CAIRN.INFO : Matières à réflexion

La démesure - La Démesure?. Soumise à la violence d’un père?. Céline Raphaël, Max Milo, 2012, 237 p., 18 €.

1Elle a 10 ans. Ce soir encore, après l'avoir battue, il la fait asseoir à table et jette dans une assiette une omelette froide, un yaourt, du pain, de l'eau et de la salade. « Tu ne sortiras de table que lorsque tu auras tout fini. Tout. Y compris la sauce. » Quand elle lui demande, en larmes, ce qu'elle a fait pour mériter de souffrir à ce point, le père lui répond le plus calmement du monde  : « Tu es pire qu'un chien. »

2Avouons-le, ce n'est pas sans une certaine réticence que nous avons lu jusqu'au bout ce récit térébrant du calvaire enduré par Céline Raphaël. Frappée, humiliée des années durant par un père qui veut en faire une pianiste prodige, elle a dû jouer de cet instrument 45 h par semaine. Difficilement supportable, ce livre est cependant nécessaire, ne serait-ce parce qu'il lève le voile sur un sujet encore tabou  : la maltraitance infantile dans les milieux sociaux aisés. La petite fille travaille, et travaille encore, remporte les concours de piano pour ne plus être battue. Mais ça ne suffit pas. Ça ne suffit jamais. Dans l'entourage de la gamine, personne ne veut voir. La maltraitance, c'est chez les pauvres, ailleurs, bien loin d'ici, pour les petits enfants qu'on oblige à transporter des briques ou des paniers de sel. Pas chez les enfants de notables.

3Dans la postface, le pédopsychiatre Daniel Rousseau souligne à quel point « les formes sophistiquées de la maltraitance reposent sur deux principes qui structurent un double langage destructeur  : "Si je dois te faire du mal, c'est pour ton bien", et "si je lui fais du mal, c'est pour son bien" ». Il pose aussi une question cruciale  : pourquoi un enfant maltraité tarde-t-il tant à révéler son calvaire  ? Finalement devenue médecin et heureuse de l'être, Céline mène aujourd'hui un combat acharné contre la maltraitance infantile, milite pour une meilleure formation des professionnels de l'enfance et une mobilisation accrue des pouvoirs publics. Car si le parcours et le courage de Céline sont un bel exemple de résilience, beaucoup d'autres de ses camarades de misère n'auront pas sa chance. Chaque jour, en France, deux enfants décèdent des suites directes de maltraitances.
Sarah Chiche

Troubles en psychiatrie - Troubles en psychiatrie?. Isabelle Coutant, La Dispute, 2012, 224 p., 22 €.

4Restrictions budgétaires, fermetures de lieux, raccourcissement des séjours, manque de moyens et de personnel... Si les patients hospitalisés en psychiatrie souffrent, les institutions chargées de les accueillir sont elles aussi atteintes. Sociologue, chargée de recherche au CNRS, Isabelle Coutant s'est livrée à une enquête méticuleuse dans une unité pour adolescents située dans un secteur défavorisé de la banlieue parisienne. Dans cette unité, beaucoup de jeunes souffrent de troubles graves de la personnalité avec une grande désorganisation du comportement qui s'exprime souvent sur le mode de la violence, de la délinquance ou de la toxicomanie. À l'issue de cette enquête, l'auteure constate que la pédopsychiatrie a la lourde tâche de suppléer aux manques des autres institutions chargées de l'enfance. Face à des situations qu'ils ne parviennent pas à gérer, magistrats et travailleurs sociaux se tournent vers l'hôpital psychiatrique et « les injonctions à la protection de l'enfance peuvent ainsi conduire à l'enfermement d'adolescents en errance ». Pour les jeunes des milieux populaires qui souffrent de « troubles des conduites », l'enjeu devient « un enjeu d'ordre public », source de polémiques  : quelle est la légitimité à intervenir  ? Jusqu'où faut-il le faire  ? L'auteure développe, au-delà d'une étude très rigoureuse et humaine sur des parcours de vie accidentés, une réflexion riche sur ce que Michel Foucault appelait le « pouvoir psychiatrique ». Qu'est-ce que « faire asile »  ? Quel lieu géographique et psychique peut-on proposer à ces personnes que l'on dit « folles » pour qu'elles puissent y déposer leur corps et une parole  ? Où se situe la frontière entre la pratique de l'internement abusif et faire sortir des patients de l'hôpital bien trop tôt, par manque de lits, alors qu'ils sont encore en pleine crise  ? Un livre qui peut être aussi bien lu par les professionnels de la santé mentale que par les patients et leurs proches.
Sarah Chiche

La crise qui vient - La crise qui vient?. La nouvelle fracture territoriale?. Laurent Davezies?, Seuil, 2012, 124 p., 11,80 €.

5Le prix Nobel décerné à Paul Krugman, spécialiste de la question, en 2008 est symptomatique d'un intérêt renouvelé de la part des économistes pour la notion de territoire. Alors que l'espace n'a souvent été pour la pensée économique qu'un lieu neutre que l'activité de l'homme doit façonner, il apparaît désormais qu'il joue un rôle primordial, notamment en période de crise. C'est ce que montre de façon précise Laurent Davezies pour la France, éclairant les inégalités entre les différents territoires. Certes, ces inégalités ont toujours existé. Mais la crise les aggrave, compromettant l'avenir de certaines régions.

