Article
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Avec cet ouvrage, Annick Lempérière s'attaque au problème de la cohérence de l'ordre ancien hispano-américain en prenant pour point de départ de son enquête ce terme République par lequel les acteurs des sociétés hispano-américaines désignaient jadis leur association politique.
Après la conquête du Mexique, et une fois disparue la tentation d'un ordre féodal commandé par les encomenderos, s'installe en Nouvelle-Espagne une société d'ordres, d'états, de quelque nom que l'on désigne ces corporations qui justifient leur existence et leur force par un idéal thomiste du « bien commun ». En ce respect du bien commun réside l'esprit républicain, inscrit dans un ordre naturel, soucieux d'utilité publique, mais qui ne s'exprime qu'à travers des corps de toutes sortes et qui aboutit à un étrange compromis entre un absolutisme royal, qui ne cesse de croître, et des forces locales jalouses de leur autonomie.
« L'autonomie, c'est-à-dire le fait que les sociétés américaines se gouvernèrent elles-mêmes et financèrent l'immense majorité de leurs nécessités matérielles et spirituelles, mais aussi militaires, coexista sans difficulté avec l'absolutisme, qui signifiait pour les vassaux que le roi, dans sa fonction de juge plus que dans ses droits de législateur, garantissait le respect des libertés et privilèges dont étaient dotés les différents corps » (p. 70).
Au cours des trois siècles pendant lesquels la Nouvelle-Espagne fit partie de la Couronne espagnole, la structure corporative s'établit, se perfectionna, se divisa en de multiples ramifications, chacune prête à se battre pour défendre ses particularismes…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2009
- https://doi.org/10.4000/assr.3557