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Au cours des trente dernières années, le référentiel islamique a fait son entrée dans l’espace public européen soit par le biais de controverses publiques ayant eu un retentissement national (les supermarchés « halal » et les affaires du foulard en France, la charia en Grande Bretagne) ou international (l’affaire Rushdie et la « fatwa » de l’Ayatollah Khomeini, les caricatures de Mahomet et la question du blasphème au Danemark) soit par le biais plus silencieux et moins visible de la pratique quotidienne (pratique de l’adoption sous kafala, waqf).
Dans son acception purement linguistique, le référent est un processus énonciatif inscrit dans un système de référence (référentiel) dont la signification est sensible aux variations de contextes de l’énoncé. Par référentiel, nous entendons des valeurs, des normes et des sentiments qui forment un ensemble flottant de « lois de possibilité, de règles d’existence pour les objets qui s’y trouvent nommés, désignés ou décrits, pour les relations qui s’y trouvent affirmées ou niées » (Foucault, 2008 : 126). Le référentiel renvoie donc en puissance à une multitude de réalités empiriques. Si cette indéterminabilité nous intéresse en partie dans ce dossier – puisqu’il permet de penser les glissements sémantiques qui s’opèrent dans le champ discursif de l’islam lorsqu’il entre dans l’espace public – c’est avant tout le référentiel islamique dans l’économie des signes et des cadres de référence européens que nous cherchons à étudier. Ce sont de fait les processus de « cadrage » – au sens Goffmanien de « frame » (1991) – issus de l’expérience interactionnelle quotidienne que nous entendons analyser…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2018
- https://doi.org/10.4000/assr.29649