Chapitre
S'il est un mot que nous sommes certains d'entendre aux prochaines informations télévisées, c'est bien « crise ». Comme s'il n'y avait de « nouvelles » que là où il y a rupture, dysfonctionnement et péril. La crise se présente à la fois comme obsession constante et référence universelle : elle n'épargne rien et explique tout. Elle est devenue notre routine.
Elle suscite une insécurité générale subjective (parfois sans rapport avec le danger réel) mais nourrit aussi un discours dans lequel nos options se limitent à des solutions obligatoires et à des mesures dont on ne comprend pas qu'elles n'aient été prises plus tôt. Surtout, la crise récurrente compromet toute velléité de planifier à long terme ou de gérer. Elle abolit aussi tout affrontement de valeurs, puisque nous sommes bien forcés de parer au pire et d'espérer au mieux atténuer la catastrophe qui attend nos descendants. Démoralisés par la crise (toute crise est une crise de confiance), nous sommes aussi gouvernés au nom de la crise (« c'est urgent et il n'y a pas d'alternative »). Comment raison garder ?
Dans son usage banal ou médiatique, qu'elle frappe un pays en guerre, un État en déclin, un système financier qui implose, une population irradiée, empoisonnée, ruinée, délogée, etc., une entreprise décriée..., qu'elle soit naturelle, industrielle, liée à la malveillance, la crise évoque à la fois :
— le danger (une population ou une organisation va subir un préjudice qui peut s'aggraver demain) ;
— le conflit (deux camps ou au moins deux interprétations de la réalité vont s'affronter et des griefs se révéleront) …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/11/2016
- https://doi.org/10.3917/puf.harbu.2012.01.0251
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