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1Il existe de multiples manières de rendre compte des relations entre les sociétés humaines et ce qui les environne. L’histoire environnementale est l’une d’entre elles, et certainement une des propositions les plus novatrices et les plus fortes avancées ces dernières décennies. Pourtant, cette approche n’a que peu rencontré la Révolution française. C’est dire l’importance et la nouveauté de ce numéro. Pour poser les termes de l’analyse, il est nécessaire de présenter en préambule ce qui fait l’histoire environnementale et, de ce fait, les points d’accroche potentiels avec l’histoire de la Révolution française mais aussi les angles morts, introduisant ce que la Révolution française peut faire à l’histoire environnementale. Un bilan bibliographique précisera ensuite la situation historiographique de cette relation Révolution/Environnement. Enfin les enjeux d’une histoire environnementale de la Révolution, tels qu’on peut les saisir dans le présent numéro, seront brièvement présentés.

Ce que la Révolution française peut faire à l’histoire environnementale

2Définir ces nouvelles perspectives se heurte à plusieurs difficultés qui n’ont rien d’accidentel [1]. D’abord, les définitions proposées par les ouvrages généraux sont à la fois larges et conventionnelles, qu’il s’agisse de « l’étude des relations entre les sociétés humaines et le reste de la nature dont ils dépendent » [2] ou de la combinaison entre « l’étude de la matérialité environnementale modifiée par l’action humaine, de l’influence des facteurs environnementaux sur l’histoire humaine, et de l’histoire de la pensée humaine sur l’environnement » [3]. Parce ce que ce domaine est incarné par une communauté internationale de chercheurs, ouverte à de multiples disciplines, ces présentations extensives rendent compte fidèlement de la multiplicité des pratiques mais au risque d’en diluer le cœur analytique. Ensuite, le contexte d’élaboration des articles de référence est effacé par la circulation entre différents pays, amenant à considérer comme théoriques à visée générale des textes dont la dimension programmatique s’inscrit dans un marché universitaire états-unien, la construction d’une légitimité permettant d’obtenir des postes et des financements de la part d’institutions très réactives. La meilleure manière de comprendre ce qu’est l’histoire environnementale est avant tout de lire des monographies et des analyses situées. Par ailleurs, et à la différence d’autres champs comme les études postcoloniales ou de genre – et bien que ces dernières partagent la volonté d’engagement –, l’histoire environnementale n’a pas été fondée à partir de grands textes théoriques ou méthodologiques mais d’une visée éthique en faveur des questions environnementales, qui s’est traduite progressivement par de nouveaux objets et de nouvelles méthodes. Enfin, la composition des réseaux d’historiens et d’historiennes de l’environnement dépend des relations entre disciplines, qui sont propres à chaque pays et varient de manière importante. Aux États-Unis, au début des années 1970, les historiens de l’environnement ont occupé la place d’une géographie en fort déclin après la mort de Carl Sauer et avant l’émergence récente d’une géographie radicale, la political ecology, tandis que les liens avec l’anthropologie sont passés au départ par l’écologie culturelle, sans équivalent véritable dans d’autres pays, puis se sont distendus et interrompus. En Angleterre, en revanche, le poids de la géographie, via la géographie historique, a été fort, retardant l’émergence de l’histoire environnementale. La France, où l’essor de l’histoire environnementale a été tardif par rapport à d’autres pays, se caractérise par le poids, d’un côté de l’histoire des sciences, des savoirs et des techniques, de l’autre de l’histoire sociale, ce qui n’a pas d’équivalent dans le monde anglo-saxon.

3Malgré tout, il est possible de repérer cinq traits distinctifs de l’histoire environnementale à partir du creuset états-unien, et en laissant ici de côté les appropriations différentes selon les pays.

4La volonté de repeupler l’histoire avec de nouveaux types d’acteurs part du constat que la nature n’apparaît que comme toile de fond à l’histoire humaine, en somme à la disposition des êtres humains. À cette inertie, les fondateurs opposent une série d’entités non humaines dotées de caractéristiques propres et de processualité, d’une multitude de dynamiques qui contribuent à configurer le social. En revanche, ces non-humains ne sont jamais saisis pour eux-mêmes mais toujours en relation avec des humains, décrivant des échanges qui s’exercent dans les deux sens, ce qui permet d’interpréter à nouveaux frais les phénomènes d’inventaire, d’appropriation, de transformation et de marchandisation de la nature. C’est la différence principale avec l’écohistoire, développée à partir des travaux de Robert Delort, qui, après avoir reconstitué les variations écologiques dans l’histoire, analyse les usages et les représentations développées par les sociétés humaines [4]. Pour l’histoire environnementale telle qu’elle s’écrit, il n’existe jamais deux ordres séparés mais bien, et ceci est répété explicitement, une histoire commune dont les humains ne sont plus les seuls acteurs. Dans le contexte états-unien, ces propositions ne doivent rien, au départ, aux science studies et à la théorie de l’acteur-réseau, mais on comprend pourquoi la greffe prendra si bien par la suite : la sociologie des sciences donne à ces assemblages d’humains et de non humains historiquement situés un fondement théorique, tandis que l’histoire environnementale apporte aux science studies une nouvelle forme de politisation, par le débat public sur les sciences et l’écologie [5].

