Chapitre
À Marie-Pierre Bès, avec qui hélas nous ne tutoierons plus les sommets.La numérisation des mondes sociaux a sans conteste des effets sur l’évolution des liens sociaux, la propagation d’une norme de connexion permanente en constitue un exemple patent. Très souvent, les enquêtes posent la question des effets de toutes ces nouvelles manières d’entrer en contact. Ce chapitre se propose de traiter cette question en opérant un pas de côté : il prend le parti de questionner les effets d’une écologie déconnexionniste sur les usages du numérique depuis la pratique de la randonnée en montagne. Cette dernière peut être définie comme une pratique culturelle et sportive dans un environnement public et naturel faisant peser des contraintes matérielles assez lourdes sur les usages des dispositifs numériques (notamment en matière de couverture réseau et d’alimentation de la batterie). Tant dans les représentations ordinaires que dans certaines représentations savantes, la pratique de la marche en montagne est souvent associée à un idéal de déconnexion, soit une mise en suspens des relations à distance, au profit d’une présence pleine et entière à l’ici et maintenant dans un environnement naturel peu fréquenté. Le relief des montagnes se dresse de fait comme un obstacle aux communications, obstacle resté longtemps difficilement surmontable et qui a nourri ces représentations de la coupure depuis les artistes romantiques (« l’isolement » d’Alphonse de Lamartine ou « l’incompatibilité » de Charles Baudelaire) jusqu’à des œuvres plus récentes (citons par exemple les film…
Plan
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/06/2022
- https://doi.org/10.3917/arco.marti.2021.01.0095
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