outils. On peut, ainsi, observer que ces deux types de perception du corps (« spatiale » et « affective ») sont opérants pour prédire l’estime de soi des filles, alors qu’un seul type de perception (« affective ») permet de prédire l’estime de soi des garçons.

Conclusion

41Dans le présent article, nous souhaitions étudier le rôle joué par différents indicateurs du corps « réel » et « perçu » sur l’estime de soi d’adolescents. Les résultats confirment l’intérêt majeur d’une distinction reposant sur la composante « objective », par opposition à « subjective » du corps. Cette dernière se révèle particulièrement heuristique : d’une part, elle s’inscrit comme une composante indispensable pour appréhender la relation des individus à leur apparence perçue : d’autre part, elle constitue une variable importante dans la prédiction de la valeur du concept de soi.

42Les différences observées trouvent sens à travers une analyse, qui souligne l’impact majeur des modèles socioculturels sur l’appréhension « subjective » du corps. Elles montrent la nécessité de prendre en compte les modèles culturels qui s’appliquent aux corps féminins et masculins.

Français

Résumé

Cette recherche étudie l’association entre insatisfaction corporelle et estime de soi chez des adolescents. 187 adolescents français ont répondu au Questionnaire d’image corporelle (QIC), à une échelle d’évaluation de la silhouette (FRS), à l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (RSES) et à un item consistant à auto-évaluer sa corpulence. Leur poids et leur taille ont été mesurés. Les résultats indiquent que les filles souhaitent être plus « fines », rapportent davantage d’insatisfaction corporelle (QIC et RES) et ont une estime de soi moindre que les garçons. Pour chaque sexe, des analyses de régression (simples et multiples) ont été réalisées pour évaluer le lien entre l’IMC, les deux variables de satisfaction corporelle et l’estime de soi. Elles indiquent que la satisfaction corporelle (mesurée par la QIC) est associée à l’estime de soi chez les garçons alors que les deux mesures de satisfaction corporelle (scores au QIC et au FRS) prédisent l’estime de soi des filles. Ces résultats soulignent le rôle prédominant du « corps perçu », comparativement au « corps réel », dans la prédiction de l’estime de soi.

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Lionel Dany [*]
  • [*]
    Laboratoire de psychologie sociale, Université de Provence, 29 avenue Robert Schuman, 13621 Aix-en-Provence Cedex 1 ; Assistance publique-hôpitaux de Marseille, Centre hospitalier universitaire de la Timone, Service d’oncologie médicale.
    <Lionel.Dany@univ-provence.fr>
Michel Morin [**]
  • [**]
    Laboratoire de psychologie sociale, Université de Provence ; Institut fédératif de recherche, sciences humaines économiques et sociales de la santé d’Aix-Marseille.
Mis en ligne sur Cairn.info le 28/12/2011
https://doi.org/10.3917/bupsy.509.0321
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