Article
Cet article est issu d’une recherche sur les trajectoires migratoires des homosexuels africains vers la France, soutenue par l’ANRS et Sidaction de 2008 à 2012.
LA QUESTION DE LA MIGRATION des personnes aux pratiques homosexuelles n’est pas une thématique nouvelle en sciences sociales, même si elle n’a pas beaucoup été appliquée au contexte africain. Depuis plusieurs décennies, des analyses venues des États-Unis (Manalansan, 2002), d’Israël (Kuntzman, 2003), d’Allemagne (Petzen, 2004) ou encore d’Angleterre (Keogh et al., 2004) ont commencé à documenter ce phénomène. Nous souhaitons nous concentrer ici sur l’analyse des expériences africaines de migration fondées sur le désir de vivre librement une orientation homosexuelle, dans le contexte camerounais, où la répression de l’homosexualité se fait de plus en plus forte. Il s’agit de reconstituer la trajectoire de quelques individus du Cameroun vers la France.
Le choix de la France se justifie par deux principales raisons. L’une est liée à la proximité historique entre le Cameroun et ce pays qui fut l’une de ses deux tutelles coloniales au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne qui l’occupait ayant perdu son contrôle. Une grande partie du Cameroun appartient à l’espace francophone, tandis que 10 % du territoire relève de la zone d’influence anglo-saxonne. La deuxième raison est un corollaire politique de cette contingence historique. Dans la configuration postcoloniale, le Cameroun continue d’entretenir des liens étroits et ambivalents avec la France aux plans politique, économique et culturel, qui contribuent à modifier ou du moins à influencer les représentations notamment sexuelles…
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Fred Eboko est docteur (HDR) en science politique à l’Institut de Recherche pour le développement (IRD). Il coordonne actuellement le programme de recherche Governance and AIDs in Africa (Senegal, Burkina Faso, Benin, Niger, Cote d’Ivoire, Cameroon). Formé en science politique, en sociologie et en anthropologie, il travaille depuis plus de quinze ans sur les politiques publiques de santé (sida) en Afrique et a écrit de nombreux articles, notamment dans Éthnologie française (2011, v41), Télescope (2009, v15), Cahiers d’études africaines (2005, v45), International Social Science Journal (2005, n186), The Lancet (2009, v373) et AIDS (2010, Suppl1). Il a coédité Les Suds face au sida. Quand la société civile se mobilise, (IRD Editions, 2011, 400 p.), L’accès décentralisé au traitements du VIH/ sida. Évaluation de l’expérience camerounaise (ANRS, 2010, 324 p.) et La Fabrique des identités sexuelles pour la revue Autrepart (IRD Éditions – Presses de Science Po, 2009). Il est l’auteur de Pouvoirs, jeunesses et sida au Cameroun à paraître chez Karthala.
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Patrick Awondo est chercheur associé au Center for Key Populations de la John Hopkins School of Public Health and Human Rights. Il a soutenu en avril 2012 une thèse de doctorat à l’EHESS pour laquelle il a suivi le parcours de réfugiés sexuels du Cameroun vers Paris. Il a publié plusieurs articles autour de ce thème : « The Politicization of Sexuality and the Rise of Homosexual Movement in Postcolonial Cameroun » dans Review of African Political Economy (2010) ; « Médias, Politique et Homosexualité au Cameroun » dans Politique africaine (2012) et « On the Narratives of African Sexual Migrants in Paris » à paraître dans Africa (2013).
Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2014
- https://doi.org/10.3917/afcul.096.0188
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