5Les espaces de l’histoire environnementale s’organisent autour des rapports de force incessants entre humains et non humains. D’un côté, un principe épistémologique de symétrie veut que l’on redonne la parole aux vaincus, c’est-à-dire aux entités non-humaines exploitées et transformées. De l’autre côté, la dimension sociale de l’asymétrie est constante car il s’agit d’affirmer sans cesse la part de quelque chose que les humains n’ont pas créé, d’une nature qui les contraint. Cette idée d’extériorité du social demeure, même lorsque les études considèrent une seconde nature au sens d’une nature transformée par l’action humaine car les dynamiques écologiques ne disparaissent jamais. La combinaison de ces principes a été déterminante car elle a mis fin à l’idée de relations harmonieuses ou neutres entre les sociétés humaines et la multitude des entités qui les environne, insistant sur l’intensité des impacts et des dégradations environnementaux. C’est toute une histoire de la fragilité de la nature et de ses limites qui s’est alors ouverte, articulant le discours des contemporains avec la reconstitution des différentes dynamiques écologiques, en croisant archives et méthodes des sciences de la nature.

6La part d’engagement est clairement revendiquée aux États-Unis, avec une double matrice, la lutte pour les droits civiques et les protestations contre la guerre du Vietnam, qui conduit à défendre les dominés contre les inégalités environnementales et l’impérialisme écologique [6]. La critique de toutes les formes d’atteintes à l’environnement est au cœur des travaux qui se regroupent sous la bannière de l’histoire environnementale et c’est une différence majeure avec les travaux d’histoire économique et sociale et d’histoire rurale qui sont développés au même moment en France. La notion de milieu renvoie à un débat sur les formes de causalité et les modalités d’explication du social, mais pas à des mobilisations environnementales. Lorsque les uns privilégient le temps immobile et la longue durée, les autres insistent sur des temps plus courts au sein de la multiplicité des temporalités. Si l’engagement est un fil rouge, le militantisme prend en revanche des visages différents selon les générations d’historiens de l’environnement, plus ou moins affirmé publiquement, mais toujours avec la volonté de tendre vers la plus grande rigueur dans l’écriture de l’histoire [7].

7Se faire le porte-parole des non humains, relégués à l’arrière-plan par l’écriture standard de l’histoire, installe une série de tensions interrogées dès le départ : comment manier en même temps deux langues, celle des sciences sociales et celle des sciences de la nature ? Quelle est la légitimité à parler pour des sans-voix qui, à la différence des autres opprimés, ne manient pas de langage ? La matérialité est omniprésente mais pas exactement comme une causalité structurante, plutôt sous la forme du changement, d’une matérialité agissante sans intentionnalité, à la fois toujours donnée et construite. Le paradoxe de l’histoire environnementale consiste à se fonder, éthiquement, sur une extériorité du social mais, analytiquement, sur un assemblage intériorisé au cœur du social, car ces histoires commencent toujours avec l’action des hommes sur la nature.

8Ces propositions de départ ouvrent une série de perspectives qui auraient pu permettre une rencontre plus précoce avec l’histoire de la Révolution française : les forces de l’histoire et les collectifs, les rapports de force et les inégalités, l’historien porte-parole et les dominés, la mise en récit des événements et l’exigence scientifique. Certes, les convergences sont affaire de circonstance et d’individus qui, ici, ont fait défaut car les bibliographies n’ont pas circulé. Implantée en priorité dans les universités de la côte ouest et des Grandes plaines, la communauté états-unienne des historiens de l’environnement a eu peu de contact avec les départements d’études européennes et donc la bibliographie générale sur l’Ancien Régime et la Révolution [8]. Mais, certains angles morts de l’histoire environnementale ont aussi joué leur part et révèlent ce que, en retour, la Révolution française peut faire à l’histoire environnementale.

9La difficulté principale consiste à caractériser comme environnemental des dimensions qui relèvent d’autres sémantiques avant l’essor d’un répertoire écologique. Cette qualification, même anachronique, est relativement facile lorsqu’il s’agit des impacts – pollution, déforestation, érosion, catastrophes – mais devient plus difficile lorsqu’elle englobe la conflictualité, les inégalités et les représentations dans une société à base rurale comme celle d’Ancien Régime. Potentiellement, toutes les dynamiques sociales de la Révolution ont une base matérielle, et il faut alors justifier rigoureusement l’identification des résonances environnementales de ces dynamiques. Qu’est-ce qui est en jeu à travers les moteurs de la révolution paysanne que sont l’opposition à la seigneurie, le contrôle des ressources, les problèmes de subsistance et les impôts ? Les événements révolutionnaires ont tous des composants naturels – la pénurie de bois, des orages, des facteurs climatiques qui contribuent aux mauvaises récoltes – mais est-ce la nature qui est le moteur unificateur des crises ? En somme, durant une époque qui remet en cause l’ensemble des droits, des usages et leur répartition sociale, l’environnement est à la fois implicitement partout et explicitement nulle part, mis à part quelques éléments qui s’inscrivent dans la généalogie écologique, ce qui introduit un écueil épistémologique, celui de l’orientation par les fins.

