CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1La singularité du métier de marin impose à la Marine nationale de disposer en permanence d’un équipage jeune, en particulier sur les unités navigantes où les conditions de vie et de travail fatiguent les organismes. Les marins travaillent dans un environnement bruyant, parfois dangereux, par quart [1], se lèvent chaque nuit. Ils acceptent un mode de vie en collectivité « poussé à son paroxysme [2] », alliant éloignement, promiscuité et rusticité. Cette exigence de jeunesse se traduit par un âge moyen dans la marine de 33 ans, qui tombe même à 28 ans à bord des unités navigantes. En 2017, 80 % des marins militaires français avaient entre 25 et 29 ans [3], et 14 % étaient des femmes. Presque tous ont vocation à être déployés sur l’ensemble des mers du globe et sur tous types de bâtiment de combat. L’institution doit alors remplir chaque année ses objectifs de recrutement pour disposer en continu d’un vivier d’élèves dans ses écoles, qui viendra alimenter les différentes unités à l’issue de leur formation. La marine doit ainsi s’adapter en permanence à une jeunesse qui évolue elle-même au fil des transformations sociétales. L’augmentation du niveau de diplôme, la prise en compte de l’épanouissement personnel au travail, les conséquences de la mobilité géographique sur l’emploi du conjoint [4] ou encore l’importance de la conciliation entre vie personnelle et professionnelle sont autant d’évolutions récentes qui tendent à transformer les aspirations des jeunes à l’égard de leur projet professionnel. Être marin d’État, c’est accepter une exigence de disponibilité – accentuée par l’imprévisibilité des programmes d’activité et des absences longues, répétées et impromptues : un marin sur quatre est absent de chez lui plus de 125 jours par an – ce qui transforme de plus en plus souvent l’organisation familiale en casse-tête logistique et fragilise les couples et les familles [5].

2Si la sociologie militaire reste un champ de recherche relativement récent et minoritaire en sciences sociales – hormis les travaux récents de Claude Weber (2015) ou de Christel Coton (2017), ceux portant sur la sociologie militaire restent en effet relativement anciens (Dufoulon, 1998 ; Jakubowski, 2007) –, les travaux se concentrent encore majoritairement sur l’armée de terre, numériquement la plus nombreuse. La Marine nationale, qui a cette particularité d’être à la fois la plus petite des armées françaises et la plus grande des marines européennes, reste largement méconnue du grand public. Elle recrute et forme cependant chaque année près de 3 500 jeunes âgés de 16 à 30 ans, d’un niveau scolaire allant de la troisième à bac + 5. Rares sont les organisations qui renouvellent ainsi près de 10 % [6] de leurs effectifs tous les ans, dans de nombreux métiers [7] différents où se côtoient près d’une centaine de spécialités [8] nécessaires au bon fonctionnement des unités combattantes et des organismes de soutien à terre. Les questions de recrutement, de formation continue et de reconversion sont dès lors des problématiques éprouvées. À l’image des autres armées, l’institution doit créer du « semblable », une identité et une culture communes, tout en tenant compte des frontières internes qui la traversent, frontières qui sont à la fois sociales et scolaires (différenciation entre les grades et les niveaux de diplômes, distinction entre titulaires et contractuels, etc.). Ces éléments sont d’autant plus centraux dans le cas de la marine que les cadres de travail existant dans l’institution sont le plus souvent marqués par une forte hétérogénéité sociale, culturelle et scolaire, qui reste cependant concentrée dans des espaces clos sur des durées plus ou moins longues.

3Ainsi, de par ses spécificités, la Marine nationale apparaît comme un objet de recherche sociologique tout à fait pertinent pour questionner le thème de la jeunesse. Nous apporterons dans cet article des éclairages sur les profils des nouvelles recrues et sur ce qui les motive à intégrer cette institution et à accepter les contraintes des sujétions opérationnelles. Nous verrons également comment la marine travaille pour faire naître des vocations chez les jeunes générations et comment elle construit sa politique de recrutement pour toucher un public diversifié et pour réussir à satisfaire son besoin en effectifs. Nous nous attacherons à montrer enfin qu’il n’existe pas une jeunesse homogène, mais des jeunesses protéiformes, qui coexistent dans un environnement à la fois clos et cloisonné.

Les profils sociodémographiques des jeunes engagés dans la Marine nationale : entre diversité et reproduction sociale

4Si les résultats de l’enquête Motivations à l’engagement mettent en évidence un recrutement diversifié, propre au milieu militaire, où se côtoient des jeunes de tous horizons, tant sociaux que scolaires, la répartition de ceux-ci au sein des différentes catégories hiérarchiques (officiers, non-officiers) suit un mécanisme bien visible de reproduction sociale, également prégnant au sein des autres armées (Coton, 2017). On observe ainsi une surreprésentation d’enfants de cadres chez les officiers alors que les jeunes non-officiers sont plus souvent issus de classes moyennes et populaires « stabilisées » (artisans, commerçants, employés vivant en lotissements, en quartiers pavillonnaires, hors grands ensembles), avec une proportion d’enfants d’employés bien supérieure à la moyenne nationale (voir tableau, p. 76).

