CAIRN.INFO : Matières à réflexion
La surface de ces eucaryotes unicellulaires est recouverte de bactéries sensibles au champ magnétique terrestre.
© C. Monteil et al., Nature Microbiology, 2019

1En 1975, le biologiste britannique Richard Blakemore a découvert des bactéries magnétotactiques. Elles sont sensibles au champ magnétique terrestre grâce à des cristaux ferrimagnétiques qu’elles synthétisent dans des compartiments nanométriques de leur structure interne, nommés magnétosomes. Alors qu’ils voulaient étudier la diversité de ces bactéries, Caroline Monteil et Christopher Lefebvre, de l’institut de biosciences et biotechnologies d’Aix-Marseille, et leurs collègues ont découvert l’existence d’un microorganisme eucaryote ayant acquis une sensibilité similaire grâce à une symbiose établie avec des bactéries magnétotactiques.

2Ces bactéries vivent uniquement dans les sédiments des milieux aquatiques, et surtout dans les zones pauvres en oxygène, voire qui en sont totalement dépourvues. Leurs cristaux ferrimagnétiques s’organisent sur les lignes de champ magnétique terrestre, qui sont obliques par rapport à l’horizontale. Ainsi, grâce à la magnétoréception, ces bactéries sont capables de distinguer le haut du bas (autrement que par la force de pesanteur). Elles se déplacent le long de ces lignes de champ et se dirigent plus en profondeur, là où la teneur en oxygène, plus faible, leur convient mieux.

3Lors d’observations au microscope, Caroline Monteil et ses collègues ont découvert un eucaryote (organisme aux cellules pourvues d’un noyau) unicellulaire dont la surface est recouverte de bactéries magnétotactiques. L’ensemble vit en symbiose : l’eucaryote fournit de l’énergie sous forme d’hydrogène moléculaire aux bactéries, tandis que celles-ci permettent à l’eucaryote de s’orienter dans les sédiments. C’est la première fois que l’on observe une acquisition de ce sens par symbiose chez un organisme eucaryote, une stratégie originale qui a conduit à une bonne adaptation à son milieu.

  • C. L. Monteil et al., Nature Microbiology, en ligne le 29 avril 2019
William Rowe-Pirra
Mis en ligne sur Cairn.info le 03/01/2022
https://doi.org/10.3917/pls.501.0017a
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