Chapitre
Pour débattre des études postcoloniales, il faut tout d’abord se
libérer des effets de conjoncture dominante, retrouver son autonomie de pensée, ne pas considérer que tout a commencé quelque
part en Amérique, et que c’est là qu’il faudrait nécessairement
porter le regard aujourd’hui.
Par rapport à ma propre histoire, l’esprit libéré, je me placerai
dans une situation « pré-post ». On a tellement abusé des « post » de
toutes sortes, qu’aujourd’hui je m’autorise cette liberté d’expression. Cette position me rend sensible à la généalogie de ce que j’ai
eu à connaître comme implication dans les débats et comme provocation à l’engagement. La colonisation était encore présente, il
fallait faire disparaître la « situation coloniale ». La postcolonisation était déjà là, en voie de réalisation, mais elle posait de
nombreux problèmes, notamment des problèmes d’interprétation
quant à son cours et ses discours.
Pour moi, le postcolonial commence en 1955, à Bandung, avec
la Conférence des pays non-engagés se voulant neutres par rapport
aux deux blocs. Il y a là un événement qui est une affirmation politique, mais d’abord culturelle et historique. On se réapproprie son
histoire. On reprend le droit de parler pour soi, et soi-même de ne
pas parler en aligné. Et puis, avec cette liberté et ce droit de parole
retrouvés, on se donne le devoir et le projet de redevenir présent sur
la scène mondiale. On accède à la possibilité d’intervenir directement dans la construction de l’actuel.
Puis, il y a eu la « Tricontinentale », dont on ne parle plus, qui a
signifié l’ « effet Cuba », l’effet Castro après 1959. Invité à l’époque à
La Havane, avec d’autres anticolonialistes dont Michel Leiris, j’en a…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/scpo.smout.2007.01.0017
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