Catégories socioprofessionnelles des parents des jeunes engagés*

tableau im1
Non-officiers Officiers Ensemble Population française* Père Mère Ensemble Père Mère Ensemble Agriculteurs exploitants 1 % 1 % 1 % 2 % 0 % 1 % 1 % 2 % Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 17 % 8 % 15 % 5 % 2 % 4 % 12 % 7 % Cadres et professions intellectuelles supérieures 19 % 11 % 14 % 67 % 31 % 51 % 17 % 18 % Professions intermédiaires 12 % 19 % 15 % 15 % 38 % 25 % 16 % 26 % Employés 26 % 55 % 40 % 8 % 27 % 16 % 39 % 27 % Ouvriers 25 % 6 % 15 % 3 % 2 % 3 % 15 % 20 % Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %  100 %

Catégories socioprofessionnelles des parents des jeunes engagés*

Lecture : 1 % des jeunes non officiers déclarent que leur père est agriculteur exploitant.
* Périmètre France hors Mayotte – Source : INSEE, 2018.
Source : enquête interne Motivations à l’engagement, 2017 (DPMM/CPM/ESSM).

L’enquête Motivations à l’engagement

Cet article s’appuie sur une enquête par questionnaire interne à la marine, qui recueille chaque année, depuis 2012, la situation des jeunes recrues, officiers et non-officiers, au moment de leur incorporation. Elle renseigne également sur leurs motivations à l’engagement, les conditions de leur recrutement et leurs perspectives professionnelles. Elle permet de disposer d’une information statistique anonyme de première main sur l’origine sociale de ces jeunes et de dresser leur portrait sociodémographique.

5Avec des bâtiments de plus en plus innovants technologiquement et à l’heure de l’admission au service actif d’unités toujours plus sophistiquées [9] aux équipages optimisés – le croiseur Colbert était au milieu du xxe siècle armé par quelque 600 membres d’équipage, là où un peu plus d’une centaine de marins très polyvalents embarquent en 2018 à bord d’une frégate de classe « Aquitaine » pour exploiter des systèmes fortement automatisés [10] –, le niveau scolaire est en constante progression avec le déplacement du barycentre de recrutement vers bac + 2, dans un contexte de massification de l’enseignement supérieur et de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur via l’ouverture de filières courtes. Si la proportion de bacheliers est comparable à la moyenne nationale, le type de baccalauréat obtenu diffère cependant, avec une surreprésentation des baccalauréats professionnels et technologiques chez les jeunes non-officiers, qui s’explique en partie par une forte volonté des jeunes recrutés d’apprendre et d’exercer rapidement un métier.

6L’analyse du niveau de diplôme met néanmoins en lumière des disparités entre les élèves des différentes écoles, en fonction du grade et du poste qu’ils occuperont à leur sortie de cours. Plus on descend dans la hiérarchie militaire et plus le niveau scolaire diminue. Ainsi, en raison de la sélectivité dans leur processus de recrutement [11], induit par un haut niveau de responsabilités dans leurs futures affectations, les officiers sont majoritairement titulaires d’un baccalauréat scientifique et diplômés de l’enseignement supérieur (de bac + 2 à bac + 5), en particulier les officiers contractuels recrutés justement pour leurs compétences universitaires non produites en interne. Les élèves de l’École de maistrance [12] (de futurs sous-officiers appelés « officiers mariniers »), quant à eux, s’ils sont tous bacheliers (condition obligatoire pour intégrer l’école), sont également de plus en plus souvent diplômés de l’enseignement supérieur court, de niveau bac + 2 maximum. Enfin, les membres d’équipage [13], amenés à occuper une position subalterne dans la hiérarchie militaire, sont moins souvent bacheliers et détiennent plus souvent des diplômes professionnels (CAP et BEP).

7Ainsi, pour reprendre le constat déjà effectué par Christel Coton dans son travail sur les officiers de l’armée de terre, que l’on peut transposer ici dans le cadre de la Marine nationale, « les hiérarchies militaires ne sont absolument pas en rupture avec les hiérarchies sociales : les moins gradés sont également les moins bien dotés [socialement et scolairement] » (Coton, 2017, p. 40). Néanmoins, les armées restent fortement attachées au principe d’ascension sociale, et les multiples formations proposées par la marine tout au long de la carrière tendent à contrecarrer ce déterminisme social. Ainsi, en 2018, plus d’un nouvel officier sur trois est issu du corps des officiers mariniers (sous-officiers) et un matelot sur deux accèdera, en moyenne au bout de quatre ans de service, au brevet d’aptitude technique qui lui ouvre les portes vers une carrière plus longue et par conséquent vers des échelons supérieurs (voir schéma, p. 79). Les carrières ne sont donc pas figées et la progression professionnelle, via l’obtention des différents brevets, fait partie intégrante du parcours des marins. Chacun a la possibilité d’accéder au corps supérieur.

