Depuis le début des années 1990, de nombreux travaux de recherche ont été consacrés aux conséquences de la mobilité internationale sur l’économie des pays en voie de développement. Les migrations internationales sont devenues au fil du temps un élément-clé de l’économie de nombreux pays, tant du Nord que du Sud (Petit, 2002). Aujourd’hui, les migrants sont considérés comme des acteurs dans les relations d’échanges économiques entre les pays impliqués dans cette mobilité (Boubakri, 2001) et également comme des acteurs potentiellement importants dans la lutte contre la pauvreté dans les pays de départ. Ce rôle des migrants dans le développement de leur pays d’origine se traduit notamment à travers les transferts d’argent, de biens ou de compétences qu’ils effectuent en direction de leur pays d’origine.
L’accroissement continu, depuis vingt ans, du volume des flux financiers envoyés par les émigrés place les transferts monétaires au cœur de la réflexion sur le lien entre migration et développement. En effet, la dernière décennie a vu un développement considérable des rapatriements d’argent des travailleurs migrants vers leurs pays d’origine. En 2008, ces sommes transférées étaient estimées à 308 milliards de dollars (PNUD, 2009) contre près de 30 milliards en 1990 (Banque mondiale, 2006). Ces montants sont considérés comme sous-estimés, une partie des transferts transitant par des canaux non officiels. Dans certains pays en voie de développement, ces flux de transferts constituent la seconde source de devises, juste après les investissements directs étrangers et dépassent de loin l’aide publique au développement (Ratha, 2007)…