Vous avez choisi de consacrer votre carrière à l’adolescence. Pourquoi vous êtes-vous spécifiquement intéressée à cette tranche d’âge ?
La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent m’est apparue comme une évidence. Je me suis d’abord intéressée aux bébés, avec mon maître le psychanalyste Serge Lebovici, à une époque où tout restait à comprendre. La psychologie de l’enfant et de l’adolescent reste d’ailleurs encore minée par des préjugés. On croit encore parfois, par exemple, que les enfants n’ont pas de représentations de la mort, ce qui est absolument faux. Les petits sont touchés directement, aussi bien que les adultes, par les épreuves de la vie. Et ils sont touchés doublement, car ils ont besoin d’être protégés pour grandir harmonieusement. Or les adultes s’en occupent moins lorsqu’ils sont eux-mêmes frappés par une épreuve. Aujourd’hui encore, dans la plupart des pays du monde, il est plus difficile de monter un programme d’aide psychologique pour les enfants que pour les adultes, quand bien même les campagnes humanitaires utilisent massivement des photos d’enfants. Enfin, s’occuper des enfants et adolescents consiste bien sûr à les soigner, mais aussi à faire de la prévention pour les adultes de demain. J’étais très sensible à cet aspect dynamique. Faire de la psychiatrie de l’adolescent, c’est à la fois réparer des vivants et préparer des adultes heureux, prêts à agir pour un monde meilleur.Qu’est-ce que l’adolescence ? Se définit-elle par l’âge, par des événements physiologiques ou psychiques …