Un exemple de parcours qualifiant, l’« escalier social »*,**,***

figure im2

Un exemple de parcours qualifiant, l’« escalier social »*,**,***

* L’accès au BAT s’effectue sur dossier. Sont pris en compte plusieurs critères : les besoins de la marine, les notations, les sanctions, la durée du service, les résultats aux tests de spécialités, les récompenses, etc. Les marins sélectionnés au BAT suivent ensuite, en école, une formation qualifiante de deux mois environ.
** Les besoins de la marine déterminent les volumes d’admission au BS, et la commission dédiée s’attache à sélectionner les marins les plus méritants (en fonction de leurs résultats au BAT et au test de spécialité, de leurs notations ou encore de leurs résultats sportifs). Les admissibles passent ensuite, en école, une formation qualifiante de deux mois. À l’attribution du BS, les officiers mariniers ont vocation à servir dans des emplois de chefs d’équipe.
*** La délivrance du BM se fait après examen du dossier du candidat et récompense l’acquisition d’un haut niveau de qualification reconnu au travers d’un ou plusieurs certificat(s) et/ou d’un parcours qualifiant. Il permet d’occuper des postes à responsabilités élevées.
Source : DPMM/CPM/ESSM, 2018.

8Pour les officiers de marine, le premier jalon est celui de l’école de spécialité, puis l’École de guerre et enfin le Centre des hautes études militaires qui conditionnent l’avancement et les responsabilités auxquels ils peuvent prétendre. Il faut près de vingt-deux ans pour former un commandant de sous-marin nucléaire lanceur d’engin, fer de lance de la dissuasion française. Le parcours des officiers mariniers suit la même logique : brevet d’aptitude technique (obtenu après trois à huit ans de service, équivalent du baccalauréat), brevet supérieur (entre six et douze ans, bac + 2) et brevet de maîtrise (entre dix et vingt ans, de bac + 3 à bac + 5 selon les spécialités) sont autant d’étapes à franchir. Schématiquement, un officier marinier qui comptabilise vingt-trois ans de carrière connaîtra quatorze années d’embarquement et occupera alternativement des postes à terre et à bord d’unités opérationnelles en qualité d’opérateur puis de technicien et enfin d’instructeur en école. En 2018, 65 % des officiers mariniers supérieurs ont débuté leur carrière dans la marine comme simple membre d’équipage.

Des motivations à l’engagement diverses

9En premier lieu, l’enquête menée sur les motivations à l’engagement des jeunes recrues met en lumière le poids de l’entourage comme vecteur d’aspiration. Avec un environnement familial très proche de l’institution – plus de la moitié ont un membre de leur famille (nucléaire principalement) qui est ou a été militaire [14], exerçant principalement dans la marine et l’armée de terre – le phénomène d’endorecrutement reste très présent et joue un rôle décisif pour faire naître les vocations. Le marin et l’ancien marin restent les premiers ambassadeurs de l’institution et les jeunes recrues sont nombreuses à citer l’influence de l’entourage comme principal facteur déclencheur de leur engagement.

10Loin de l’idée d’une jeunesse individualiste, réfractaire à l’autorité et versatile, les premières motivations à l’engagement évoquées par les jeunes engagés sont la recherche de discipline, de rigueur militaire, et le fait de trouver au sein des équipages une « nouvelle famille ». Ces résultats coïncident avec les enquêtes nationales menées sur le sujet. Selon l’enquête sur les valeurs des Français, en 2008, 74 % des jeunes de 18 à 29 ans estiment que « ce serait une bonne chose que l’on respecte davantage l’autorité », soit une augmentation de 36 points en trente ans (Roudet, 2014). Cette baisse de l’« antiautoritarisme » chez les jeunes va de pair avec l’augmentation de la confiance dans les armées (72 % en 2008, + 37 points en trente ans) [15]. Si certains motifs d’engagement font l’unanimité comme l’esprit de cohésion et le sentiment d’utilité, on constate tout de même quelques différences en fonction de la catégorie statutaire et du type de contrat obtenu, principalement parmi le personnel officier. Globalement, les élèves officiers sont nombreux à insister sur la possibilité de vivre leurs valeurs, le sens du service ou d’avoir des responsabilités et de commander. Ils sont également nombreux à faire mention, dans leurs commentaires, du « dépassement de soi » (qui consiste donc à repousser leurs limites) induit par un métier passionnant mais exigeant. Les motivations à l’engagement sont cependant quelque peu différentes entre les élèves officiers de carrière et les élèves officiers sous contrat. Alors que l’engagement des premiers est plutôt le fruit d’un intérêt fort pour l’institution de la marine ou d’une continuité dans l’histoire familiale, l’engagement des seconds résulte davantage de l’opportunité d’acquérir une première expérience professionnelle après des études supérieures. L’entrée dans la marine apparaît ainsi pour beaucoup d’entre eux comme une phase transitoire où ils pourront acquérir un certain savoir-faire et savoir-être en occupant dès leur sortie d’études des postes à responsabilités, qu’ils pourront valoriser par la suite dans le monde civil. Toutefois, on constate que si la dimension temporaire de leur passage est assumée ou acceptée lors de leur engagement initial (après deux ou trois années), beaucoup souhaitent tout de même s’inscrire plus durablement dans l’institution et renouvellent leurs contrats. Leur « vocation » et leur identité de marin militaire se forgent au cours des affectations et des différentes expériences qu’ils vivent, créant ainsi un certain attachement à l’institution. Pour finir, si les officiers adoptent une posture plutôt centrée sur un certain savoir-être, que véhicule l’image prestigieuse de l’officier d’une marine riche de son histoire, le personnel non officier mentionne quant à lui des motivations plus pratiques, basées sur le travail et l’adoption d’un nouveau mode de vie, empli d’aventures. Il cite par exemple la possibilité de faire un travail « hors du commun », l’esprit d’équipage ou la découverte de pays grâce aux escales.

