À partir d’une enquête ethnographique dans un service de la protection de l’enfance proposant des activités de jour à des adolescents placés qui sont en rupture scolaire, cet article s’intéresse à la manière dont les parcours de placement et les parcours scolaires des jeunes interagissent de manière combinatoire, ce qui permet de rendre compte des ruptures dans les rapports avec les différentes institutions. Ces parcours sont jalonnés de comportements hétérodoxes, de tensions relationnelles et de conflits, notamment avec les pairs. Cela conduit à des ruptures institutionnelles dans la scolarité et les services de la protection de l’enfance, qui se font écho.
Article
L’expression « enfants placés » désigne des mineurs qui sont retirés temporairement de leur famille par une mesure de protection visant à les éloigner pour une durée déterminée d’une situation évaluée comme dangereuse. Ces dernières années, plusieurs enquêtes traitant de la scolarité de ces enfants indiquent que les expériences vécues dans le parcours de placement influent sur les scolarités, les enfants placés étant notamment une population à haut risque de décrochage scolaire (Denecheau, Blaya, 2013). Ainsi, les situations de déscolarisation sont fréquentes l’année où survient le placement (Mainaud, 2013). La plupart de ces enfants sont rescolarisés dans les mois qui suivent la prise en charge sur leur lieu de placement, mais leurs trajectoires révèlent des difficultés. À 11 ans, soit l’âge habituel de l’entrée en sixième, seul un tiers d’entre eux accède à l’enseignement secondaire, la moitié étant toujours en élémentaire, les 12 % restants relevant de l’enseignement spécialisé ou étant déscolarisés. L’instabilité des parcours scolaires se vérifie dans la durée puisqu’à 15 ans les jeunes placés sont trois fois plus en situation de déscolarisation que leurs pairs du même âge (ibid.). À partir de cet âge, les adolescents placés s’orientent majoritairement vers des filières professionnelles courtes, du fait du cumul de difficultés familiales et d’apprentissage, et de la nécessité d’acquérir une autonomie financière alors que s’approche l’âge de sortie de l’aide sociale à l’enfance (ASE) [Frechon, Lacroix, 2020]…
Résumé
Plan
Auteurs
Elle a soutenu en 2020 un mémoire de M2 intitulé « “Juste être là.” Protection de l’enfance et scolarité : parcours de jeunes déplacés ».
Thèmes de recherche : sociologie de l’institution scolaire, de la santé et du handicap ; construction sociale des catégories, dans une perspective comparative.
A notamment publié
Woollven M., 2016, « La comparaison internationale et les données de terrain. Des incomparables au cas-limite », Bulletin de méthodologie sociologique, no 1, vol. 130, p. 26-39.
Woollven M., 2018, « Décrire et mesurer des difficultés scolaires naturalisées. À propos de la dyslexie en France et Royaume-Uni », Politiques de communication, no 11, p. 131-158.
Woollven M., Vanhée O., Henri-Panabière G., Renard F., Lahire B., 2019, « Le langage comme capital », in Lahire B. (dir.), Enfances de classe. De l’inégalité parmi les enfants, Paris, Le Seuil.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/06/2022
- https://doi.org/10.3917/agora.091.0099
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