10Le politique s’impose comme une entrée privilégiée pour la Révolution française mais ce n’est pas le point fort de l’histoire environnementale, qui s’est limitée aux mesures écologiques au sens contemporain. Pensons au grand livre de William Cronon sur Chicago qui montre, de façon magistrale, comment une métropole surgit de l’assemblage entre la nature des Grandes plaines et les besoins de la côte est des États-Unis, permis par le truchement d’objet technique, mais sans interroger en parallèle le politique qui organise un territoire sous son autorité, contrebalançant, ou non, l’espace des flux de matière de la seconde nature [9]. La façon dont les enjeux et les dynamiques environnementaux configurent le politique est donc restée largement de côté, alors qu’elle est centrale pour aborder la période révolutionnaire. Procédant soit par monographie soit par études globales, l’histoire environnementale s’est en fait peu intéressée à la nation et au territoire national, question incontournable pour la Révolution française. La mise en œuvre de ce programme se complique d’autant plus qu’il oblige à combiner deux échelles, celles des débats et mesures de portée nationale, et celle de la diversité régionale des situations, saisie à partir des grandes thèses régionales et de la plongée dans les archives judiciaires, administratives…, département par département.

11Le dernier écart concerne les temporalités et leur mise en forme narrative. L’histoire environnementale, dans sa version étatsunienne, a privilégié les chocs écologiques suivant le répertoire de la rencontre qui caractérise le Nouveau Monde et la perturbation introduite par les Européens. Il est même possible de dire que ce motif a configuré une grande partie des études, c’est-à-dire celui d’une situation initiale dégradée ou invisibilisée par la modernité. Le genre très réussi des écobiographies de villes, sans équivalent en langue française, est toujours construit sur un même schéma narratif, celui d’une situation originelle d’assemblage entre humains et non-humains recomposée par la modernité, ce qui introduit des effets environnementaux négatifs [10]. Ceci n’a rien à voir avec le vieux déterminisme ou possibilisme du site mais plutôt avec un outil critique qui interroge la ville à travers la confrontation entre différentes manières d’habiter le monder, celles des vainqueurs et celle des Indiens, des migrants, des classes populaires. Or, le choc entre différentes manières d’interpréter et d’organiser le social est précisément ce que les historiens de la Révolution française ont mis à distance pour embrasser continuités et césures, et confronter les discours tenus par les contemporains et leurs héritiers sans ériger un des points de vue en vérité. Réinterpréter sans cesse l’articulation entre les différentes phases de la Révolution, saisir les transitions et les crises par l’amont et par l’aval de la période, suppose d’autres formes narratives que celles du choc terme à terme, du déclin et de la restauration. Ce qui suppose d’éviter de déplacer ce répertoire vers les colonies et les espaces extra-européens comme laboratoire environnemental.

12Voici donc, à notre sens, ce que la Révolution française peut faire à l’histoire environnementale et ce que font déjà une série de travaux novateurs parus en France ces dernières années : complexifier la compréhension de l’environnemental par le social, installer le politique comme enjeu majeur, proposer des formes alternatives de narration.

Révolution et environnement, où en est l’historiographie depuis le bicentenaire ?

13Décalque du temps, la question de la relation entre la Révolution et l’environnement ne s’est posée que très récemment, mais avec acuité, dans l’historiographie de la Révolution.

14Effectivement, au sein de l’avalanche de publications qu’a suscité le bicentenaire, seulement deux ouvrages, deux actes de colloque, se sont intéressés à la question de la nature en Révolution [11]. L’un et l’autre, organisés sous l’égide du dynamique groupe d’histoire des forêts françaises, ont notamment permis de questionner et de nuancer la légende noire environnementale de la Révolution, forgée dès Thermidor par les hommes d’ordre du Directoire, de l’Empire et plus encore de la Restauration, pour décrédibiliser « l’anarchie » destructrice des ressources naturelles des années 1789-1794. Mais, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, si une grande partie des questionnements venus de l’histoire environnementale se sont reflétés précocement dans ces deux colloques, force est de constater que la greffe n’a pas pris immédiatement : il faudra plus d’une décennie pour que leur écho trouve une prolongation. Ainsi, si le colloque La Nature en Révolution s’est ouvert sur des perspectives nouvelles comme l’histoire culturelle des représentations de la nature, celle de sa juridicisation, des risques qu’elle fait peser sur les sociétés humaines, il n’en demeure pas moins que les transformations des milieux naturels, en particulier ceux des milieux humides et forestiers, continuent de se tailler la part belle. L’intérêt toujours soutenu dans l’historiographie pour la forêt et les milieux humides en Révolution tient à la transformation de leur statut juridique, leur aliénation notamment dans le cadre de la vente des biens nationaux ou des luttes pour les communaux, en plus de représenter une charge politique symbolique forte comme (ex-)propriétés de l’État et des seigneurs ou encore de susciter des conflits sociaux majeurs au sein des communautés rurales quant à leur usage [12]. La Révolution marque le début de la guerre aux étangs qui atteint son apogée avec le décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1793) ordonnant leur assèchement et leur conversion en terres à blé ; mais le décret sera peu ou mal appliqué jusqu’à son abrogation en juillet 1795 [13].