11Néanmoins, si tous insistent volontiers sur le registre des valeurs et de la vocation, celui-ci ne doit pas masquer le contexte dans lequel s’inscrit leur engagement et qui met en lumière un processus plus complexe. Comme l’explique Mathias Thura, « au moment de leur engagement, ce sont les motifs qu’ils estiment être légitimes aux yeux de l’institution qu’ils invoquent le plus » (HCECM, 2017, p. 44). Ainsi, tous ces jeunes ne s’engagent pas pour les mêmes raisons et près d’un tiers des jeunes non officiers, qui pourraient s’apparenter à des « réfugiés » (Léger, 2003, p. 713-734), car rencontrant souvent des difficultés d’apprentissage, perçoivent leur engagement comme un moyen de sortir du système scolaire et d’acquérir une première expérience professionnelle. Avant d’intégrer l’institution, 47 % des jeunes recrutés étaient étudiants, faisant de leur engagement une continuité dans leur parcours scolaire et professionnel, 27 % occupaient un emploi et 19 % étaient en recherche d’emploi [16]. L’engagement dans la marine apparaît pour ces derniers comme un vecteur d’intégration sociale et professionnelle.

Une politique de recrutement éprouvée

12La direction du personnel militaire de la marine (DPMM) doit, à l’aide d’un modèle des ressources humaines à flux permanents, réussir le passage « d’une marine d’effectifs à une marine de compétences ». Cette mue réduit le vivier en bas de la pyramide tout en accroissant les compétences demandées aux marins. En somme, la marine a besoin de moins de membres d’équipage peu formés et de davantage d’officiers mariniers techniciens. Si le moteur principal reste la mobilité fonctionnelle, avec une obligation de progression individuelle, il s’opère également par une plus grande sélectivité dès le recrutement, comme l’atteste l’augmentation continue du niveau de diplôme des jeunes engagés, et par le développement de partenariats avec l’Éducation nationale pour disposer d’un vivier de techniciens, formés avant même leur engagement dans l’institution.

13Cette collaboration étroite avec le ministère de l’éducation nationale prend forme à travers des partenariats non engageants et engageants avec des lycées, souvent d’enseignement professionnel. Si les premiers permettent aux classes concernées de découvrir la marine à travers la visite d’un bâtiment, les partenariats engageants vont plus loin en proposant aux élèves de réaliser leurs stages professionnels au sein de l’institution. En 2018, 57 établissements scolaires, situés sur tout le territoire métropolitain et outre-mer, et 13 BTS [17] étaient ainsi partenaires de la Marine nationale. Outre le fait d’assurer une meilleure visibilité de l’institution et de participer à la formation de la jeunesse, ces collaborations constituent de fait un vivier de recrutement important, avec des jeunes déjà fortement acculturés à l’environnement militaire et marin et spécialistes dans des domaines précis dont l’institution a besoin. Chaque année, près de 41% des élèves ayant passé un baccalauréat professionnel en partenariat avec la marine s’engagent dans l’institution à l’issue de leur cursus. Ces partenariats ne concernent pas seulement les lycées mais également, dans une moindre mesure tout de même, l’enseignement supérieur. Pour l’heure, il existe sept conventions de double diplôme entre l’École navale et plusieurs écoles du supérieur [18], qui forment essentiellement des futurs ingénieurs.

14Comme nous l’avons dit précédemment, la marine doit disposer d’équipages jeunes mais expérimentés, polyvalents et de haute technicité. Cela l’a conduit à développer une diversité de statuts et d’emplois qui sont autant de cursus professionnels à gérer sous forme de « microfilières [19] » dans une organisation où, et à de rares exceptions près [20], l’entrée ne se fait qu’en bas de l’échelle d’une des trois catégories professionnelles (officiers, sous-officiers, membres d’équipage). Le service de recrutement de la marine a la charge d’alimenter en continu ces flux qui seront ensuite dirigés vers les écoles de formation initiale [21]. Il bénéficie d’un maillage territorial fin grâce aux 47 centres d’information et de recrutement des forces armées répartis sur tout le territoire métropolitain et en outre-mer, ce qui contrebalance la faible implantation géographique de la marine en France (ses grandes implantations métropolitaines sont Toulon et Brest et dans une moindre mesure Cherbourg, Lorient et Paris où siège l’état-major central), contrairement aux régiments de l’armée de terre (près de 80 en comptant les bataillons) et aux bases aériennes (30). Pour s’adapter aux nouveaux outils utilisés par la jeunesse, le site internet Etremarin.fr évolue régulièrement et propose des contenus interactifs avec des immersions à 360 degrés dans les quatre grandes composantes de la marine – bâtiments de surface, sous-marins, aéronefs et fusiliers commandos – et de courtes vidéos plongeant les candidats dans la réalité des métiers proposés.

