Au terme de ce parcours, nous ne prétendons pas avoir donné une explication exhaustive ni définitive du fonctionnement de la cour durant le règne de Louis XV. Notre objectif était plus limité : en reprenant les sources les plus fréquentées, nous voulions suggérer les incohérences de certaines interprétations globales et négatives qui ont encore la vie dure en montrant une autre lecture de ces mêmes sources, plus attentive à leurs auteurs, plus méthodique aussi. Le chantier est donc ouvert. Il devra commencer par une reconstitution fine et méthodique des réseaux familiaux qui structurent la société de cour à ses différents niveaux, de l’entourage direct du roi et de sa famille jusqu’aux cohortes d’officiers subalternes, sans négliger les princes du sang et leurs maisons, pour lesquels nous commençons déjà à disposer d’études bien documentées.
À ce stade, il est néanmoins utile de formuler quelques conclusions et d’ouvrir quelques perspectives. Il n’est pas neuf de décrire la cour comme le lieu d’un face-à-face entre la monarchie et l’aristocratie, qui reposait sur un véritable paradoxe sociopolitique. Le séjour de la cour apparaissait à la noblesse comme un havre naturel où la proximité, ou mieux encore l’intimité de la personne royale, légitimait l’existence du premier ordre dans son ensemble, depuis l’aristocratie jusqu’au hobereau bien que celui-ci n’accédât guère à Versailles. Toute famille dont l’ancienneté du lignage était suffisante, pouvait prétendre aux honneurs de la cour…