15L’histoire rurale, qui a tardé à s’ouvrir aux enjeux environnementaux – en atteste le colloque du bicentenaire La Révolution française et le monde rural, exclusivement centré sur les enjeux agraires et la politisation des ruraux [14] – les aborde par le biais de l’histoire agraire à partir de la fin des années 1990. Les travaux de Nadine Vivier sur les biens communaux de la fin de l’Ancien Régime au xixe siècle révèlent leur superficie parfois aussi vaste dans les zones de montagnes qu’infime dans les plaines de grande culture, les modes spécifiques d’exploitation collective et communautaire que suppose cet écosystème rural original menacé par les poussées libérales et physiocratiques de la fin du xviiie siècle [15]. Cet important travail pionnier suscitera plusieurs approfondissements, dans deux directions différentes et complémentaires : d’abord celle autour de l’élaboration du concept de communs et de l’historicité de leur agression et appropriation privée dans une perspective transnationale [16]; ensuite celle de la transformation de leur usage après leur privatisation [17].

16La marchandisation de la Nature s’est imposée comme une des directions majeures de l’historiographie de l’environnement en Révolution, notamment parce qu’elle replace la question de la propriété (pas forcément conçue comme individuelle) dans la logique environnementale. Posséder la nature est un projet qui ne naît pas avec la Révolution – en atteste le mouvement important d’arpentage des terres dans la seconde moitié du xviiie siècle, dans le cadre de la réaction seigneuriale notamment –, mais que la Révolution et l’Empire reconsidèrent dans une perspective libérale, avec la sacralisation de la propriété privée et ses traductions définitives dans le droit, notamment le Code civil. L’un des enjeux de l’historiographie actuelle consiste à s’intéresser à la production de cette idéologie de la propriété et de la marchandisation de la Nature tout autant qu’aux savoirs intellectuels, aux outils techniques et juridiques qui ont permis de la concrétiser [18].

17La libéralisation de la Nature va de pair avec sa marchandisation. Les travaux récents sur l’histoire de la pollution ont mis en évidence toute l’importance prise par le régime napoléonien, et notamment le ministère de Chaptal à l’Intérieur, de 1800 à 1804, pour abattre progressivement tous les dispositifs de protection des urbains mis en place par la police de l’Ancien Régime contre les activités polluantes de l’industrie naissante [19]. Au nom de l’industrialisme, le permis de polluer était délivré en 1810… durablement.

18L’historiographie du risque environnemental s’est donc intéressée à l’histoire des pollutions urbaines d’abord, puis à la question de la gestion des déchets urbains ensuite, et notamment à leur valorisation, si spécifique aux années 1790-1820, en matières premières pour l’industrie (chiffons pour la fabrication du papier) ou agricoles (boues d’excrément pour l’engrais) [20]. Concernant les usages et mésusages de ce commun fragile qu’est l’eau, l’innovation historiographique provient du basculement du cadre d’étude des espaces ruraux à celui des espaces urbains : rien qu’à Paris, l’influence de la Seine sur les relations socioprofessionnelles, et celle des impacts environnementaux des grands travaux d’aménagement hydrauliques, comme le creusement du canal de l’Ourcq, entrepris sous le Consulat, ont été mis en évidence [21].

19Le risque environnemental a partie liée à la catastrophe, d’origine naturelle ou anthropique. Certains historiens se sont efforcés d’en comprendre les représentations et les compréhensions en mobilisant l’histoire culturelle et religieuse, quand d’autres ont préféré en saisir aussi les interactions multiples qu’elle entretient avec les sociétés [22]. Basculement symbolique de l’historiographie révolutionnaire, l’explosion de la poudrerie de Grenelle ne retient plus seulement l’attention pour ses liens politiques avec la conjuration des Égaux mais pour les dégâts et les risques environnementaux qu’elle a provoqués [23]. Autres catastrophes d’origine naturelle, les accidents climatiques ont aussi fait l’objet d’une reconsidération récente. Emmanuel Le Roy Ladurie les a magistralement recontextualisés dans l’histoire globale d’une part et l’histoire économique et sociale de la France de l’autre, autorisant de la sorte une révision du paradigme labroussien sur les causalités économiques du déclenchement de la Révolution de 1789 [24]. Mais si cette perspective continue de placer les sociétés humaines sous la dépendance du risque climatique, des travaux nouveaux montrent aussi une volonté de mobiliser la science, particulièrement au xviiie siècle, pour agir sur le climat et le contrôler [25]. La question de l’Anthropocène ne peut pas être déconnectée de la Révolution française et de l’Empire, notamment parce que cette période voit le triomphe de l’industrialisme et de l’exploitation énergétique (mines et forêts en particulier) portés par la prise de pouvoir politique d’une bourgeoisie manufacturière et financière, soucieuse d’abattre les obstacles juridiques au développement de ses activités économiques. En ce sens, la période de la Révolution et l’Empire n’aurait nullement inversé l’emprise croissante de l’action anthropique sur la transformation climatique et géologique de la Terre, mais l’aurait favorisé [26].

