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« Le peuple veut la chute du régime ! » Ce slogan, entendu presque partout dans la région, appelle à un changement radical qui ne relève ni d’une doctrine politique ni d’une idéologie. Il ne s’agit pas de révolutions partisanes ou eschatologiques ancrées dans la certitude que leur confèrent leurs postulats dogmatiques. Ce sont des révolutions citoyennes qui ne cherchent pas tant à imposer un système de pensée qu’à penser, dans l’incertitude, un système nouveau et pluraliste. Elles ne partent pas de rien. Le présent a une histoire et une mémoire forgées tout au long des combats menés. Pour réussir, elles doivent relever au moins trois grands défis.
« Le peuple veut » exprime tout à la fois le mouvement et la détermination. L’élan révolutionnaire unifie, galvanise et peut aller jusqu’à une forme de ferveur incandescente qui soude ses participants dans l’euphorie de l’action. L’occupation massive de la rue, le déferlement en cortèges, le rassemblement au cœur de la capitale, lieu par excellence du pouvoir, comme la place Tahrir au Caire, procurent à tous l’intense satisfaction d’acquérir enfin une visibilité politique. Les protestataires s’approprient l’espace public pour exiger liberté, dignité et reconnaissance sociale.
Leur hétérogénéité se fond dans la manifestation où se côtoient des étudiants, des ouvriers, des syndicalistes, des intellectuels, de jeunes Frères musulmans opposés à l’attentisme de leurs dirigeants, des salafistes étonnés d’être là puisqu’ils ne font pas de politique, des jeunes sans emploi malgré – ou… à cause de – leurs diplôme…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/10/2020
- https://doi.org/10.3917/dec.badie.2020.01.0098
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