6Car si lors des précédentes crises (1974, 1982, 1992), les budgets publics et sociaux avaient contribué à limiter l'ampleur des dégâts, l'état des finances publiques ne le permet plus aujourd'hui. C'est désormais le système de croissance français reposant sur la consommation des ménages financée par la dette qui est menacé.

7La crise a semble-t-il moins touché l'emploi français que celui de ses voisins. Mais si l'on regarde au niveau des territoires, les disparités apparaissent. Et ce sont les territoires déjà fragiles qui ont le plus souffert, révélant que la crise est bien structurelle pour eux. Les handicaps se cumulent donc, les régions les plus dynamiques et les grandes métropoles bénéficiant des boucliers (emplois et revenus publics, progression des emplois privés du secteur tertiaire, croissance de l'emploi féminin) au contraire des zones déjà en déclin ces dernières années. La dimension redistributive des budgets publics au niveau des territoires (mal connue) a permis jusqu'ici de réduire les inégalités entre les zones d'emploi. Mais la question se pose maintenant  : faudra-t-il bientôt opter pour la fraternité à défaut de l'égalité  ? Entre le soutien aux territoires les plus dynamiques et la solidarité vis-à-vis de ceux qui le sont moins, l'État devra faire des choix.
Thierry Jobard

Un juge face aux Khmers rouges - Un juge face aux Khmers rouges?. Marcel Lemonde et Jean Reynaud?, Seuil, 2013, 250 p., 20 €.

8Comment juger les crimes contre l'humanité  ? Le moyen est à trouver, chaque fois de manière différente. Tel est le message principal de ce témoignage apporté par Marcel Lemonde, juge d'instruction au sein du tribunal des Khmers rouges pendant près de cinq ans. Chargé de juger le cas des principaux responsables du « Kampuchéa démocratique », le régime qui a coûté la vie à près de deux millions de personnes de 1975 à 1979, ce tribunal est une machine judiciaire hors-norme. Fruit d'une âpre négociation, c'est un organe mixte, composé de juges cambodgiens majoritaires et de magistrats internationaux. Chaque décision étant discutée avec les juges locaux, onze mois ont été nécessaires à la seule élaboration du règlement du tribunal. Puis le premier dossier est ouvert  : celui de Kaing Guek Eav, alias Duch, ex-directeur de S-21, un lycée reconverti en centre de détention, de torture et d'élimination des opposants politiques. Opposants qui ne tardèrent pas à devenir des « ennemis de l'intérieur », les cadres du régime étant bientôt eux-mêmes soumis aux purges. Duch a été condamné, en 2010, à trente ans de prison. Un second dossier, ouvert peu après, portait sur la responsabilité de quatre autres dirigeants khmers rouges. Par crainte que le procès de ces derniers, très âgés, n'ait jamais lieu, M. Lemonde et son homologue cambodgien rédigent une ordonnance de clôture très longue, 435 pages, peut-être « la seule trace laissée par ce tribunal sur ce qui s'est passé au Cambodge ». Ce procès, ouvert en novembre 2011, n'est toujours pas terminé à la fin de 2012. Sous la pression des magistrats cambodgiens, les dossiers d'autres responsables khmers n'ont pas donné lieu à des poursuites formelles. Ce qui conduit M. Lemonde à qualifier ce tribunal de « boiteux », « tardif » mais néanmoins nécessaire. « Si l'on a peur de tacher sa robe de juge, conclut-il, mieux vaut éviter de s'aventurer sur les chemins boueux du Cambodge. »
Céline Bagault

Histoire des mouvements sociaux en France - Histoire des mouvements sociaux en France?. De 1814 à nos jours?. Michel Pigenet et Danielle Tartakowsky (dir.), La Découverte, 2013, 800 p., 32 €.

9La France est l'héritière d'une longue et riche histoire de mouvements sociaux.

10L'expression elle-même - mouvement social - naît durant la première moitié du XIXe siècle. L'acception ici retenue par les auteurs rassemble « toutes les interventions collectives destinées à transformer les conditions d'existence de leurs acteurs, à contester les hiérarchies ou les relations sociales, et à générer, pour cela, des identités collectives et des sentiments d'appartenance ». Elle est donc assez ouverte, comprenant émeutes, grèves, pétitions, mais aussi campagnes électorales et pratiques de la monarchie de Juillet (enterrements d'opposition, banquets protestataires et charivaris politiques).