Le rôle social de l’institution

15Considéré au xixe siècle comme « l’éducateur de la nation entière » par le maréchal Lyautey (1891), l’institution militaire entend par ailleurs, encore aujourd’hui, poursuivre son rôle d’intégration sociale et professionnelle auprès de certains publics en difficulté. Si la fin de la conscription a quelque peu fragilisé le lien « armées-nation », rendant plus complexes la détection et la captation de ces jeunes plus vulnérables, la Marine nationale a développé de nombreux partenariats avec des acteurs civils pour poursuivre ce travail social. Elle est notamment un membre actif du Cercle jeunes destination entreprises et de la Fondation d’Auteuil qui visent à accompagner dans l’emploi les jeunes des missions locales. Outre l’octroi d’une deuxième chance, ces collaborations, qui prennent place plus largement dans le plan Égalité des chances du ministère des armées [22], visent à consolider une diversité encore fragile au sein du personnel marin. À l’image de la société [23], la marine reste une institution moins diversifiée à mesure que l’on monte dans la hiérarchie.

16Dans son travail d’accompagnement de la jeunesse, la Marine nationale peut s’appuyer sur un lieu historique de formation, à haute visibilité politique, qui permet à des jeunes de s’engager dès 16 ans après la classe de troisième, grâce à un dispositif unique dans les armées [24] : l’École des mousses (pour une analyse historique détaillée de cette école, voir Lathuile, 1996). Officiellement créée par Napoléon III en 1856, elle se situe aujourd’hui au Centre d’instruction naval de Brest. Elle s’adresse à des jeunes de 16 à 18 ans avec pour seuls critères, outre la détention d’un niveau scolaire minimal de troisième, la motivation et le caractère des candidats, éléments jugés indispensables à leur intégration dans la communauté marine et à l’apprentissage des valeurs de l’institution. En 2017, plus de 200 mousses ont ainsi intégré la marine. Alors qu’ils représentaient une pépinière de matelots sous l’Ancien Régime, ces effectifs ne constituent plus aujourd’hui un vivier à proprement parler, en comparaison des plus de 1 500 matelots et quartiers-maîtres de la flotte que la marine recrute et forme chaque année, mais ils participent à la formation d’un corps de marins à l’identité forte. Comme le disait l’amiral Bernard Louzeau (chef d’état-major de la marine entre 1987 et 1990), « un ancien mousse se reconnaît longtemps après sa sortie de l’école à son sens du devoir, son esprit de discipline, sa conscience professionnelle, son adaptation à la mer ». Après une fermeture de près de vingt ans, l’école a rouvert ses portes en 2009 dans le cadre du plan Égalité des chances, intégré dans le plan de cohésion sociale, dit « plan Borloo », du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Cette réouverture s’est inscrite dans une volonté politique de redonner aux jeunes des repères « dans un cadre qui reconnaît leurs talents [25] ». D’une durée de dix mois, la formation vise à la fois à les acculturer à toutes les facettes du métier de marin et de militaire [26], à consolider leurs acquis scolaires par des formations générales et professionnelles, mais aussi à les orienter progressivement vers leurs futurs emplois. À l’issue de leur formation, un contrat de quatre ans dans la marine leur est proposé pour devenir des quartiers-maîtres de la flotte et envisager, à terme, une carrière de marin.

Des jeunesses à tous les postes

17Toutes proportions gardées, l’organisation du travail à bord d’une frégate de 74 canons au xviiie siècle ou d’un porte-avions aujourd’hui n’a pas fondamentalement changé. Elle reste structurée autour des trois principaux corps hiérarchiques que sont les officiers au sommet de la hiérarchie, les matelots en bas de l’échelle et les officiers mariniers entre les deux, ces derniers étant des marins expérimentés qui sont chargés de l’encadrement et de la formation des plus jeunes sur le terrain. Aujourd’hui comme hier, chaque marin compte et participe à toutes sortes de tâches. Les officiers, environ 10 % des effectifs, occupent les places de chefs des différents services (lutte anti-sous-marin, systèmes d’information et de télécommunications, etc.), les officiers mariniers (qui représentent les deux tiers de l’équipage) celles de chefs de secteurs (vivres, réseau, etc.) et les quartiers-maîtres et matelots celles d’opérateurs (consoles de détection, radios, etc.). Ces derniers cumulent généralement plusieurs fonctions : ils peuvent être opérateurs radar pour leur quart, pompiers l’après-midi en cas d’avarie et tireurs 12,7 mm au poste de combat. Cette différenciation s’opère également du point de vue des conditions de vie : les officiers sont logés seuls ou à deux et prennent leurs repas entre eux, parfois servis à table par un maître d’hôtel. Les officiers mariniers et les matelots se restaurent à la « cafétéria » et logent souvent par postes (cabines) de quatre, six, voire beaucoup plus, selon le type d’unité (jusqu’à vingt-quatre à bord des bâtiments « patrouilleurs de haute mer » admis au service dans le milieu des années 1980). Les trois catégories disposent également de leurs « carrés » respectifs, lieux de détente et de convivialité, où ils peuvent se retrouver. Ceux-ci sont cloisonnés – un officier ne peut pas accéder au « carré » des officiers mariniers sans autorisation et inversement – et leur permettent de « relâcher la pression » entre eux après une journée sous les ordres et le regard de chacun. Les marins y sont très attachés et font de ces endroits de véritables « refuges » dans un environnement où un certain enfermement social [27] propre à la vie embarquée accentue les tensions, a fortiori quand ils sont amenés à naviguer loin et longtemps (Dufoulon, 1998).

