Chapitre
Votre leçon inaugurale au Collège de France était intitulée « Vers une science de la vie mentale ». Pourquoi ?
D’abord, pour inscrire ma démarche dans la (déjà) longue histoire de la psychologie : c’est la définition proposée au xixe siècle par William James, un de ses pères fondateurs. Ensuite, parce que je crois que la psychologie sera l’un des nœuds essentiels d’une future science de la vie mentale. Pluridisciplinaire, elle aura pour but d’expliquer comment nous pensons, par des séries de lois successives, prenant en compte différents aspects, de la biologie du cerveau à la dimension culturelle. L’enjeu est d’établir des lois de la psychologie aussi universelles que celles de la physique. Pour moi, la pensée, bien que subjective et intime, peut être étudiée de façon scientifique, notamment parce que ses caractéristiques sont largement partagées à travers le monde. Je crois que chacune de nos représentations mentales est aussi un objet neuronal, même si les lois de liaisons entre les deux niveaux restent à établir. Au laboratoire, nos recherches s’articulent déjà entre comportement, développement de l’enfant, neuropsychologie, imagerie cérébrale…Cette démarche n’est-elle pas réductionniste par nature ?
Non. Je ne suis pas de ceux qui proposent, comme la philosophe Patricia Churchland, une neuroscience éliminativiste dans laquelle la psychologie disparaîtrait au profit d’une neuroscience pure réduisant tous les objets à la biologie. À l’inverse, je pense qu’il existe des lois de la psychologie en tant que telles, tout à fait valides à leur niveau, au même titre que les lois de la linguistique et de l’économie…
Auteurs
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Entretien réalisé en 2007.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/01/2020
- https://doi.org/10.3917/sh.dorti.2014.01.0053
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