Article
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Le cas de Sir John Woodroffe (1865-1936) – Arthur Avalon, de son pseudonyme – mérite d'être évoqué en raison de sa place dans les études indiennes et de son rôle, modeste certes mais caractéristique, dans le mouvement du renouveau national indien, mais aussi, et surtout, parce qu'il fut une figure importante et caractéristique des rapports intellectuels entre l'Inde et l'Occident. L'ensemble des textes sanskrits et les études qu'il fit paraître de 1913 à 1936 dans la collection qu'il dirigea des « Tantrik Texts » non seulement présenta pour la première fois des œuvres tantriques que nul ne connaissait alors en Occident (et fort peu en Inde), mais en souligna la valeur et l'intérêt : on n'avait pas là le fatras indigeste et parfois obscène qu'avaient cru y trouver les orientalistes indianisants depuis qu'ils les avaient découverts à la fin du xviiie siècle, mais des œuvres décrivant des rites complexes et curieux, accompagnés de spéculations théologiques, de conceptions métaphysiques et de vues psychologiques souvent subtiles et pénétrantes. John Woodroff fut, en outre, le premier à affirmer que les traditions hindoues dont relevaient ces textes, tout en étant souvent ésotériques, n'étaient pas marginales, mais contenaient au contraire des rites, pratiques et croyances présentes dans une grande partie de l'univers religieux hindou. On sait maintenant que le phénomène tantrique a profondément marqué, depuis plus de mille ans, la réalité socioreligieuse de l'Inde et même, avec le bouddhisme, celle d'une grande partie de l'Asie…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2009
- https://doi.org/10.4000/assr.4058