Parmi les produits classés comme stupéfiants au niveau international, le cannabis est le plus consommé et le plus vendu dans le monde, en Europe et en France. C’est aussi celui qui alimente le plus de controverses, bien qu’il compte parmi les plus anciennement connus. Le débat autour du statut du cannabis, considéré tour à tour comme un médicament, une drogue ou un poison (phármakon), constitue un des aspects de cette controverse [Zimmer et Morgan, 1997]. Dès ses premiers usages thérapeutiques en Chine au ve siècle avant notre ère, les propriétés médicinales du cannabis ont été mises en balance avec son caractère nocif en cas d’usage excessif. La pluralité de ses usages et de ses qualifications constituent un trait dominant du portrait social du cannabis. Comme pour d’autres produits définis comme des « poisons modernes », l’usage dit récréatif a progressivement été associé à un péril social, à partir du xixe siècle [Yvorel, 1992 ; Davenport-Hines, 2001]. Tout au long du xixe siècle puis du xxe, le cannabis a été construit en « problème social » [Gusfield, 1986], jusqu’à faire l’objet d’une prohibition au niveau international.
Produit millénaire issu du chanvre, une des premières plantes domestiquées par l’homme, dont sont extraites la marijuana (herbe) et la résine (haschich), le cannabis est surtout connu pour ses propriétés psychoactives, qui ont conduit à son classement comme produit stupéfiant au niveau international en 1961. De ce fait, sa production, son commerce et tout ce qu…