20Enfin, les activités agricoles ont largement contribué aux transformations des biotopes, et même à leur dégradation, bien avant la mise sur le marché des pesticides et des engrais chimiques. Dans la seconde moitié du xviiie siècle, la politique de défrichement promue par les physiocrates et le surpâturage, en accélérant la déforestation ou l’assèchement des zones humides, ont provoqué des catastrophes écologiques localisées, bien avant la Révolution. Il en est ainsi dans les Corbières, où Peter MacPhee a largement mis en évidence que la dévastation écologique de la garrigue et des pentes forestières était davantage le résultat des troupeaux de moutons des grands propriétaires et des seigneurs que dû à l’activité des paysans qui n’auraient pas tant profité des édits de défrichement des années 1760 et de l’abolition progressive du féodalisme [27]. Mais, gardons-nous de toute équivoque, les innovations agronomiques et culturales empiriques ont parfois participé à la transformation des écosystèmes et des paysages, par le recul de la céréaliculture au bénéfice des paysages de bocage qui tendent à se répandre au xviiie siècle, par la guerre menée à la jachère grâce à l’introduction des légumineuses et des légumes-racines, par des espaces de plus en plus consacrés à de petites productions spécialisées fortement rémunératrices comme l’arboriculture fruitière, ou même par la grande vogue des jardins d’agrément urbains ou privés, et évidemment celle de l’acclimatation des végétaux exotiques [28]. L’idée d’une réparation de la Nature semble même s’affirmer au sein de l’État révolutionnaire et impérial, face à l’ampleur du déboisement et de la déforestation. Dans une perspective nouvelle, le lien entre législation agraire révolutionnaire (en l’occurrence le partage des communaux et la vente des biens nationaux), adaptation agricole et transformation paysagère a été exploré dans le cadre du département de l’Aude et du Gard. Le triomphe de l’individualisme agraire qui a résulté du partage des communaux dans ces départements languedociens aurait provoqué la conversion durable des garrigues en vignes [29]. Ces transformations des milieux sont d’autant plus cruciales que le xixe siècle investira les paysages de valeurs patrimoniales et nationales, fondement des nouvelles identités régionales et nationales [30]. Au cours de la Révolution et de l’Empire s’opère le basculement d’une conception esthétique du paysage à une autre idéologique. Le paysage devint « métaphore de la Nation ».

21Dans son ambition de saisir les pensées que l’on pourra qualifier d’« écologiques » développées par les différents régimes politiques, ou d’en comprendre les rapports spécifiques à la Nature, l’histoire politique de l’environnement ouvre d’autres perspectives. Ainsi, pour l’Ancien Régime, le projet d’appréhender la monarchie absolue dans son rapport à la Nature qu’elle modifie, privatise, dégrade et aménage pour la construction de Versailles autorise une micro-histoire totale environnementale [31]. En ce qui concerne la Révolution, le Directoire développerait une pensée écologique républicaine, garante d’un idéal émancipateur des sociétés et de la protection/réparation des ressources naturelles [32].

22Si l’histoire environnementale de la Révolution et de l’Empire s’est déjà rapidement enrichie de travaux variés en moins d’une décennie, elle n’en reste pas moins en friche. Beaucoup d’écueils demeurent et se dressent comme des terres vierges à explorer : le trop petit nombre de travaux sur les espaces locaux, la difficulté de quantifier certains phénomènes à partir des sources disponibles, la tentation de valoriser ou de sous-évaluer (selon son école historique) la période révolutionnaire comme moment de rupture ou au contraire de continuité…

Ce que l’histoire environnementale peut faire à la Révolution française

23Les propositions de relecture de la Révolution française par le prisme de l’environnement, déjà accueillies lors du Bicentenaire, ne sont pas nouvelles et ont eu le temps de faire leur chemin avant le renouveau historiographique de ces dernières années. Pourtant, on entend encore divers arguments à l’encontre de ces approches (surtout exprimés, il est vrai, hors publications imprimées). Selon ces critiques, l’histoire environnementale transposerait artificiellement des questions et des schémas explicatifs, propres au monde actuel, sur des réalités historiques qui leur seraient étrangères. Selon une autre formulation de la même idée, elle n’apporterait aucune nouveauté : elle se contenterait de plaquer un vocabulaire à la mode sur les réalités du passé, pour redécouvrir des évidences. Le flou du terme « environnement », l’impossibilité d’en délimiter clairement les contours, condamnerait enfin à des approches peu rigoureuses. Cette notion trop imprécise et trop large conduirait à requalifier comme « environnementaux » toutes sortes de phénomènes, puis à mettre sur le même plan des sources et des réalités fondamentalement hétérogènes, sans égard pour le contexte.

24De tels arguments ont déjà été employés à l’encontre d’autres approches se voulant critiques ou novatrices, qu’elles soient marxistes, féministes ou postcoloniales, qui ont toutes été soupçonnées de mettre en danger les valeurs du métier d’historien. L’histoire environnementale n’a pourtant pas vocation à imposer ses analyses face aux autres approches possibles des mêmes réalités. Loin de s’opposer aux interprétations sociales, économiques ou culturelles, auxquelles elle emprunte le plus souvent ses méthodes, elle ne présuppose aucunement l’existence d’une portion de réalité distincte, dénommée « environnement ». Plus qu’un concept précis, ce dernier terme a une valeur surtout heuristique, désignant plutôt une intention historienne qu’une méthode ou un domaine propre d’étude.