11C'est peu à peu qu'un espace démocratique public s'est constitué, d'abord dépendant du calendrier parlementaire, puis plus autonome. Et ce n'est qu'avec les percées haussmaniennes que la rue, jusqu'alors propice aux barricades, a pu s'ouvrir aux cortèges. De même, l'organisation de la contestation va se révéler nécessaire pour canaliser l'enthousiasme et assurer la cohésion des mouvements. Ainsi de l'AIT (Association internationale des travailleurs) qui sut jouer des hésitations de Napoléon III pour assurer, avant de disparaître, le passage du socialisme quarante-huitard vers le socialisme révolutionnaire. L'exemple de la Commune permet de dégager les problématiques liées à la notion de mouvement social ou de moment révolutionnaire. Les modèles sociologiques ayant tendance à privilégier l'idée d'une action consciente des acteurs, l'histoire risquant de donner après coup un sens à des événements sur les moments embrouillés, la logique même des décisions prises semble faire défaut. Quelle est la part des reconstructions a posteriori  ? Si la Commune discrédite l'insurrection, l'échec des grèves de 1920 ruine l'idée d'une grève générale prônée par le syndicalisme révolutionnaire jusqu'à la Première Guerre mondiale. Les pratiques contestataires vont désormais se nationaliser alors que s'instaurent de nouveaux rapports entre classe ouvrière et État social, et ce jusqu'aux années 1970.

12Le déclin du PCF, la mondialisation, le chômage de masse ont profondément modifié le paysage social. Les grèves de 1995 marquent une nouvelle étape puisque désormais « l'individualisation de la "deuxième modernité" contemporaine identifie moins les êtres par leur rôle et statut qu'à travers leur singularité irréductible ». La lutte sociale semble donc devenir individuelle aujourd'hui.
Thierry Jobard

L'ennui - L’ennui?. Histoire d’un état d’âme (XIXe-XXe siècle)?. Pascale Goetschel, Christophe Granger, Nathalie Richard et Sylvain Venayre (dir.)?, La Sorbonne, 2012, 320 p., 25 €.

13« Je hais les dimanches  ! » Pourquoi s'ennuie-t-on plus ce jour-là  ? Selon Robert Beck, la loi de 1906 sur le repos dominical en serait la cause principale. L'inactivité, le repos mais aussi l'obligation de bonheur liée à cette journée peuvent engendrer un sentiment de vide et d'attente déçue. L'ennui peut aussi se manifester là où on ne l'attend pas, lors d'expéditions scientifiques par exemple, expéditions qui, dans l'imaginaire collectif, devraient plutôt évoquer l'aventure. L'objet de ce recueil est de montrer que l'ennui a une histoire, qu'on ne le ressent pas de la même façon selon les époques, les milieux et les lieux. L'ouvrage réunit les interventions d'un colloque qui s'est tenu fin 2007 à la Sorbonne. Il s'ouvre sur différentes manifestations de l'ennui dans les champs de la philosophie, de la médecine, de la psychologie et de la littérature  : neurasthénie, malaise d'une génération postrévolutionnaire ou posture esthétique. Il se clôt sur une sélection de « cadres modernes de l'expérience ennuyeuse » comme les gares, les cités, l'usine, une gendarmerie ou bien encore le bureau d'un cadre d'entreprise. Au-delà de la description des différentes qualités d'ennui, les auteurs traitent aussi des stratégies mises en ?uvres pour l'éviter  : sorties de l'ennui par la débauche ou la violence, par l'écriture, par la création mais aussi bien par le mariage ou, aujourd'hui, le coaching. On retiendra que, malgré sa variabilité extrême, le sentiment de la permanence de l'ennui semble se moquer des lieux, des moments et des niveaux sociaux, tant il se manifeste partout avec force.
Elisa Neuville

La philosophie expérimentale - La philosophie expérimentale?. Florian Cova, Julien Dutant, Édouard Machery, Joshua Knobe, Shaun Nichols et Eddy Nahmias?, Vuibert, 2012, 310 p., 35 €.

14Connaissez-vous la « philosophie expérimentale »  ? A priori, la formule fleure bon l'oxymore... Même si toute philosophie prend le risque d'être mise à l'épreuve des faits, le philosophe, en règle générale, ne se livre pas à des expériences  : il pense par-devers lui et, souvent, à la place d'autrui... Or cette jeune et peut-être prometteuse spécialité se propose non seulement de le sortir de l'isoloir mais, comme l'écrit Florian Cova, de s'intéresser à la manière dont le commun des mortels résout des questions philosophiques. S'en pose-t-il seulement  ? Peu importe, objectent les « x-philosophes »  : même quand nous ne procédons pas à un examen pondéré des problèmes, nous avons des réponses intuitives qui nous viennent à l'esprit. L'objet de la philosophie expérimentale est donc de recueillir et d'étudier ces « intuitions ordinaires ».

15Comment  ? En les suscitant par des expériences de pensée. Exemple  ? On soumet à des personnes le petit scénario suivant  : une bergère pense qu'il y a un mouton dans le champ qu'elle observe de loin. En réalité, ce qu'elle aperçoit est un rocher qui ressemble à un mouton. Mais il se trouve qu'il y a vraiment un mouton derrière le rocher.

16Question  : la bergère sait-elle qu'il y a un mouton ou bien le croit-elle seulement  ? La plupart des Occidentaux y voient une croyance, même si la définition philosophique du savoir est celle d'une croyance « à la fois vraie et justifiée »  : ce qui est le cas. Les intuitions ordinaires peuvent donc diverger des raisonnements des spécialistes, et soulever de nouveaux problèmes. De plus, les résultats varient selon les continents et les cultures...

