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Dans la panoplie des processus constitutifs de la modernité, la différenciation occupe une place de choix aux yeux de la plupart des sociologues classiques. Que l'on interroge à cette aune les œuvres d'E. Durkheim, de M. Weber ou encore de T. Parsons, une même thèse perce à la lecture : la division – que ce soit celle du travail, des fonctions, des institutions, de l'espace... – est un fait structurant du monde social. Avec le mouvement d'industrialisation qui informe les économies européennes du xixe siècle, l'invention de la partition travail/hors-travail ne confirme-t-elle pas à l'évidence pareille hypothèse ? La segmentation qui dérive de cette loi de la division sociale prend en pratique des formes extrêmement variées. Dans l'agriculture, par exemple, l'opposition travail/hors-travail ne fait guère de sens dans la mesure où la conscience des tâches et du temps n'est pas encore soumise aux impératifs de la rationalisation industrielle. Dans les grandes entreprises, à l'inverse, les travailleurs « accèdent à la conscience de leur temps de travail, de sa densité, de son découpage. La frontière travail/non-travail devient une coupure nette entre deux mondes et vécue comme telle, d'autant qu'elle est séparation de lieu, entre lieu de travail et lieu d'habitat » [Salais, Baverez, Reynaud, 1986, p. 92]. Le droit du travail a été historiquement un levier majeur qui a permis d'objectiver ces frontières nouvelles. Une partie de la réglementation qui prend corps en France à compter d…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2016
- https://doi.org/10.3917/dec.berr.2009.01.0037
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