25En quoi les événements politiques, économiques, sociaux ou militaires de la Révolution ont-ils contribué à redéfinir les rapports que les sociétés entretenaient avec leur cadre de vie ? Quelle conscience avait-on des équilibres et déséquilibres écologiques sous la Révolution et l’Empire ? Quelles furent les fonctions sociales ou politiques des discours sur les dégradations environnementales ? En quoi les nouvelles réalités économiques ou politiques ont-elles vu naître de nouvelles (in)égalités face aux ressources naturelles ou au cadre de vie ? Afin de répondre à ces questions venues des interrogations du présent, il ne s’agit aucunement de plaquer les interrogations du monde présent sur les expériences et perceptions des acteurs de la Révolution, mais au contraire de mettre en lumière la nature singulière de la conscience qu’ils avaient des questions que nous qualifions aujourd’hui d’environnementales. Comme le notait déjà E.P. Thompson, dans une formule célèbre, la « condescendance de la postérité » à l’égard des acteurs du passé consiste souvent à sous-estimer leur intelligence singulière, certes différente de la nôtre, des questions que nous nous posons, et que nous croyons appartenir en propre à notre époque. C’est pour mettre en lumière cette intelligence qu’il est parfois nécessaire de proposer de nouveaux rapprochements entre les phénomènes, un nouveau vocabulaire théorique, de nouvelles méthodes d’interprétation des sources, et de nouvelles hiérarchies entre les documents.

26Les contributions réunies dans ce numéro des Annales historiques de la Révolution française permettent de commencer à mieux envisager les apports possibles de l’histoire environnementale, et de ses formes particulières de mise en récit, à la compréhension des dynamiques proprement révolutionnaires et impériales.

27On verra qu’une première approche consiste à reconsidérer la place de la Révolution et de l’Empire dans les dynamiques de longue durée qui touchent à la redéfinition des rapports entre sociétés et environnements. Les processus de mise en économie, de mise en marché et de privatisation de la nature sont bien sûr plus anciens. Mais en quoi les événements des années 1789-1815 infléchissent-ils ou confirment-ils ces évolutions ? Thomas Le Roux aborde ici cette question à partir du cas des concessions minières, en montrant que la période de la Révolution et de l’Empire tend à renforcer, consolider et finalement accélérer l’emprise étatique sur le sous-sol, de façon à privilégier le capitalisme minier des gros exploitants aux dépens des petits propriétaires de surface. Pour lui, la Révolution est « un point d’étape important dans les relations que les mines entretiennent avec l’environnement ». Pour Grégory Quenet et Jan Synowieci, de même, le début de la Révolution vient confirmer un tournant accompli au milieu du xviiie siècle dans la notion de « conservation », qui commence à désigner dans divers secteurs d’activité, à partir de cette époque, non pas une préservation en l’état mais une « gestion de ce qui se modifie sans cesse ». Enfin, pour Laurent Brassart, la politique horticole concernant les arbres sur le bord des routes, initiée sous le Consulat et l’Empire, doit se comprendre dans une chronologie remontant à la célèbre ordonnance de Colbert de 1669, ainsi qu’à celle, moins connue, de 1720. C’est avec la création d’une administration préfectorale que sont expérimentés plusieurs modèles de pépinières publiques ou privées, intégrés à une « machine horticole » destinée à arborer le bord des routes.

28Mais la décennie révolutionnaire n’est pas seulement un moment d’accélération ou de confirmation de dynamiques déjà en place. Les questions environnementales ont aussi joué un rôle dans les ruptures de cette décennie dramatique. Les ruptures politiques d’abord. Existe-t-il une histoire environnementale de la nuit du 4 août, de l’abolition de la monarchie, ou encore des coups d’État du 9 Thermidor an II, du 18 fructidor an V, ou du 18 brumaire an VIII ? Les différents articles réunis dans ce numéro montrent l’importance de la chronologie politique, avec ses césures bien connues, pour comprendre la diversité des dynamiques environnementales qui peuvent être tantôt libérales, jacobines, thermidoriennes ou impériales. L’article de Jean-Baptiste Fressoz le fait à partir de trois exemples au début de la Révolution : la critique de la féodalité à l’Assemblée nationale, la révolution paysanne de l’été 1789, et le débat sur l’aliénation des forêts nationales. Abordant l’événement de Thermidor et ses conséquences, Julien Vincent décrit quant à lui, à partir du cas du député et constitutionnaliste Creuzé-Latouche, la construction d’un mythe, celui d’une « Terreur » aveugle aux équilibres écologiques locaux. En saisissant les questions environnementales dans ces contextes politiques précis, la Révolution apparaît moins comme le catalyseur d’évolutions irrémédiables, que comme le révélateur d’une diversité intellectuelle et politique.

