Chapitre
Il s’agira ici de lire un texte où il est précisément question de la lecture – un texte qui se présente même comme une défense et une illustration d’une certaine pratique de la lecture philosophique : il s’agit du chapitre II de De la grammatologie de Jacques Derrida, qui propose lui-même une lecture du chapitre VI de l’introduction du Cours de linguistique générale, où Saussure considère à titre préliminaire la question de l’écriture. Derrida y montre l’étrangeté et même l’anomalie de ce chapitre au sein du dispositif conceptuel mis en place par le Cours. Il y voit le symptôme d’un problème que « l’aventure structuraliste » (comme l’a appelée Barthes) révèle et manque dans le même mouvement.
Je tiens ces quelques pages de Derrida pour essentielles à une compréhension de ce qui fait des années 1960 un véritable moment philosophique. Non pas cependant parce que ce chapitre est longtemps passé pour celui qui a opéré le passage du « structuralisme » au « poststructuralisme », des « philosophies de la structure » aux « philosophies de la différence ». Car ce qu’il a de plus caractéristique est plutôt la manière dont il met en évidence ce mouvement de bascule intérieure qui anime essentiellement le « structuralisme » : comprendre les enjeux philosophiques des recherches associées à ce mouvement dans les sciences humaines, et d’abord dans la linguistique, impose de mettre en évidence une sorte d’excès de leur découverte sur les ressources conceptuelles où elle s’exprimait. Il permet ainsi de se tenir au point d’instabilité le plus essentiel de cette décennie, à ce qui la rassemble en la divisant non seulement en différentes phases historiques, mais aussi en différentes tentative…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/04/2015
- https://doi.org/10.3917/puf.manig.2011.01.0369
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