Chapitre
Vêtue de l'abaya noire des Saoudiennes, mais visage découvert et fortement maquillé, la saoudaa est au Maroc une figure désormais familière. Elle affiche les signes d'une réussite gagnée en Arabie saoudite, à Dubaï, Abou Dhabi. À Tunis, les « femmes-valises » organisent dans les arrière-salles des salons de coiffure la vente des cabas chargés de produits cosmétiques, de foulards ou de bijoux, qu'elles rapportent de leurs voyages réguliers à Istanbul. Les colporteurs sont devenus des personnages familiers de la vie quotidienne au Maghreb [Peraldi, 2007], du trabendo algérien ou tunisien aux « camionnistes » marocains, qui rapportent régulièrement de leurs navettes vers l'Europe les tissus et l'électroménager achetés à Barbès, Naples ou Milan. Figure urbaine plus tragique, le harraga, brûleur de frontières, à la recherche permanente d'une occasion de passage, hante aussi bien les quais des ports maghrébins que l'imaginaire frontalier de part et d'autre des deux rives. Parfois à peine adolescent, il est le symbole du désarroi d'une jeunesse surnuméraire et chômeuse, pour qui la migration est désormais davantage une « aventure », souvent très dangereuse et aléatoire, qu'un destin tracé et balisé de travailleur. Parmi ces « aventuriers » [Bredeloup, 2008] que l'Europe pourchasse à ses frontières, bon nombre désormais sont subsahariens, cherchant eux aussi un passage clandestin vers les rivages européens. Nous savons désormais que ces Subsahariens sont la partie la plus visible d'un mouvement de fond dont les sociétés maghrébines prennent non sans mal conscience [Peraldi, 2011 ; Pian, 2009]…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2016
- https://doi.org/10.3917/dec.poins.2014.01.0094
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