18On le voit, dans l’institution de la marine, les différences restent marquées entre catégories hiérarchiques. Les écarts et les frontières sont pris en compte et mis en scène par l’institution de façon explicite. Les rapports hiérarchiques sont encadrés et légitimés par les règles de commandement et de bienséance militaires : le grade conditionne ainsi la tonalité des interactions et les prérogatives des uns et des autres dans l’univers militaire (Coton, 2008, p. 17). Cependant, le recrutement particulièrement juvénile et, de fait, l’entrée précoce dans la carrière militaire contribuent également à bouleverser les rapports sociaux d’âge qui restent présents sous l’uniforme. Un jeune second maître peut être amené à diriger un jeune matelot du même âge, tout comme un jeune officier de 21 ans, sortant tout juste de l’École navale, aura non seulement sous ses ordres un jeune second maître de la même génération mais devra aussi commander un officier marinier ayant vingt ans de service. Cette proximité et/ou différence d’âge dans la structure hiérarchique implique de fait un travail de légitimité de l’autorité puisque la hiérarchie militaire transforme les rapports sociaux d’âge et les rôles ou statuts des individus liés à l’âge ou à l’appartenance générationnelle dans les autres sphères sociales qu’ils fréquentent également (amicales, familiales, etc.) [Galland, 2017]. Dans le cas de la Marine nationale, le rapport hiérarchique qui doit se construire entre les différents corps est ainsi rendu complexe par une appartenance à une même classe d’âge, mais il est facilité par la distance de classe et les formes d’assurance ou de légitimité que l’appartenance sociale et les différents types de socialisations primaires peuvent offrir aux membres de l’institution placés en situation de commandement juvénile. C’est particulièrement vrai pour les jeunes officiers de carrière, fils et filles de cadres, mais aussi souvent issus de lignées militaires, avec des pères également officiers, qui ont intégré dès le plus jeune âge un habitus propre à leur statut, ce qui leur octroie une certaine forme de légitimité, en particulier auprès des plus jeunes officiers mariniers et matelots.

Conclusion

19Si l’institution de la marine travaille perpétuellement au développement d’une culture et d’une identité commune (l’esprit d’équipage), les premiers pas dans l’institution restent distincts et clairement séparés dans les différentes écoles de formation initiale où chacun incorpore les frontières entre les corps hiérarchiques. Ces frontières sont ensuite poussées à leur paroxysme au sein des bâtiments où elles sont clairement matérialisées avec la mise en place des « carrés ». Alors que l’institution dispose de candidats « naturels », sensibilisés au métier par une proximité familiale avec le milieu marin, elle travaille de manière continue au développement de nouvelles filières de recrutement pour attirer un public moins accessible et au profil scolaire et social toujours plus diversifié. Si les grandes écoles et les filières d’élite restent en lisière de ces dispositifs – le noyau dur des officiers de marine demeure pour une large part issu de filières de recrutement « traditionnelles » (lycées militaires, classes préparatoires aux grandes écoles) –, l’enseignement supérieur court, avec les filières de BTS formant à des métiers techniques (électrotechnique ou mécanique par exemple), sont une cible de choix, en raison notamment de la part majoritaire des postes d’officiers mariniers (sous-officiers) dans les effectifs de la marine. Les partenariats avec l’Éducation nationale permettent à la marine de disposer d’une main-d’œuvre jeune et déjà diplômée qu’il faudra former militairement. Les données statistiques issues des systèmes d’information des ressources humaines, couplées aux enquêtes sociologiques menées en interne [28], permettent d’apporter des éclairages sur le profil des jeunes engagés : il existe dans la marine une forte hétérogénéité des profils, aussi bien sur le plan scolaire que sur celui de l’origine sociale. Les jeunes officiers, diplômés du supérieur et enfants de cadres, ne sont pas issus du même milieu social que les jeunes officiers mariniers, bacheliers et enfants d’employés, qui eux-mêmes viennent d’horizons sociaux différents de ceux des matelots titulaires d’un CAP ou d’un BEP. Les hiérarchies sociales et scolaires se reproduisent alors au sein de la hiérarchie militaire. Cette présence de jeunes à tous les niveaux est la preuve qu’il n’existe pas une jeunesse militaire mais bien des jeunesses, qui coexistent et évoluent ensemble dans des environnements à la fois clos physiquement (bâtiments, enceintes militaires) et cloisonnés (appartenance à des catégories hiérarchiques distinctes qui ne se mélangent pas).

