Chapitre
Beyrouth, Le Caire, Alger, Istanbul sont présentes dans nos mémoires à un double titre. Leurs noms évoquent une histoire de très longue durée : Beyrouth, l’école de droit romaine, l’échelle du Levant, la ville de commerce ; Le Caire, ses pyramides et les civilisations de l’ancienne Égypte ; Alger, les barbaresques et le contrôle de la Méditerranée au xviie siècle ; Istanbul et l’Empire romain d’Orient, également « Byzance, Constantinople, la nouvelle Rome, la porte de l’Orient, la Maison du Califat, la Sublime Porte ». Mais depuis plusieurs décennies, ces images s’estompent pour être remplacées par celles d’un quotidien marqué par la violence, de flots de migrants et de dysfonctionnements urbains. Ces quatre métropoles du sud de la Méditerranée oscillent entre une vitalité préservée et des difficultés majeures. Pour une part, elles réfractent les tensions le long des lignes de failles qui traversent une région située depuis les origines à l’articulation de plusieurs civilisations
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Mais leurs difficultés renvoient aussi à leurs modes de gouvernement. Quelle est la contribution de ces villes à la production des richesses – ce qui suppose de s’intéresser à leurs bases économiques –, et comment s’en fait le partage ? Sont-elles gouvernées selon des principes universels de justice ou leurs institutions reflètent-elles les cassures issues de conflits dans l’ordre civil ? Que veut dire, du reste, gouverner, au sens de gouverne directe ou à celui de politiques publiques, dans des métropoles où les politiques d’État et les politiques locales sont imbriquées, où les exceptions à la règle d’urbanisme et à la règle tout court l’emportent, où l’importance des activités informelles alimente des circuits de partage des rentes et de corruption …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/09/2017
- https://doi.org/10.3917/scpo.lorra.2017.01.0257
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