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La ré-édition en poche du magistral livre de l’historien anglais (paru à l’origine en 1963) permettra enfin à un public plus large de prendre connaissance de son œuvre. Cette édition reproduit la remarquable présentation du livre par Miguel Abensour (déjà publiée dans la première édition française en 1988), précédée d’une intéressante introduction à l’œuvre de l’auteur par François Jarrige.
E. P. Thompson est un des plus célèbres historiens du xxe siècle. Selon le Catalogue of Quotations in Arts and Letters, il est un des 250 auteurs les plus cités dans le monde. Ce qui est moins connu c’est que ce monumental ouvrage de 1963, qui a fondé une nouvelle école d’histoire sociale, contient des brillantes incursions dans le domaine des sciences sociales des religions. Ce qui occupe l’attention de l’historien anglais ce n’est pas, comme chez Weber, le rôle de l’ascèse puritaine dans la genèse de la bourgeoisie moderne, mais plutôt la signification de cette éthique, notamment dans sa variante méthodiste un siècle et demi plus tard, pour la conduite de vie des travailleurs. Certes, Weber et Tawney avaient déjà avancé quelques pistes à ce sujet : « Weber et Tawney expliquent que les employeurs avaient de bonnes raisons de trouver utile la propagation de valeurs puritaines ou pseudopuritaines dans la classe ouvrière ». Selon Thompson, le capitalisme n’aurait pas pu se développer sans une forme de « contrainte intérieure », seule capable de « canaliser toutes les énergies vers le travail » ; grâce à l’éthique protestante, « l’ouvrier doit devenir son propre garde-chiourme »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25642