Notes

  • [1]
    Découpage d’une journée en tranches de quatre ou six heures.
  • [2]
    Amiral Prazuck C., « Le rassemblement du plus grand nombre de compétences dans le plus petit volume », Acteurs publics [en ligne], 21 décembre 2017.
  • [3]
    Source : Marine nationale, direction du personnel militaire de la marine (DPMM).
  • [4]
    7 marins sur 10 sont en couple, 14 % des conjoints sont au chômage (ce taux monte à 30 % la première année de mutation avec changement de résidence).
  • [5]
    La durée moyenne du premier mariage est de huit ans chez les marins alors qu’elle est de treize ans pour la population française.
  • [6]
    Sur un effectif total de près de 38 000 marins militaires et un peu moins de 3 000 personnels civils (source : Direction du personnel militaire de la marine, 2018).
  • [7]
    Une cinquantaine de spécialités regroupées dans huit grands domaines d’emploi : l’armement, la navigation et la conduite nautique, les opérations navales, la mécanique et la maintenance navale, l’aéronautique, la protection et la sécurité, les réseaux et les télécommunications et le soutien de l’homme.
  • [8]
    Sous-ensembles des différents métiers, les spécialités des marins font référence à des compétences techniques précises (entraîneur sportif, gérant de collectivité, gestionnaire des ressources humaines, infirmier, informaticien spécifique branche sous-marin, marin-pompier, électricien, combattant au-dessus de la surface, guetteur sémaphorique, transmetteur…).
  • [9]
    Citons entre autres les frégates de défense aérienne de classe « Horizon », les frégates multimissions de classe « Aquitaine », le programme d’hélicoptères NH90 « Caïman » ou encore le programme « Barracuda » en remplacement des sous-marins nucléaire d’attaque de type « Rubis ».
  • [10]
    À titre d’exemple, les rondiers qui inspectaient régulièrement les niveaux d’huile des moteurs ont été remplacés par des puces électroniques de maintenance prédictive.
  • [11]
    Pour intégrer l’École navale et devenir ainsi officier de carrière, les jeunes candidats doivent passer le concours écrit Centrale Supélec, qu’ils préparent généralement en amont dans les classes préparatoires scientifiques aux grandes écoles. Les candidats admissibles passent ensuite un oral (spécifique à l’École navale) et des épreuves sportives. Les étudiants de l’École polytechnique ou les étudiants ayant validé deux années dans les écoles d’ingénieurs partenaires de la Marine nationale peuvent intégrer l’École navale en cours de cursus. Les officiers sous contrat sont quant à eux recrutés sur des postes spécifiques, en fonction de leur niveau de diplôme (souvent bac + 5) et de leur spécialité.
  • [12]
    L’École de maistrance, située à Brest, assure la formation initiale des officiers mariniers ayant vocation à faire les carrières les plus longues. Les élèves qui sortent de cette école, les « maistranciers », intègrent le corps des officiers-mariniers. A contrario, les élèves « non maistranciers », qui passent par les autres écoles de la marine, intègrent le corps des équipages, qui est le plus bas dans la chaîne hiérarchique.
  • [13]
    Les équipages sont constitués des matelots et des quartiers-maîtres de la flotte. Ils assurent des fonctions d’opérateurs avec des contrats de quatre ans renouvelables.
  • [14]
    Hors service national.
  • [15]
    En 2017, 79 % des jeunes de 15 à 29 ans ont une bonne image de la Défense et 40 % seraient prêts à s’engager dans les armées (DICoD, 2017).
  • [16]
    Les 27 % restants concernent les jeunes en stage ou dans une autre situation. Ces tendances sont stables depuis plusieurs années.
  • [17]
    Les BTS partenaires de la marine forment des futurs techniciens supérieurs dans les domaines tels que la mécatronique, l’électrotechnique, les systèmes numériques ou encore la conception de système automatique.
  • [18]
    ENSAM, Centrale Supélec, IMT Atlantique, ENSTA Bretagne, ENSTA ParisTech, École centrale de Nantes et ISAE Supaéro.
  • [19]
    75 % des métiers sont « armés » (occupés) par seulement 1 % des effectifs.
  • [20]
    Seul le statut d’officier commissionné autorise un recrutement sur un grade particulier. Celui-ci n’est pas soumis aux mêmes règles d’avancement : « Les militaires commissionnés sont recrutés par contrat, en qualité d’officier ou d’officier marinier, pour satisfaire des besoins immédiats des armées ou des formations rattachées, aux fins d’occuper des emplois de spécialistes à caractère scientifique, technique ou pédagogique qui ne sont pas pourvus par les autres modes de recrutement et de formation ou qui font l’objet d’une vacance temporaire » (Décret no 2018-959 du 12 septembre 2008 relatif aux militaires commissionnés).
  • [21]
    Que ce soit à l’École navale, au centre d’instruction naval de Brest, au Pôle Écoles Méditerranée, à l’École des fusiliers marins, à l’École des fourriers ou encore à l’École du personnel de pont d’envol. Les marins se forment ensuite tout au long de leur carrière dans les centres de formation (École de navigation sous-marine, École de guerre des mines, École des applications militaires de l’énergie atomique, École de spécialisation sur hélicoptères embarqués, Centre interarmées de soutien météo-océanographique des forces, Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique, École de plongée, etc.).
  • [22]
    Expérimenté dès 2007 et officiellement lancé en 2009, ce plan favorise l’insertion sociale et professionnelle des jeunes de 12 à 25 ans, via un certain nombre de dispositifs (lycées militaires, tutorat, Cadets de la Défense, formations qualifiantes, etc.), et vise à promouvoir les valeurs civiques et de solidarités portées par les armées. Le plan Égalité des chances inscrit son action en cohérence avec les politiques publiques en faveur de la ville et porte un effort particulier au profit des jeunes issus des milieux défavorisés ou des quartiers prioritaires. Depuis dix ans, 30 000 jeunes bénéficient chaque année de ces dispositifs.
  • [23]
    On peut prendre pour exemple le cas des grandes écoles, Sciences Po et l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), qui ont développé dans les années 2000 des programmes d’ouverture sociale, à destination des jeunes de milieux populaires et d’origine immigrée, pour faire face aux critiques relatives à leur recrutement jugé élitiste.
  • [24]
    Avec son école d’enseignement technique, l’armée de l’air occupe un périmètre un peu différent. Cette école s’adresse aux jeunes de 16 à 18 ans sortant de seconde et a pour objectif de leur faire acquérir, en deux ans, un baccalauréat professionnel aéronautique.
  • [25]
    Discours d’Hervé Morin lors de l’inauguration de l’École des mousses le 10 octobre 2009.
  • [26]
    À travers notamment des embarquements sur bâtiments de combat ou sur voiliers, des stages de cohésion et d’aguerrissement.
  • [27]
    C’est peu dire que la marine, à travers ses unités déployées, parfois plusieurs mois, sur ou sous la surface et dans des espaces confinés, est une institution « totale » (Goffman, 1968).
  • [28]
    Comme les enquêtes « La marine en questions » (consultation triennale anonyme et dématérialisée adressée à un échantillon représentatif de plusieurs milliers de marins militaires), « Motifs de départs volontaires » (concernent tous les marins quittant l’institution avant la limite d’âge ou de durée des services), « Accompagner le marin et sa famille » (état des lieux de la connaissance et de l’utilisation des dispositifs de soutien social dont les résultats ont été autant de lignes directrices pour rédiger la politique sociale de la marine), etc.
Français