17Dans ce recueil, les éditeurs ont pris soin de confronter des textes qui débattent des questions les plus discutées en philosophie expérimentale  : l'influence du jugement moral sur nos intuitions, les dilemmes moraux, la responsabilité de l'action, la liberté et le déterminisme, la nature de la conscience. Attention  : les argumentations des auteurs sont parfois très techniques et pointues. Mais chacune des discussions est précédée d'une introduction qui en facilite grandement la synthèse.
Nicolas Journet

Les embarras de l'identité - Les embarras de l’identité?. Vincent Descombes, Gallimard, 2013, 278 p., 21 €

18Les usages contemporains de la notion d'identité dépassent de loin la simple déclinaison d'un nom, d'une date de naissance et d'un curriculum vitae. De l'identité sexuelle à l'identité nationale en passant par les identités culturelles, chacun de nous peut, par la simple évocation de ce mot, faire de sa singularité le nœud où se rejoignent les fils qui nous rattachent à des collectivités plus ou moins concrètes. C'est dans l'espoir de mettre au clair l'énigme de ce « je dilaté » que Vincent Descombes nous invite à une réflexion érudite s'appuyant aussi bien sur les développements de la psychanalyse, Charles Taylor, Ludwig Wittgenstein, Marcel Mauss, Georg Hegel, les philosophes des Lumières, Blaise Pascal et la logique de Port-Royal que sur les légistes du Moyen Âge.

19 L'un de ses soucis est de prendre la notion au sérieux, et de ne pas céder à la tentation, trop courante de nos jours, de la déconstruction systématique  : si toute identité collective n'est qu'une illusion ou un prétexte, comment expliquer que les « conflits idenditaires » soient les plus difficiles à résoudre  ? Reste que l'énigme lexicale ne se laisse pas facilement réduire  : quand un actuel habitant de Rome affirme que « nous, les Romains, avons battu les Carthaginois », de quel droit le dit-il  ? Que l'on sache, il n'y était pas... Pourtant le propos est courant.

20Il faut donc admettre deux choses. D'abord, que ces identités collectives ne sont pas de pures fictions mais, comme l'entendait Cornelius Castoriadis, des imaginaires actifs, au même titre qu'une effigie d'ancêtre possède des pouvoirs instituant. Ensuite, que le devoir de l'homme moderne de se penser comme un individu singulier n'exclut pas qu'il se demande de quelle histoire il est l'œuvre. « La notion d'identité, prise au sens moral, permet en effet à cet individu de se trouver lui-même hors de lui-même. Elle l'autorise à dire "moi" pour autre chose que lui-même », conclut V. Descombes. À défaut d'expliquer pourquoi il en est ainsi, on admettra que cette description est plutôt éclairante, et permet de comprendre l'embarras que nous éprouvons face à la notion d'identité et à ses propriétés paradoxales.
Nicolas Journet

L'empowerment, une pratique émancipatrice - L’empowerment, Une pratique émancipatrice?. Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener?, La Découverte 2013, 176 p., 16 €.

21Apparue en France au cours des années 2000 en provenance des États-Unis, la notion d'« empowerment » apparaît dans de multiples domaines  : entreprise, université, travail social, éducation, développement international. On la trouve, en France, associée à celle de « démocratie participative ». L'empowerment possède un double sens  : celui de détenir un pouvoir mais aussi celui de se rendre capable de l'acquérir, un état donc tout autant qu'un apprentissage. De là la difficulté à le traduire en français (« empouvoirisation », et au Québec « pouvoir d'agir », ou « affiliation »). Par-delà les difficultés lexicales, c'est sans doute la difficulté d'acclimater l'idée à nos réalités sociopolitiques qui empêche que notre langue se l'approprie tout à fait.

22Aux États-Unis, le concept d'empowerment a connu une évolution notoire, employé à la fois par les libéraux et les conservateurs. Les auteurs distinguent donc trois modèles d'empowerment outre-Atlantique  : radical, sociolibéral et libéral. Des premiers aux derniers, c'est la dimension individuelle qui s'affirme au détriment de celle, collective, qui prévalait à ses débuts. L'empowerment radical « prend sens dans une chaîne d'équivalences qui lie les notions de justice, de redistribution, de changement social, et de pouvoir, celui-ci étant exercé par ceux "d'en bas" ». Le mouvement féministe des années 1970 l'utilise pour qualifier sa lutte contre les violences domestiques et le viol. Mais sa dimension critique perd de son tranchant à mesure qu'elle se diffuse. Son emploi par les institutions internationales a fini par en faire l'outil de l'individu entrepreneur de lui-même. Or l'empowerment porte en lui une conception du pouvoir et du contre-pouvoir non plus vertical, mais distribué selon des formes inventives, créatives, toutes expérimentations collectives aptes à transformer les hiérarchies. Et le terme ne désigne pas seulement le « pouvoir sur », mais aussi le « pouvoir de » et le « pouvoir avec ».
Thierry Jobard

La politique en librairie - La politique en librairie?. Les stratégies de publication des professionnels de la politique?. Christian Le Bart?, Armand Colin, 2012, 284 p., 30 €.

