Chapitre
En apparence, le congé de maternité, institué en 1909, n’est qu’un épisode discret dans l’histoire des réformes sociales. Mais dès qu’on s’applique à en décrypter les soubassements, on constate que c’est un « fait social global », c’est-à-dire un événement qui affecte tous les domaines de la vie privée, et tous ceux de la vie publique. Il est doublement transgressif : en ce qu’il interrompt le travail d’une salariée, et en ce qu’il prétend limiter la durée du maternage. Le corps maternel est bel et bien devenu un objet politique.
Rappelons que, durant la première révolution industrielle (des années 1750 aux années 1850), les activités humaines ont été réparties en deux catégories : les tâches de production, créatrices de richesses, et les tâches de reproduction vouées à la progéniture. Les tâches de production ont été alors définies et organisées (horaires, salaires, types d’activité, hiérarchies). Les tâches de reproduction ne pouvaient pas être rigoureusement organisées : elles ont été rejetées « hors travail », et abandonnées aux femmes, sans aucune rémunération. L’homme marié devait, en principe, « nourrir » sa femme et ses enfants.
En réalité, les femmes n’avaient jamais été exclues du travail industriel : main-d’œuvre docile, capable, peu coûteuse (puisque le salaire féminin était, par tradition, limité à la moitié du salaire masculin), elles étaient embauchées surtout dans les fabriques de produits textiles ou de produits alimentaires, sous l’autorité de contremaîtres…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/09/2021
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