Depuis un peu plus d’une décennie, de bonnes nouvelles nous viennent de l’Afrique subsaharienne, comme nous n’avions plus l’habitude d’en recevoir depuis les années 1970. Études et articles décrivent bruyamment un continent qui décolle, une « nouvelle frontière », espace où se précipitent les entreprises du monde entier.
Les moteurs de la croissance africains sont plus nombreux qu’on ne le pense généralement. Certes, la flambée des cours de matières premières énergétiques et minières, entraînant une hausse des investissements et de la production, participe d’une croissance régulière – 5 % par an depuis un peu plus d’une décennie –, mais seulement pour un quart de celle-ci. Les autres piliers de la croissance sont l’augmentation de la dépense publique, ainsi que d’autres secteurs. La téléphonie, les services, le BTP, la fièvre immobilière, la bancarisation croissante, les assurances et enfin la consommation, portée par l’émergence des classes moyennes africaines, contribuent beaucoup plus et de manière plus pérenne à l’expansion des économies. D’ailleurs, ce bel élan a été presque épargné par la crise économique de 2008. Six pays africains font partie des dix pays du monde dont le produit intérieur brut (PIB) s’est accru le plus rapidement au cours de la décennie 2000 (il s’agit de l’Angola, du Nigeria, du Tchad, de l’Éthiopie, du Mozambique et du Rwanda). Les trois derniers ne sont d’ailleurs pas ou peu concernés par les matières premières énergétiques ou minières.
Pourtant comme nous le verrons, parler de croissance en général pour l’Afrique subsaharienne est peu pertinent tant cette croissance est mal répartie géographiquement…