Chapitre
Quand la prescription régulière vers un séjour de rupture pour des adolescents à la dérive qu’il accompagne conduit un éducateur à tenter de comprendre la portée et les limites de ces dispositifs.
Ma première rencontre avec un séjour de rupture remonte au mois d’octobre 2003. Christian, un adolescent de 16 ans, vient d’être confié par une ordonnance de placement provisoire prise par le procureur de la République au service d’Aide sociale à l’enfance auprès de qui je travaille. L’adolescent s’était retrouvé seul à l’aéroport. Au retour d’un séjour de rupture en Afrique, personne ne l’attendait. Le foyer qui l’y avait envoyé avait reçu une mainlevée de placement, six mois auparavant. Contacté, son directeur avait répondu que n’ayant plus aucun mandat judiciaire le concernant, il ne pouvait accueillir ce mineur. Christian avait été placé dans une famille d’accueil relais. Lorsque je suis allé le rencontrer la première fois, j’ai commencé par lui présenter des excuses au nom des adultes. Je lui ai affirmé que s’il avait fait la part du travail qu’on lui avait demandé, ce n’était pas le cas de la protection de l’enfance qui avait manqué à toutes ses obligations d’articulation, de continuité et de protection. Je n’osais imaginer le vécu de cet adolescent, déjà marqué par le rejet abandonnique de sa mère, se retrouvant seul à la descente de l’avion. Nous avons réussi au niveau du service à rattraper cet immense gâchis, en trouvant rapidement à Christian une famille d’accueil pérenne et l’apprentissage en boulangerie qu’il désirait tant…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2019
- https://doi.org/10.3917/eres.tront.2019.01.0211
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