23Qui ne s'est pas un jour étonné devant l'abondance de livres écrits par des hommes et des femmes politiques  ? Nos politiques sont pourtant par leur formation de moins en moins des littéraires  : se convertiraient-ils avec l'âge aux joies de la littérature  ? Christian Le Bart propose une autre explication, bien plus terre à terre  : la publication d'un livre constitue désormais l'étape obligée dans une carrière politique. Pourvu qu'elle arrive à point nommé à l'appui d'une notoriété déjà acquise, elle la renforce, en particulier en donnant accès aux médias. Ainsi tout présidentiable publiera un ou plusieurs livres.

24Selon C. Le Bart, cette tendance à s'affirmer par le livre découle de l'acte fondateur en la matière qu'a constitué Mémoires de guerre de Charles de Gaulle. Publié au milieu des années 1950, à la veille de son retour aux affaires, l'ouvrage connaît un extraordinaire succès de librairie. Surtout, il établit à nouveau frais l'équivalence entre grandeur littéraire et grandeur politique. Désormais, pour ambitionner d'être le président de cette République-là, il faudra donner des gages à la littérature ou, tout au moins, à l'écriture. Au-delà de cette association aux valeurs lettrées, le livre permet aussi de s'adresser directement à l'opinion publique sans la médiation des partis. Avec la présidentialisation du régime politique, le jeu politique devient un combat entre individus et non plus entre partis  : le livre politique constitue l'un des moyens de cette individualisation, d'où l'augmentation du nombre de ces produits. Il s'agit de se présenter à l'opinion, en toute humilité bien sûr, comme un individu d'exception. L'homme ou la femme politique y joue la sincérité, et entend engager un rapport intime avec son lecteur. L'étonnant, alors même que les journalistes ne cessent de dénoncer l'artifice, c'est que ce jeu bien éventé désormais continue. Pour longtemps encore  ?
Christophe Bouillaud

La question religieuse en Chine - La Question religieuse en Chine?. Vincent Goossaert et David A. Palmer, trad.V. Goossaert, Fanny Parent et Eva Salerno?, CNRS, 2012, 500 p., 25 €.

25Majoritairement athée, entend-on dire encore de la Chine. On a longtemps voulu croire que la République populaire avait étouffé toute religiosité sur son territoire. Il n'en est rien. Depuis 1949, le nombre de protestants évangéliques y a été multiplié par 60 (le taux le plus élevé de croissance au monde), et aujourd'hui fleurissent les autels taoïstes, les églises catholiques et le bouddhisme globalisé. Ce livre, coécrit par un historien et un anthropologue, permet de mieux visualiser les raisons de cette vitalité en récapitulant les étapes mouvementées de la vie religieuse en Chine depuis un siècle.

26De la réforme esquissée par la Chine impériale à partir de 1898 pour contrôler les cultes comme se devait de le faire un État moderne au melting-pot d'aujourd'hui, en passant par la religion politique révolutionnaire un temps axée sur le culte de Mao, cette histoire détaillée des tribulations et succès des religions en Chine est une première en français. Loin d'être linéaire (religiosités impériale, puis révolutionnaire, puis postmoderne), cette histoire est révélatrice d'un passé complexe et d'un présent qui l'est tout autant. Les cultes locaux, naguère base de la vie sociale, furent ainsi combattus au titre de superstitions avant d'être érigés en patrimoine culturel. Certains s'impliquent aujourd'hui, localement, en politique locale ou dans le caritatif.

27Les religions en Chine, du fait de leurs multiples chapelles et de leur autonomie par rapport à l'État, même si celui-ci s'efforce depuis toujours d'en garder le contrôle, sont un fait social total, ne serait-ce qu'en agissant comme un révélateur des failles qui scindent le pays. Il suffit de penser au rôle joué par le bouddhisme dans l'affirmation de la minorité tibétaine, par l'islam pour la minorité ouïghour, par la tradition recomposée dans le mouvement syncrétique de rédemption du Falun Gong, réprimé par l'État. Les transformations du paysage religieux reflètent celles des époques. La sécularisation, imposée par la force, a longtemps masqué les dynamiques d'un écosystème spirituel complexe. Alors que la Chine joue un rôle croissant dans le monde, mieux vaut savoir quelles configurations religieuses originales pourront en sortir, et se globaliser peut-être.
Laurent Testot

Le travail pornographique - Le travail pornographique?. Enquête sur la production de fantasmes?. Mathieu Trachman?, La Découverte, 2013, 292 p., 22 €.

28Le cinéma pornographique est un objet rétif au regard sociologique. Moralement douteux, peu élevé dans la hiérarchie des biens de consommation culturels, il fait rarement l'objet de recherches précises, ne serait-ce que sur le nombre de films ou leurs budgets. En dépit de ces obstacles, Mathieu Trachman a réalisé une enquête par entretiens et observations dans un monde aux frontières incertaines, mais où les différents protagonistes travaillent, gagnent de l'argent et font du profit. Ce simple constat n'a déjà rien de l'évidence. Il faut se rappeler en effet que, lorsqu'elle est inventée il y a près de deux siècles, la pornographie sert d'arme critique à l'encontre des pouvoirs officiels. Depuis, elle s'est transformée en activité marchande avec pour objectif principal la mise en scène de fantasmes hétérosexuels. La pornographie est plus précisément encore un travail au service des désirs masculins qui met en scène des corps féminins.

