Chapitre
Le livre que Jean-François Lyotard publie en 1971 est certes le fruit d’un travail universitaire, d’une thèse dont le « figural » serait l’index. Il est plus encore le contrecoup d’une désillusion, le coup d’envoi d’un « différend » dont l’onde de choc se transmettra à toute l’œuvre. Ce livre éclaté, privé de conclusion, porte la marque de la déflagration dont il soutient la thèse. L’écriture de Lyotard ou plutôt les écritures que déclinera l’œuvre font droit, jusque dans leur disparité, à cette « différence insensée » (Lyotard, 1988 b, p. 12) que Discours, figure installe en préoccupation de la réflexion à venir. Différence qui désaccorde toute bonne forme – de l’espace, du temps et de la signification -, et laisse en dépôt des traces incongrues. « Le figural » se pense en effet comme une énergie qui soulève la table des significations, des scènes ou phrases de la reconnaissance, pour y inscrire l’événement du sens. Il nomme à la fois l’espace d’effraction, le travail de déliaison et l’effet de différence de ce séisme. C’est lui que l’art présente en des figures pliées, froissées qui ont l’opacité de choses, lui que l’art tient en réserve ou en mémoire, à l’encontre de l’œuvre réconciliatrice de toute culture. Le séisme mis en branle par Discours, figure se scande dans l’œuvre de Lyotard en coups et après-coups dont nous suivrons ici les lignes de fracture et les répliques.
En 1966, Lyotard met fin à son engagement politique et laisse inachevée une thèse sur l’histoire. Le scepticisme a fait son œuvre…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/04/2015
- https://doi.org/10.3917/puf.manig.2011.01.0523
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