Le phénomène de la violence est l’apanage de toute société. Sa progression et son évolution nous obligent à l’interroger et à la comprendre au-delà de sa simple étymologie qui, du latin violentia, renvoie à un caractère emporté et impétueux, une force brutale. Si elle peut se décliner différemment – comme la violence sociale, discursive, agie, subie, ou subjective –, nous chercherons dans cet article à n’en forger qu’un seul concept en situant la violence à l’intersection de deux champs connexes – l’individuel et le collectif –, et en indiquant sa dimension de réponse. La violence est à l’interstice de ces deux dimensions, où réside aussi toute la problématique de l’adolescence qui nous montre bien cette intersection. Effacer cette dernière ou supposer que la violence ne relève que d’un seul axe – sujet ou social – conduit à une réponse encore plus violente de l’autre axe.
Pour mener à bien notre raisonnement, nous emprunterons une méthode à la fois historique pour le côté social, et clinique du côté du sujet. Nous revisiterons l’histoire afin de montrer que si la violence existe depuis l’aube du temps, depuis la création de l’humanité, puisque « la condition humaine [...] est un état de guerre de tous contre tous » – pour reprendre T. Hobbes –, elle est de nouveau mobilisée dans la naissance de notre société démocratique et républicaine, en se réinscrivant dans le registre symbolique et en se réactivant ensuite comme la meilleure réponse, voire arme, pour la détruire. Autrement dit, notre société s’est inscrite dans le symbolique par la violence qui, elle-même, est devenue « propriété » du registre symbolique en intervenant dans l’avènement de notre société…