Avec un âge moyen des recrues de 33 ans, la Marine nationale représente, par sa taille et ses spécificités propres, un objet de recherche sociologique pertinent pour questionner le thème de la jeunesse dans les armées. Elle est constituée de jeunesses aux profils sociaux et scolaires diversifiés, qui coexistent et évoluent dans des environnements à la fois clos et cloisonnés. Grâce à des données et des enquêtes produites en interne, cet article présente la diversité des profils et des motivations des jeunes femmes et hommes qui s’engagent dans cette institution. Les auteur·e·s étudient comment la marine fait évoluer sa politique de recrutement et développe ses partenariats avec le monde civil, pour maintenir sa visibilité et continuer à attirer chaque année 3 500 jeunes dans ses écoles de formation.

Bibliographie

  • Coton C., 2017, Officiers. Des classes en lutte sous l’uniforme, Marseille, Agone.
  • En ligneCoton C., 2008, « Luttes de prestige entre pairs. Le cas des officiers de l’armée de terre », Sociétés contemporaines, no 72, p. 15-35.
  • Délégation à l’information et à la communication de la Défense (DICoD), 2017, « La Défense dans l’opinion des Français 2017 », DICoD-Ministère des armées.
  • Dufoulon S., 1998, Les gars de la marine. Ethnographie d’un navire de guerre, Paris, Métailié.
  • En ligneGalland O., 2017, Sociologie de la jeunesse, 6e édition, Paris, Armand Colin.
  • Goffman E., 1968, Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux, Paris, Minuit.
  • Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), 2017, La fonction militaire dans la société française, 11e rapport du HCECM, 196 p.
  • Jakubowski S., 2007, La professionnalisation de l’armée française. Conséquences sur l’autorité, Paris, L’Harmattan.
  • Lathuile M.-F., 1996, La formation des marins en France : une histoire de mousses (1829-1941), Thèse de doctorat en histoire, université Paris 4.
  • En ligneLéger J.-F., 2003, « Pourquoi des jeunes s’engagent-ils aujourd’hui dans les armées ? », Revue française de sociologie, p. 713-734.
  • Lyautey H., 1891, « Le rôle social de l’officier », Revue des deux mondes.
  • Roudet B., 2014, « Renouvellement générationnel, individualisation et lien social », in Galland O. et al. (dir.), Une jeunesse différente ? Les valeurs des jeunes français depuis 30 ans, La Documentation française, p. 43-64.
  • Weber C. (dir.), 2015, Les femmes militaires, Rennes, Presses universitaires de Rennes.
Julie Verger
Enseigne de vaisseau, officier sous contrat (filière état-major), chargée d’études au bureau de la condition du personnel de la marine, ministère des armées, Paris, titulaire d’un master de sociologie spécialisé dans la recherche et les métiers du diagnostic sociologique de l’université de Nantes.
Benoît Delacour
Lieutenant de vaisseau, officier sous contrat (filière état-major), chargé d’études au bureau de la condition du personnel de la marine, ministère des armées, Paris, titulaire d’un master professionnel mention sociologie spécialité traitement des données quantitatives et démographie de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
A notamment publié
Bodhuin O., Delacour B., Jakubowski S., 2017, « Les conséquences des contraintes professionnelles sur l’engagement dans la Marine nationale », Revue Défense nationale, no 803, p. 37-42.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 13/06/2019
https://doi.org/10.3917/agora.082.0073
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po © Presses de Sciences Po. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...