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1Les espèces invasives constituent l’une des principales causes d’érosion de la biodiversité. Or si l’on appréhende mieux aujourd’hui les critères permettant à une espèce de devenir envahissante, il est très souvent difficile d’étudier une invasion biologique, car on ne la détecte qu’une fois l’écosystème modifié. D’où l’intérêt des travaux de Todd Palmer, de l’université de Floride, et ses collègues : ils ont suivi l’arrivée de deux espèces de reptiles exotiques qu’ils ont introduites dans des petites îles de l’archipel des Bahamas.
2Ces îles abritent une espèce de lézard arboricole, l’anole brun, qui se nourrit d’insectes. Les chercheurs ont apporté une espèce concurrente, l’anole vert, lui aussi insectivore et arboricole. Très vite, les deux espèces de reptiles ont développé des modes de vie complémentaires, limitant ainsi la compétition : l’anole brun vit et se nourrit au sol ou sur les troncs des arbres, tandis que l’anole vert reste dans les cimes.
3Les chercheurs ont ensuite introduit une troisième espèce, l’iguane caréné à queue bouclée, insectivore et reptilivore. Ce dernier étant exclusivement terrestre, il ne pouvait s’attaquer qu’aux anoles bruns. Mais étonnamment, ce sont les anoles verts qui ont quasiment disparu sur les îles étudiées. Pour Todd Palmer et ses collègues, l’introduction des iguanes aurait entraîné la fuite des lézards bruns en hauteur, ces derniers entrant alors en compétition directe avec les anoles verts. De fait, sur les îles colonisées par l’iguane, la proportion des lézards bruns aperçus au sol a diminué de 28 % en six ans.
4Le dernier rapport international sur la biodiversité de l’IPBES, paru le 6 mai 2019, rappelle l’urgence d’établir des outils de surveillance des espèces invasives. Néanmoins, la modification volontaire d’un écosystème, telle celle menée par Todd Palmer et ses collègues, suscite un autre débat : la fin justifie-t-elle tous les moyens ?