29 L'auteur montre que l'on ne peut assimiler le travail pornographique ni à un rapport esclavagiste (dont les femmes seraient les victimes) ni à un moyen d'expression libertaire émancipateur. Sur un marché où se côtoient des professionnels et des amateurs, la distinction entre sexualité privée et sexualité professionnelle n'est pas toujours tranchée. Il existe par ailleurs une division du travail entre hommes et femmes, qui oppose très nettement les premiers aux secondes. Les hommes font davantage carrière dans la profession mais leur salaire est en général inférieur (entre 100 et 300 euros la scène, contre 150 à 600 pour les femmes). Plus rapidement affectées par l'usure du corps, menacées par la tendance à l'« accumulation des débutantes », les actrices sortent plus rapidement de ce marché du travail où la maîtrise de son corps compte tout autant que sa plastique. Il fallait à la fois de l'audace et de la subtilité à un jeune sociologue pour explorer un univers si peu conventionnel. Armé de son identité affichée de gay, M. Trachman sait prendre la distance qui sied là où la norme est celle de l'hétérosexualité. Il éclaire ainsi le lecteur sur ce que, dans le monde de la pornographie, travailler veut dire.
Clément Lefranc

Les prix Nobel - Les prix Nobel. Sociologie d’une élite transnationale?. Josepha Laroche?, Liber, 2012, 184 p., 20 €.

30Claire, concise et efficace, cette brève étude sociohistorique a le mérite de s'étonner de ce que l'habitude nous fait accepter sans broncher  : d'où vient donc l'universelle clameur médiatique qui fait du prix Nobel une récompense mondialement connue  ? Instituée en 1896 par la disposition testamentaire du richissime inventeur de la dynamite, la fondation Nobel reçut, d'abord, un accueil plutôt frais  : on y vit le remord d'un marchand d'armes vaniteux et bêtement cosmopolite. Les plaintes de ses héritiers dépouillés repoussèrent l'attribution des premiers prix à 1901. Ceux-ci étaient au nombre de cinq, reflétant les goûts personnels d'Alfred Nobel pour les sciences appliquées (physique, chimie et médecine), la littérature et la promotion de la paix dans le monde. L'économie sera ajoutée en 1968, grâce à la Banque de Suède. En un siècle, les prix Nobel sont devenus non seulement des symboles d'excellence, mais la seule institution capable de délivrer un « titre international de noblesse » parfois refusé ou contesté, mais jamais ignoré. Cette success story, Josepha Laroche l'attribue à trois facteurs. D'abord, l'indéfectible sérieux avec lequel l'institution a pris à cœur de respecter l'esprit du fondateur  : croyance dans la valeur du progrès des sciences, défense d'un idéalisme littéraire et promotion d'un pacifisme plus réaliste que radical. Ensuite, l'engagement politique dont ont fait preuve les experts du Nobel, au gré de l'histoire, contre le nazisme, pour les droits de l'homme et en faveur des dissidents des régimes autoritaires. Enfin, il y a l'implication de la caste des nobélisés eux-mêmes, n'hésitant pas, pour la plupart, à mettre leur célébrité au service des valeurs défendues par l'institution. Le tout, évidemment, ne s'est pas fait sans quelques tensions notoires, dénonciations officielles et officieuses, prouvant seulement qu'aucune récompense internationale n'échappe aux rivalités de l'histoire. C'est à ce prix, semble-t-il, que le Nobel est devenu le lieu d'une concurrence mondialement reconnue, au point que l'on a pris l'habitude de comptabiliser plus souvent les lauréats par leurs pays d'origine que par leurs noms.
Nicolas Journet

Alterscience - Alterscience?. Postures, dogmes, idéologies?. Alexandre Moatti?, Odile Jacob, 2013, 334 p., 23,90 €.

31À la différence des parasciences et des savoirs traditionnels, l'alterscience, ciblée dans ce livre par Alexandre Moatti, est produite par des esprits formés aux disciplines scientifiques, voire pourvus d'une solide confiance dans leur avenir. Oui mais voilà, leur chemin les écarte, parfois définitivement, des théories les mieux admises, auxquelles ils préfèrent... les leurs. Rien de plus normal, dira-t-on  : la connaissance ne progresse-t-elle pas à force de critiques et de réfutations  ? Les cas présentés dans ce volume semblent d'abord hétéroclites  : des ingénieurs fâchés avec la théorie de la relativité, d'autres avec Isaac Newton et l'astrophysique en général, des créationnistes résolus à en finir avec Charles Darwin et Galilée, des technolâtres hostiles à la physique quantique, des philosophes en mauvais termes avec les académies... Tout l'art de l'auteur est de montrer ce qu'il y a de commun dans ces figures dissidentes et qui les rend aussitôt moins sympathiques  : dogmatisme, enflure théorique, agressivité et parfois même paranoïa évidente. Il devient évident que dans la plupart des cas présentés, la science n'est qu'un instrument au service d'une religion, d'une idéologie politique dangereuse ou d'un égocentrisme hors du commun. Pourtant, ils revendiquent une place au palmarès académique et s'ils ne l'obtiennent pas, créent leurs propres institutions et sociétés savantes, en criant au complot. Certains d'entre eux sont connus (Gustave Le Bon, Immanuel Velikovsky), d'autres moins (Jacques Vallée, Hans Hörbiger).