29Les ruptures sont également militaires. Peut-on faire une histoire environnementale de la bataille de Valmy ou de celle du 13 prairial an II ? Les contributions à ce numéro invitent plutôt à faire varier les échelles d’analyse du local et du national à l’échelle impériale dont divers travaux, d’Alfred Crosby à Kenneth Pomeranz en passant par Richard Grove, ont souligné l’importance d’un point de vue environnemental. Car les French Wars de la Révolution et de l’Empire ont confronté au moins deux grandes écologies militaires. La mobilisation de la nature dans l’effort de guerre passe en Angleterre par la maîtrise des flux coloniaux et globaux. Dans son article, Lucas Sérougne décrit ainsi, à travers l’exemple du bois de teck, la mainmise britannique progressive sur les forêts indiennes. La circulation des matières et le contrôle à distance des hectares fantômes ont joué un rôle de premier plan dans la victoire de William Pitt le jeune et de ses successeurs. Face à cette situation, la France a souvent dû chercher l’autosuffisance à travers la mise en valeur de son propre territoire. Pierre-Etienne Stockland rouvre ce dossier en étudiant la tentative pour se passer d’importations de cochenilles mexicaines dans une France qui peine à contrôler ses approvisionnements étrangers face à la puissance maritime anglaise. Afin de pouvoir continuer à fabriquer du rouge, et se passer des importations de cochenilles, la production de kermès vermilio est relancée sous l’Empire.

30Les divers articles réunis au sein de ce numéro oscillent finalement entre deux approches complémentaires. D’abord, faire apparaître de nouveaux êtres, ou mieux mettre en lumière des objets peu étudiés : des insectes, des arbres, ou encore des débats juridiques, des mots et catégories savantes. Ensuite, relire les événements politiques et militaires bien connus qui scandent la période, à partir d’interrogations nouvelles. Ainsi peut-on envisager ce que l’histoire environnementale peut faire à la Révolution française : attirer l’attention sur des sources jusqu’ici délaissées, afin d’introduire de nouveaux acteurs ; reprendre des sources classiques (cahiers de doléance, débats parlementaires ou archives préfectorales), pour y mettre en lumière leur réflexivité environnementale méconnue ; situer enfin l’événement révolutionnaire dans les origines longues de la crise environnementale, comme un moment de mise au jour de la pluralité des possibles.

