Renseignement et intelligence
1La Revue Défense nationale analyse les grandes questions de sécurité intérieure. La nouvelle livraison consacrée aux techniques de renseignement fait tristement écho à l'actualité. Regroupant les analyses de professionnels militaires et d'universitaires, le dossier présente un état des lieux des services de renseignement en France. Le pays peut se targuer de techniques de pointe parfaitement opérationnelles, par exemple dans le domaine de l'ISR air (information, surveillance, renseignement) avec les drones, les satellites et les C130 Hercules, des avions lourds qui allient l'image et l'électronique pour détecter les menaces, utilisés lors des interventions au Mali. En revanche, la cybersurveillance reste problématique. Olivier Kempf, docteur en science politique, analyse le cyberjihadisme. Depuis les attentats du World Trade Center en 2001, l'enrôlement à l'« ombre des mosquées » a cédé la place aux réseaux sociaux, plus difficilement maîtrisables. La police et les systèmes de renseignement peinent à contenir le mouvement, faute de moyens humains : on serait passé d'une vingtaine de jihadistes français fin 2011 à plus de 700, début 2014... Les institutions éducatives scolaires ou religieuses modérées se révèlent peu efficaces car les jihadistes s'autoforment via Internet. Les dispositifs préventifs et curatifs devraient être revus, selon O. Kempf, dans la police comme dans la justice. Mobiliser les familles pour qu'elles avertissent de la radicalisation d'un proche, mieux encadrer les retours du jihad, créer un délit de combat à l'étranger sans autorisation constituent autant de pistes à explorer. Sébastien-Yves Laurent, professeur des universités, plaide quant à lui pour un « tournant analytique du renseignement et de la prospective » : ouvrir le domaine aux sciences humaines pour comprendre comment se forment des terroristes à l'ère du numérique.