Chapitre
Si l’on admet l’importance des négociations valorielles (Kuty, 1998) dans le jeu de la vie sociale, alors il faut admettre que, pour la raison même qu’il y a négociation autour des valeurs au principe de l’action, les individus agissants ne sont jamais intégralement dans les interactions sociales auxquelles ils participent. Comment pourtant rendre compte de cette non-intégralité des individus dans les actions qu’ils engagent ? Pour répondre à cette question, il me semble judicieux de partir des décalages qui s’insinuent dans les situations sociales, de les prendre comme un pré-texte, au sens littéral du terme, pour comprendre quelle est la part du biais dans la production du lien social et des rapports sociaux. Le palier d’analyse de cette tentative ne se situe pas à celui de la réalité objective des situations, ni à celui de la réalité subjective des individus, mais à celui de la logique sociologique, à celui de son modus operandi. En d’autres termes, mon propos cherche à rendre compte des manières dont la sociologie peut saisir le fait que les individus ne sont pas pleinement dans les interactions qu’ils engagent au moment même où ils s’y engagent.
Tentons de clarifier tout d’abord les enjeux du problème ici soulevé. Pour ce faire, il me semble falloir revenir à de la mise en garde initiale de Georg Simmel sur le fait que l’Homme n’apporte dans toute situation qu’une partie de lui-même, qu’il est en même temps à l’intérieur et à l’extérieur de toute situation ou de toute relation (Simmel, 1910)…
Plan
Auteur
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[*]
Chaire de travail social et politiques sociales à l’Université de Fribourg.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/dbu.vranc.2008.01.0217
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