Article
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Dans l'ensemble des religions américaines dérivées du modèle yoruba, celles que l'on trouve à Trinidad et Tobaggo sont peut-être les moins connues. George E. Simpson fut l'un des premiers à les étudier dans les années 1960. On parlait alors de « Shango Cult », terme aujourd'hui désuet. Le travail de James T. Houk (Spirits, Blood and Drums: The Orisha Religion in Trinidad, Philadelphia, Temple University Press, 1995) restait la référence la plus récente. Frances Henry livre dans le présent ouvrage le résultat d'une enquête commencée à Trinidad en 1956 : c'est l'un des grands intérêts de ce livre que de restituer une expérience ethnographique sur le long terme. Les transformations sont ainsi évaluées par un même observateur, ce qui annule le biais produit par l'usage de sources historiques secondaires. L'une de ces transformations est le travail de légitimation à l'œuvre dans la religion des orishas. Alors qu'il s'agissait d'un « culte » méprisé par les classes moyennes et même persécuté par le pouvoir politique, cette religion a réussi à se faire accepter dans le paysage religieux de Trinidad et Tobaggo, au point de, presque, incarner l'identité nationale. Le nombre d'adhérents a augmenté, et des liens se sont établis entre pouvoir politique et pouvoir religieux. Plus récemment, Frances Henry a pu observer l'« africanisation » de ces religions, dont elle rend bien raison. Les processus décrits pour Trinidad sont aussi à l'œuvre au Brésil et, dans une moindre mesure, à Cuba…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2009
- https://doi.org/10.4000/assr.3539