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La religion : ensemble de croyances, de rituels et de pouvoirs, s’accomplissant comme fait social ? Expérience singulière et intransmissible d’une « rencontre » avec quelque chose d’« autre » qui a à voir avec l’« infini » et l’« absolu », dont Dieu serait le nom ? Doctrine ou épreuve subjective ? Institution ou foi ? Doxa ou pistis ? Peut-on élaborer une science de l’une qui ignorerait un savoir de l’autre ? Peut-on ouvrir un champ de réflexion qui permettrait la saisie des deux univers de sens en une argumentation commune ? Sociologues, théologiens, philosophes, rassemblés autour de ce défi – connaître ce qu’il en va de la religion sans omettre ce qu’il en est de l’intimité de la foi – ne peuvent, en cet ouvrage qui restitue leurs interrogations et leurs doutes, lever toute incertitude. Si en effet ce qui ressortit d’une conception sociologique comme fait social objet de connaissance – et donc susceptible de relever des mêmes réquisits que toute autre recherche « objectiviste » – tend à évacuer, ou à tenir pour hors de toute mesure et raison ce qui relève de la subjectivité et de l’acte de foi, le nouage apparaît impossible de ce fait de société à cet acte d’intimité et de solitude. L’organisation même du texte témoigne de l’extrême difficulté à résoudre ce paradoxe d’une connaissance de la religion qui ne se pourrait que sur les décombres de l’acte de croire, et de la connaissance de celui-ci que dans la mise à l’écart de l’institution de religion. Aussi bien, d’un bord à l’autre de l’ouvrage, et comme pour majorer ses zones de plus grande incertitude : les questionnements philosophiques concernant la foi, la saisie phénoménologique ou théologique de cette expérience au plus vif et décisif de l’intériorité de chacun…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25476