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La théorie de la démocratie délibérative se présente comme un essai de renouvellement des conceptions normatives de la légitimité démocratique. À l’idée, entretenue par une longue tradition, que les décisions politiques majeures devraient être conformes à la volonté des citoyens, elle substitue celle d’une délibérationpublique à laquelle tous les citoyens devraient pouvoir prendre part (Manin, 1985). L’originalité de la position tient, cela a été souligné à maintes reprises, à l’articulation étroite, dans l’« impératif délibératif », de deux exigences : celle d’une justification publique des politiques et celle d’une participation des citoyens (ou personnes affectées) à la production dialogique de cette justification. L’impératif délibératif ne demande donc pas la participation directe de ceux-ci aux procédures de décisions instituées. Mais il requiert que ces procédures veillent à intégrer dans la décision les arguments et positions produits par les débats publics. Au fil du temps, un nombre croissant de travaux se sont efforcés de penser les conditions de cette intégration, participant ainsi à ce que James Bohman (1998a) a appelé le « passage à l’âge adulte de la démocratie délibérative ». Dans cette littérature aujourd’hui foisonnante sur la délibération (Chambers, 2003 ; Fung, 2003), il faut toutefois pointer une lacune : la rareté et la pauvreté des travaux sur le principe de l’élection des gouvernants au suffrage universel.
À quelques exceptions près (notamment Thompson, 2002), on trouve en effet peu de réflexions sur le sens et la valeur de ce principe : pas de contestation radicale, certes ; mais pas de défense explicite non plus…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/04/2021
- https://doi.org/10.3917/scpo.blond.2021.01.0157
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