Chapitre
Combien de mères faudrait-il pour en faire une ? Au moins, trois, répondrait la médecine contemporaine, forte des avancées de sa technologie reproductive. Mère génétique, mère gestatrice (mère de naissance), mère sociale (mère d’intention). Et encore, il n’est plus nécessaire que ces trois mères n’en fassent qu’une. Le principe du droit romain affirme « mater semper certa est », car la mère est celle qui accouche. De nos jours, l’évidence d’une filiation maternelle basée sur l’identité entre celle qui engendre et celle qui accouche est mise sens dessus dessous par les techniques de fécondation in vitro : la certitude du fondement biologique de la maternité n’est plus une donnée incontestable. Ainsi, le don d’ovocyte permet à une femme de devenir mère sans transmettre son patrimoine génétique à son enfant, ou encore, comme dans le cas de la GPA interdite en France mais autorisée dans plusieurs pays comme en Grande Bretagne, aux États-Unis (en Californie), ou encore en Israël, une femme peut être gestatrice sans avoir de lien génétique, ni l’intention de devenir la mère de l’enfant qu’elle porte dans son ventre. Par ailleurs, corps, ventre ou utérus ? Car on peut être la mère porteuse sans même être la mère utérine… À la faveur d’une transplantation utérine, on peut même être mère gestatrice par l’intermédiaire de l’utérus d’une autre femme.
La GPA et la fécondation in vitro touchent à la question de l’identité et à celle de l’unité de la mère biologique. De plus, cette forme de reproduction collaborative peut, dans le monde globalisé qui nous environne, impliquer et réunir des parties venues d’un bout à l’autre de la planète : entre la mère génétique, la mère gestatrice, la mère sociale, autant d’espaces géographique, de langue et de culture…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/02/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.chabe.2019.01.0059
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