Notes

  • [1]
    Pour une histoire intellectuelle de l’histoire environnementale, Grégory Quenet, Qu’est-ce que l’histoire environnementale ?, Seyssel, Champ Vallon, 2014.
  • [2]
    John R. McNeill et Erin Stewart Mauldin, « Global Environmental History : An Introduction », dans A Companion to Global Environmental History, John R. McNeill et Erin Stewart Mauldin (dir.), Chichester, Wiley Blackwell, 2015, p. xvi-xviii.
  • [3]
    J. Donald Hughes, What is Environmental History ?, Cambridge, Polity Press, 2006, p. 3.
  • [4]
    Robert Delort, François Walter, Histoire de l’environnement européen, Paris, PUF, 2001.
  • [5]
    Sur ces questions, Stéphane Van Damme, Seconde nature. Anthropologiser les sciences au seuil de la modernité, Dijon, Les Presses du réel, 2020.
  • [6]
    Pour être cohérente avec cette perspective critique, l’histoire environnementale devra d’ailleurs apprendre à se détourner d’un certain nationalisme qui célébrait la wilderness et l’invention états-unienne de la protection de la nature.
  • [7]
    Pour toutes ces questions, William Cronon, Nature et récits. Essais d’histoire environnementale, Paris, Éditions Dehors, 2016.
  • [8]
    Les premières études en histoire environnementale incorporant la Révolution
    – John McPhee, Richard Grove, Noelle Plack –, ne seront pas à mettre au compte d’historiens formés aux États-Unis.
  • [9]
    Grégory Quenet, « Et le territoire vint », préface à William Cronon, Chicago, métropole de la nature, Bruxelles, Zones sensibles, 2020, p. 35-40.
  • [10]
    Pour une présentation de ce genre d’approches, Grégory Quenet, Qu’est-ce que l’histoire environnementale ?, op. cit., p. 185-191.
  • [11]
    Andrée Corvol (dir.), La nature en Révolution, 1750-1800, Paris, L’Harmattan, 1993 ; Denis Woronoff, Révolution et espaces forestiers, Paris, L’Harmattan, 1988.
  • [12]
    Sur les forêts : Kieko Matteson, Forests in Revolutionnary France. Conservation, Community and conflict, 1669-1848, Cambridge University Press, 2015 (porte sur la Franche-Comté), Emmanuel Garnier, Terre de conquêtes. La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 2004 (en particulier. chap IX), Jérôme Buridant, Le premier choc énergétique : la crise forestière dans le nord du bassin parisien début xviiie-début xixe siècle, HDR, Paris IV, 2008.
  • [13]
    Sur les marais et les étangs, Reynald Abad, La conjuration contre les carpes, Paris, Fayard, 2006 ; Jean-Michel Derex, La gestion de l'eau et des zones humides en Brie, Paris, L’Harmattan, 2003 et Id., « Le décret du 14 frimaire an II sur l'assèchement des étangs : folles espérances et piètres résultats. L'application du décret en Brie », AHRF, 325, 2001-3, p. 77-97.
  • [14]
    La Révolution française et le monde rural, Paris, INRA/CTHS, 1989.
  • [15]
    Nadine Vivier, Propriété collective et identité communale. Les biens communaux en France, 1750-1914, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998.
  • [16]
    Id. et Marie-Noëlle Demélas (dir.), Les propriétés collectives face aux attaques libérales (1750-1914), Rennes, PUR, 2003.
  • [17]
    Peter McPhee, Revolution and Environment in Southern France. Peasants, Lords and Murder in the Corbières, 1780-1830, Oxford, Oxford University Press, 1999 ; Noëlle Plack, Common Land, Wine and the French Revolution. Rural Society and Economy in Southern France, c. 1789-1820, Ashgate, Farhnam, 2009.
  • [18]
    Fabien Locher et Frédéric Graber (dir.), Posséder la nature. Environnement et propriété dans l’histoire. Paris, Amsterdam, 2018 ; Alice Ingold, « Expertise naturaliste, droit et histoire. Les savoirs du partage des eaux dans la France postrévolutionnaire », Revue d'histoire du xixe siècle, 48, 2014, p. 29-45.
  • [19]
    Jean-Baptiste Fressoz, « La libéralisation des "choses environnantes", 1750-1850 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 56, 2009-4, p. 39-76 ; Thomas Le Roux, Le laboratoire des pollutions industrielles, Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2011 ; François Jarrige et Thomas Le Roux, La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Le Seuil, 2017.
  • [20]
    Sabine Barles, L’invention des déchets urbains. France, 1790-1970, Seyssel, Champ Vallon, 2005 ; Geneviève Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution industrielle. France, 1789-1914, Paris, Éd. de l’EHESS, 2010.
  • [21]
    Isabelle Backouche, La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Paris, EHESS, 2016 ; Frédéric Graber, Paris a besoin d’eau. Projet, dispute et délibération technique dans la France napoléonienne, Paris, CNRS Éditions, 2009.
  • [22]
    Dominique Bourg (dir.), Du risque à la menace. Penser la catastrophe, Presses Universitaires de France, 2013. Pour une approche par l’histoire culturelle, François Walter, Catastrophes. Une histoire culturelle, Paris, Le Seuil, 2008. Pour une approche par l’histoire sociale, Grégory Quenet, Les tremblements de terre aux xviiie et xviiie siècles, histoire d’un risque, Seyssel, Champ Vallon, 2005.
  • [23]
    Thomas Le Roux, « Accidents industriels et régulation des risques : l’explosion de la poudrerie de Grenelle en 1794 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 58, 2011-3, p. 34-62.
  • [24]
    Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat. t. 2, Disettes et Révolutions (1740-1860), Paris, Fayard, 2006
  • [25]
    Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher. « L’agir humain sur le climat et la naissance de la climatologie historique, xviie-xviiie siècles », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. 62, 2015-1, p. 48-78.
  • [26]
    Deux approches différentes : Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil, L’événement Anthropocène, Paris, Le Seuil, 2013 ; Grégory Quenet, « L’Anthropocène et le temps des historiens », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 72e année, 2017-2, p. 267-299.
  • [27]
    Peter McPhee, op. cit.
  • [28]
    Parmi de nombreux exemples, Florent Quellier, Des fruits et des hommes. L’arboriculure fruitière en Île-de-France (vers 1600-vers 1800), Rennes, PUR, 2003 ; Jean-Marc Moriceau, Terres mouvantes, Paris, Fayard, 2002 ; Jan Synowiecki, Paris en vert. Jardins, nature et culture urbaines au xviiie siècle, thèse de doctorat, dir. Antoine Lilti, EHESS, novembre 2019. Sur les transformations des milieux par des innovations culturales, et leur valorisation par un élevage nouveau, cf. Laurent Brassart, « Révolution et Lumières agricoles : l’échec de la culture "en grand" des légumes-racines », dans Anne Conchon et Virginie Martin (dir.), Les dynamiques économiques de la Révolution française, Paris, Comité d'Histoire Économique et Financière de la France (à paraître en 2020) ; id., « L’introduction des buffles italiens en France (1797-1840) : un opéra-buffle », dans Pierre-Marie Delpu, Igor Moullier, Mélanie Traversier (dir.), Le Royaume de Naples à l’heure française (1803-1809), Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2018, p. 223-243.
  • [29]
    Noëlle Plack, op. cit. ; Peter Mac Phee, op. cit.
  • [30]
    François Walter, Les figures paysagères de la Nation. Territoires et paysage en Europe (xvi-xxe siècle), Paris, Éd. de l’EHESS, 2004 ; Serge Briffaud, Naissance d’un paysage : la montagne pyrénéenne, à la croisée des regards, xviiie-xxe siècle,Toulouse, Ascode, 1989.
  • [31]
    Grégory Quenet, Versailles, une histoire naturelle, Paris, La Découverte, 2015.
  • [32]
    Jean-Luc Chappey et Julien Vincent, « A Republican Ecology ? Citizenship, Nature and the French Revolution (1795-1799) », Past and Present, vol. 243, 2019-1, p. 109-140.
Laurent Brassart
IRHIS-UMR 8529 / Université de Lille
Grégory Quenet
Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, CHCSC (EA 2448)
47 boulevard Vauban, 78047 Guyancourt
Julien Vincent
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Institut d’histoire moderne et contemporaine UMR 8066
9 rue Malher 75004 Paris
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Mis en ligne sur Cairn.info le 25/03/2020
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