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Qu’en est-il exactement de la « fin du monde » dans les énoncés des religions monothéistes ? Comment la pensée de cette « fin » s’organise-t-elle ? Quelle conception du temps est-elle ici sollicitée ? Et quel est son rapport avec le temps historique, ses régimes singuliers, ses catastrophes ? Sans rompre avec la signification traumatique d’une « peur apocalyptique » venue de l’effondrement de ce qui se pensait et se vivait en termes de progrès, cet ouvrage collectif analyse plusieurs configurations eschatologiques/messianiques relevant moins de cette peur, que d’une « angoisse civilisationnelle » qu’Ernesto De Martino posait au fondement de l’eschatologie comme « reconstitution périodique et collective de l’être au monde ». Penser la fin du monde serait alors penser la refondation du « domaine de l’agir », à nouveaux frais, sans doute, mais pour une reprise créative des ressources symboliques mobilisées dans le calcul des rythmes cosmiques, les traditions religieuses qui s’y greffent, et les événements sociaux qui les traversent comme autant de ruptures critiques. L’eschatologie est la mise en coïncidence de ces trois variables, et la maîtrise du jeu qui ne cesse de se déployer entre elles. En ce sens, elle doit être reformulée et réactualisée à chaque bouleversement du monde, par chaque collectivité concernée, afin que chacune, dans ce nouvel état du monde, survive sous le double régime du temps « apocalyptique » et du temps historique, de la projection messianique et de la gestion d’une identité collective…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/07/2016
- https://doi.org/10.4000/assr.27281