Chapitre
Pour des raisons qui tiennent à son histoire propre, et notamment à la domination au début du XXe siècle d’une école durkheimienne peu soucieuse de donner priorité à l’étude des faits de production, la sociologie française n’a affiché un
intérêt véritable pour le travail qu’après la Seconde Guerre mondiale. Et encore a-t-il fallu aux pionniers de l’époque faire preuve de ténacité pour s’immiscer et
s’imposer dans un espace académique qui n’était guère enclin à favoriser la connaissance concrète du monde industriel. Sous la houlette de Georges Friedmann et de
Pierre Naville [1961-1962], la sociologie du travail française s’est alors construite
sur la base du postulat en vertu duquel travailler était la pratique sociale centrale,
pratique de laquelle dérive l’ensemble des autres conduites de vie.
Si, pour cette raison, le travail a fait l’objet d’études empiriques et de théorisations diverses, les relations de genre (ou plutôt de sexe comme l’on disait à
l’époque) ne faisaient pas partie des préoccupations sociologiques du moment. Les
débats sur le travail des femmes n’étaient pourtant pas inconnus des français. Dans
l’écume de la révolution industrielle, intellectuels et militants de bords multiples
s’étaient déjà affrontés à ce sujet. Certaines ont pu ainsi revendiquer de véritables
droits pour la « prolétaire du prolétaire » (Flora Tristan [1843]) et affirmer haut et
fort, comme Jeanne Deroin, que le travail libère les femmes. D’autres, à l’instar
de Jules Simon, expliquaient à l’inverse qu’à l’usine « la femme devenue ouvrière,
n’est plus une femme…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/dec.laufe.2003.01.0123
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