32Pour nombre d'entre eux, leurs idées réactionnaires, leurs affinités fascistes limitent leur postérité à de petits groupes décadents. Mais, de manière plus osée, A. Moatti souligne la continuité de posture existant entre eux et une certaine « ultragauche contemporaine » arracheuse d'OGM, à laquelle participent des chercheurs de laboratoire, partisans d'une science « autre ». Seraient-ils aussi redoutables que leurs prédécesseurs  ?
Nicolas Journet

Al-Qaida par l'image - Al-Qaida par l’image. La prophétie du martyre?. Abdelasiem El Difraoui?, Puf, 2013, 420 p., 32 €

33« Ben Laden et ses associés se félicitaient eux-mêmes de conquérir une place dans l'histoire de l'islam et d'instaurer leur propre mythe dans le cadre d'un détournement de l'islam. Peu de moyens sont mieux adaptés que la propagande audiovisuelle pour atteindre ces objectifs. » L'objet de ce livre peu paraître secondaire mais il se révèle, au fil de la lecture, pleinement justifié. De la première guerre d'Afghanistan (1979-1985) à la globalisation du djihad au Maghreb et en Arabie Saoudite, en passant par la Bosnie, le 11 septembre 2001 et la guerre d'Irak, l'idéologie d'Al-Qaïda s'est incarnée dans une série de supports de propagande audiovisuels (photos en ligne, vidéos et textes) dont, pour la plupart, nous n'avons eu que de rares aperçus dans les médias. Cette étude systématique montre à quel point cet usage du multimédia résulte d'une stratégie calculée de récupération des symboles de l'islam fondamental (couleurs, graphismes, présence du Coran) mêlés d'images guerrières (entraînement au combat, explosions, armes automatiques, chants de guerre). Au fil du temps et des conflits successifs, la thématique de l'ultraviolence, du martyr et de son salut s'est affirmée en même temps que les têtes pensantes d'Al-Qaïda cherchaient à globaliser leur mouvement, constitué au départ d'une avant-garde combattante.

34 Cette réflexion sur l'image et son usage pour le moins hérétique en islam sunnite mène l'auteur à un diagnostic rarement porté  : selon lui, plus qu'un mouvement politique international, Al-Qaïda s'est forgé un destin de secte fermée, de dissidence à l'intérieur même de la foi radicale, qui ne recule devant aucune manipulation doctrinale pour imposer sa vision bricolée de l'islam. D'où, finalement, son déclin progressif auprès d'une opinion musulmane trop fréquemment visée par les foudres des sectaires de feu Oussama Ben Laden, par ailleurs un peu dépassés par les succès des révolutions arabes. Un document rare, finement analysé et doublé d'une iconographie parlante.
Nicolas Journet

Aux sources de la morale - Moral Origins. The evolution of virtue, altruism, and shame?. Christopher Boehm?, Basic Books, 2012, 424 p., 22,50 €

35Du point de vue de l'évolution, le sens de la morale est un paradoxe. Certes, la théorie du « gène égoïste » permet de justifier qu'une forme d'altruisme envers nos proches, avec qui nous avons beaucoup de gènes en commun, se soit répandue  : en les aidant, nous augmentons leurs chances de se reproduire et, du coup, nous favorisons la propagation de nos gènes. De même, la théorie de l'altruisme réciproque, qui s'articule autour du thème « je te gratte le dos si tu grattes le mien », permet d'expliquer l'entraide entre des individus non apparentés. Mais comment expliquer que l'on puisse aider, à nos dépens, des êtres avec qui l'on n'entretient pas de relation directe  ? Telle est l'énigme de l'altruisme à laquelle l'anthropologue Christopher Boehm, après bien d'autres, tente d'apporter une solution dans ce livre.

36 Tout commencerait avec l'apparition des premiers humains. C. Boehm estime en effet que les chimpanzés et les bonobos, nos plus proches cousins, n'ont pas un sens de la morale semblable au nôtre. C'est après notre séparation de leur lignée évolutive que la morale serait apparue. En l'occurrence, le facteur déclenchant aurait été, suite à l'augmentation des capacités cognitives des premiers humains, le développement de la chasse en bande. La collaboration constituant un avantage direct, il est compréhensible qu'une tendance à collaborer ait été sélectionnée. Mais, pour expliquer la naissance de la morale, il faut aller plus loin.

