Article
Aurélie Névot, « Comme le sel, je suis le cours de l’eau », le chamanisme à écriture des Yi du Yunnan (Chine), Nanterre, Société d’ethnologie, 2008, 317 p.
L’ouvrage se donne pour ambition d’étudier « la religion chamanique des Nipa », un petit groupe culturel et linguistique rattaché par l’État chinois à la « nationalité » yi. Les Yi constituent l’une des cinquante-cinq minorités nationales officiellement reconnues en Chine continentale. Le recensement ethnique de 1953-1956 a amalgamé sous ce terme des groupes établis dans les provinces de Yunnan, Sichuan (préfecture de Liangshan), et Guizhou. Ce sont près de huit millions de personnes qui sont identifiées comme Yi, des populations que divisent l’usage de six langues, toutes tibéto-birmanes (on ne saurait parler de « grands dialectes » comme le fait l’auteur p. 21, reprenant un terme de linguistes chinois – il s’agit bien de langues, parfois très différenciées) et vingt-six dialectes pour le moins – certaines de ces langues restant dominantes dans les zones où elles sont parlées, d’autres étant en voie d’extinction – ainsi que des conditions matérielles, une mémoire historique et des traditions rituelles et culturelles des plus variées. Ne pas en conclure que le terme Yi n’est qu’un mot vide de contenu. Non seulement la complexité de l’histoire des populations non han du sud-ouest de la Chine rend tout regroupement à la fois aléatoire et pourtant justifiable, mais encore l’usage d’une catégorie unique a d’ores et déjà créé une conscience commune, mise en avant par nombre d’intellectuels issus des groupes en question…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2009
- https://doi.org/10.4000/assr.21092