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Est-ce en remontant à la source que l’on trouve l’eau la plus claire ? Sans doute pas. Dans cette mise au net de l’invention de Dieu, la source serait, à l’évidence et par nécessité, la Bible. Écrite à mille mains plus une, et en plus d’un temps d’histoire, elle propose, de l’avènement du Dieu du peuple juif, un récit composite et plusieurs fois réécrit, où postures théologiques, référents historiques, échappées mythiques, fiction et diction s’entremêlent. Il convient alors d’en briser radicalement les lectures « révélées » pour tenter de comprendre, du « dieu » de la Bible, la lente advenue comme Dieu transcendant, unique, universel, pour un peuple élu sur une terre de promesses. Thomas Römer, spécialiste unanimement reconnu de l’Ancien Testament, propose une exceptionnelle relecture des textes bibliques, en leur tripartition : Pentateuque (Torah), Prophètes, Écrits (notamment les Psaumes) – qui fait éclater et réordonne les temporalités supposées, ouvrant la Bible hébraïque à la quête enfin possible de la genèse de Dieu. Son invention, à proprement parler, que le texte sacré dit par bribes et en sous-main, et qu’il faut avérer aujourd’hui en sa neuve conception.
Dieu n’est certes pas une « création » ex nihilo, non plus que l’ultime étape d’une évolution millénaire, mais dont il serait l’aboutissement pour ainsi dire providentiel. Mais dieu est un nom d’abord parmi d’autres, en qui convergent des significations contraires, dieu de violence et d’orage, de destruction et de souffle, qui se dit aussi bien « celui qui est », et qui s’énonce en des temps premier…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/07/2016
- https://doi.org/10.4000/assr.27452