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Le livre de Marc Levatois s’inscrit dans un courant historiographique qui, depuis le début du xx e siècle, s’est lentement imposé : l’approche spatiale de la religion. Se concentrant sur le christianisme, plus particulièrement sur le catholicisme, l’auteur pose immédiatement une question : en quoi le sacré est-il chrétien ? Pour y répondre, il convoque un grand nombre de références, présentées dans une bibliographie (non exhaustive et surtout francophone) qui occupe près de 8 % des pages, et de longues citations insérées dans le texte même. Les premiers chapitres sont une occasion de présenter l’émergence du sujet et ses inflexions actuelles ; l’auteur en profite pour souligner l’importance de la pensée géographique, modelée en particulier par les travaux de Yi-Fu Tuan. Cette présentation débouche, parfois, sur des discussions précises, spécialement à propos des écrits du médiéviste Dominique Iogna-Prat sur la mise en place d’une organisation hiérarchisée des églises. Insensiblement apparaissent des définitions. La première met en place l’opposition et la complémentarité entre le « lieu saint », comme le pèlerinage, et le « lieu sacré », tel un sanctuaire paroissial. À partir de là, Marc Levatois envisage l’espace sous toutes ses formes, n’hésitant pas à replacer le corps ou l’ouïe dans une économie générale de l’édifice de culte. Celui-ci se vit selon deux normes : la délimitation et l’orientation. Cette seconde notion tient à cœur à l’auteur. Il explique que le christianisme, en tournant édifices et rites vers le soleil levant, se distingue d’autres religions qui cherchent un point précis, que ce soit Jérusalem ou La Mecque…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.24025