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La « vente directe », qui repose sur la formation pyramidale de vendeurs de marchandises variées (« produits d’entretien », « esthétique », « bien-être », etc.) dont les fabricants ont choisi de passer par des circuits indépendants, est une pratique bien connue. Toutefois, ses origines, ses modalités d’organisation et ses valeurs le sont beaucoup moins. À l’appui d’une enquête ethnographique menée dans plusieurs pays du Nord et du Sud, Nathalie Luca nous propose une plongée dans l’univers de ce mode de vente, plus précisément du « marketing relationnel de multiniveaux ». Il apparaîtra immédiatement au lecteur l’originalité de l’objet traité par une anthropologue du fait religieux et spécialiste de la question des sectes. Or, l’auteur va démontrer l’intérêt de ce type de phénomène pour l’analyse du croire contemporain, le multiniveau étant appréhendé ici comme un système de croyances à part entière dont seront identifiées trois composantes essentielles : le « contexte de croyance nationale », le « corpus de croyances tolérées » et les « attitudes de croyances usuelles » (p. 93). Chacune de ces composantes est interrogée dans les différentes sociétés où le multiniveau s’est installé et développé de façon plus ou moins prospère. En outre, le multiniveau ne se présente pas simplement comme une organisation dont les caractéristiques actuelles justifient l’analyse en termes de croyances, dont Nathalie Luca souligne qu’elles sont nécessaires à l’effectivité d’une telle entreprise. En effet, le multiniveau a émergé dans les années 1960 aux États-Unis dans le giron de la religion, au sein du mouvement pentecôtiste, se plaçant dans la droite ligne de la « théologie de la prospérité » circulant dans le protestantisme évangélique…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25551