Chapitre
De l'individualisme exacerbé de sa jeunesse à l'exaltation mystique de la terre et des morts du temps de l'âge mûr, l'auteur du Culte du moi et de La Colline inspirée a su évoluer sans se renier. Chantre du nationalisme, Maurice Barrès lui a donné, mieux qu'une doctrine, une dimension lyrique et poétique, parvenant à rallier à son étendard, avant la Grande Guerre, une frange non négligeable de jeunes Français, y compris dans les sphères intellectuelles. Toute sa vie (1862-1923), il resta un homme divisé, partagé entre la volonté de servir et la fascination de l'échec, l'enracinement et la séduction de l'ailleurs. Cette dualité, loin de le desservir, a assuré sa survie en tant qu'écrivain, à défaut de lui assurer un véritable héritage politique.
Tel il était à trente ans, à l'aube de sa carrière littéraire et politique, vers la fin de la décennie 1880, tel, ou presque, il demeure à la fin de sa vie, lorsque la mort le surprend, le 4 décembre 1923, à Neuilly, loin de sa Lorraine aimée et fantasmée. Regardez le célèbre portrait qu'a laissé de lui, en 1913, le peintre espagnol Ignacio Zuloaga. Tout de noir vêtu, Barrès se dresse de profil, appuyé à un rocher, un sombrero dans la main droite, son livre, Greco ou le Secret de Tolède, publié l'année précédente, dans la main gauche, contemplant la ville de Tolède, au bas de laquelle s'étire le Tage. La taille svelte et cambrée, le port altier, le menton pointé, la mèche aile de corbeau retombant sur l'œil fiévreux, le voici figé pour l'éternité en hidalgo romantique et crépusculaire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 13/01/2022
- https://doi.org/10.3917/perri.buiss.2020.01.0197
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