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En 1944, à New York, paraissait The Theory of Games and Economic Behaviour de von Neumann et Morgenstern, alors qu’un anthropologue français réfugié dans la ville américaine y travaillait à mettre en ordre ses matériaux sur la parenté, pour les publier à peine quelques années plus tard, en 1948. C’est alors que Lévi-Strauss découvrit la théorie des jeux et l’adopta comme un cadre qu’il ne devait plus abandonner. On a beaucoup douté de l’effectivité de ce cadre et de ces références. Il y a pourtant, nous le verrons, un isomorphisme exact entre un jeu (au sens de la théorie des jeux) et une structure (au sens de Lévi-Strauss), malgré les différences de leurs représentations graphiques (des arbres dans un cas, des empilements de matrices dans l’autre). Mais il y a plus. Bien des questions philosophiques soulevées par le structuralisme s’éclaircissent si on les replace dans ce cadre. Cet essai se propose de montrer à la fois que le concept de jeu est essentiel à l’appréhension des cultures et sociétés humaines par Lévi-Strauss, et qu’il permet de comprendre non seulement la manière dont le structuralisme a pu faire figure de mise en œuvre réelle du thème de la « fin de la philosophie », mais encore comment les impasses dans lesquelles ce formalisme même du jeu le conduisait finalement sont encore au cœur des différentes entreprises qui, au cours des années 1960 et jusqu’à nos jours, ont tenté de ramasser à leur tour le gant lancé par Lévi-Strauss au pied de la tradition philosophique…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/04/2015
- https://doi.org/10.3917/puf.manig.2011.01.0125
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