Article
C’est certainement ses premiers travaux sur les chrétiens et la guerre du Vietnam (voir La colombe et le napalm. Des chrétiens français contre les guerres d’Indochine et du Vietnam, Paris, Éditions du CNRS, 2012) qui ont conduit l’historienne Sabine Rousseau à s’intéresser à la trajectoire de Françoise Vandermeersch.
Née en 1917 dans une famille nombreuse, bourgeoise et catholique pratiquante du Nord de la France, F. Vandermeersch entre dans les ordres à l’âge de vingt ans, chez les auxiliatrices des Âmes du Purgatoire (congrégation apostolique de spiritualité ignatienne). Elle accomplit dans un premier temps des tâches relativement classiques pour une religieuse apostolique de l’époque, principalement auprès des enfants et des jeunes. En 1950, elle se voit confier à Paris par sa supérieure une responsabilité éditoriale. Il s’agit de coordonner la revue nouvellement créée des auxiliatrices. Échanges a pour ambition d’aborder des sujets doctrinaux et sociaux, susceptibles d’intéresser un public plus large que les seules religieuses. C’est ainsi qu’elle fait ses premiers pas dans le monde des médias. En 1966, elle se fait connaître du grand public dans une table ronde organisée par Paris Match à l’occasion de la polémique sur la diffusion du film de Rivette tiré de La religieuse de Diderot, dont elle s’oppose à l’interdiction. Sabine Rousseau voit dans la trajectoire de Vandermeersch une « rupture instauratrice » reprenant ainsi une expression de Michel de Certeau, non seulement parce qu’elle y affirme son autonomie personnelle, mais aussi parce qu’il représente pour elle l’occasion d’une prise de conscience, celle « du traitement différentiel des hommes et des femmes dans l’Église, de l’état d’infériorité dans laquelle les religieuses sont maintenues » (p…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25613