37Une fois le gibier tué, comment le répartir entre les membres du groupe  ? Chez les primates, quelle que soit la situation, le mâle dominant s'impose. Il prend toujours la meilleure part du gâteau. En revanche, chez les premiers humains, le travail en groupe aurait favorisé l'émergence d'un sens de l'égalité, sans quoi il n'y aurait pas eu de coopération efficace. Du coup, ces premiers humains se seraient mis à punir ou rejeter leurs comparses ayant tendance à être trop égoïstes ou à prendre plus que leur quote-part, que ce soit en trichant, en volant ou par la force. Cette attitude répressive aurait eu des conséquences génétiques  : les individus inhibant plus facilement leurs tendances asociales, que ce soit à cause de la peur des punitions ou grâce à leur capacité à intérioriser les règles collectives, auraient été favorisés par la sélection sexuelle. Pourquoi  ? Tout simplement parce que, dans une société de chasseurs-cueilleurs relativement égalitaire, le fait de vous montrer généreux et intègre vous donne l'apparence d'être un bon partenaire reproductif. Ce sont donc les individus ayant davantage ces qualités qui auraient eu le plus de chance de propager leurs gènes.

38 Notons que cette évolution de la morale n'élimine pas les tendances asociales, puisque les individus capables de dissimuler ces tendances vont eux aussi être capables de passer leurs gènes. C'est l'apparence qui compte. Quoi qu'il en soit, étant donné l'existence d'une réprobation générale, voire de punitions à l'encontre des profiteurs et resquilleurs, le sens de la culpabilité et de la honte aurait présenté un avantage. Sur des générations, les premiers humains auraient donc appris à agir avec un souci de justice, d'équité et de partage pour éviter ces sensations désagréables. Ainsi serait né l'altruisme.

39 Ce scénario est bien sûr hypothétique. Il n'est pas sans faiblesses. Mais l'intérêt du livre de C. Boehm est de l'étayer de beaucoup d'observations éthologiques et ethnologiques. À la fois profond et facile à lire, il constitue ainsi une très intéressante contribution à ce vieux débat sur l'origine de la morale.
Thomas Lepeltie

  1. La démesure - La Démesure?. Soumise à la violence d’un père?. Céline Raphaël, Max Milo, 2012, 237 p., 18 €.
  2. Troubles en psychiatrie - Troubles en psychiatrie?. Isabelle Coutant, La Dispute, 2012, 224 p., 22 €.
  3. La crise qui vient - La crise qui vient?. La nouvelle fracture territoriale?. Laurent Davezies?, Seuil, 2012, 124 p., 11,80 €.
  4. Un juge face aux Khmers rouges - Un juge face aux Khmers rouges?. Marcel Lemonde et Jean Reynaud?, Seuil, 2013, 250 p., 20 €.
  5. Histoire des mouvements sociaux en France - Histoire des mouvements sociaux en France?. De 1814 à nos jours?. Michel Pigenet et Danielle Tartakowsky (dir.), La Découverte, 2013, 800 p., 32 €.
  6. L'ennui - L’ennui?. Histoire d’un état d’âme (XIXe-XXe siècle)?. Pascale Goetschel, Christophe Granger, Nathalie Richard et Sylvain Venayre (dir.)?, La Sorbonne, 2012, 320 p., 25 €.
  7. La philosophie expérimentale - La philosophie expérimentale?. Florian Cova, Julien Dutant, Édouard Machery, Joshua Knobe, Shaun Nichols et Eddy Nahmias?, Vuibert, 2012, 310 p., 35 €.
  8. Les embarras de l'identité - Les embarras de l’identité?. Vincent Descombes, Gallimard, 2013, 278 p., 21 €
  9. L'empowerment, une pratique émancipatrice - L’empowerment, Une pratique émancipatrice?. Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener?, La Découverte 2013, 176 p., 16 €.
  10. La politique en librairie - La politique en librairie?. Les stratégies de publication des professionnels de la politique?. Christian Le Bart?, Armand Colin, 2012, 284 p., 30 €.
  11. La question religieuse en Chine - La Question religieuse en Chine?. Vincent Goossaert et David A. Palmer, trad.V. Goossaert, Fanny Parent et Eva Salerno?, CNRS, 2012, 500 p., 25 €.
  12. Le travail pornographique - Le travail pornographique?. Enquête sur la production de fantasmes?. Mathieu Trachman?, La Découverte, 2013, 292 p., 22 €.
  13. Les prix Nobel - Les prix Nobel. Sociologie d’une élite transnationale?. Josepha Laroche?, Liber, 2012, 184 p., 20 €.
  14. Alterscience - Alterscience?. Postures, dogmes, idéologies?. Alexandre Moatti?, Odile Jacob, 2013, 334 p., 23,90 €.
  15. Al-Qaida par l'image - Al-Qaida par l’image. La prophétie du martyre?. Abdelasiem El Difraoui?, Puf, 2013, 420 p., 32 €
  16. Aux sources de la morale - Moral Origins. The evolution of virtue, altruism, and shame?. Christopher Boehm?, Basic Books, 2012, 424 p., 22,50 €
Mis en ligne sur Cairn.info le 22/03/2013
https://doi.org/10.3917/sh.246.0050
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