Chapitre
La lecture d’Althusser nous impose de tenir ensemble deux points de vue. Il faut bien entendu essayer de lire Althusser « en philosophe », c’est-à-dire selon un certain biais « intemporel », en faisant comme si on pouvait immédiatement penser dans et avec, ou peut-être contre, ses propres concepts, sans médiation autre que la structure interne de sa pensée – et ce genre de lecture est évidemment indispensable à la vitalité de tout philosophe, dont la portée se dérobe, du fait même de son statut philosophique, à tout critère d’évaluation autre que celui des possibilités qu’il offre à une reprise indéfinie de son geste. Mais il est également légitime de lire Althusser en essayant de le situer dans une conjoncture historique. Légitime et je dirais même nécessaire, étant donné que toute l’entreprise théorique althussérienne s’adresse explicitement à un destinataire qui aujourd’hui n’existe plus. Je parle bien sûr du mouvement communiste : la distance entre notre présent et celui dans lequel Althusser a inscrit ses interventions est marquée justement par l’effondrement de cette véritable statue du Commandeur dont la présence est tangible et constante dans tout le trajet du philosophe. Une lecture « historicisante » d’Althusser ne répond pas donc à une exigence générique de « faire de l’histoire de la philosophie » – comme si cette discipline pouvait réellement fournir de garanties, du fait de sa (prétendue) rigueur, contre les risques d’arbitraire (prétendument) inhérents aux lectures du premier type…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/04/2015
- https://doi.org/10.3917/puf.manig.2011.01.0235
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