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Comment les sociétés contemporaines se souviennent-elles de leurs guerres ? La question de « la mémoire collective de la guerre » est posée par les historiens depuis la fin des années 1970. Les travaux portant sur la mémoire de la Première et de la Seconde Guerre mondiale notamment concernent essentiellement l’analyse des pratiques sociales (rites funéraires, commémorations, organisations des milieux combattants, actions politiques, pratiques d’enseignement…) et celle des productions culturelles (publications diverses, chansons, cinéma, télévision, monuments, manuels scolaires, musées…). Plus rarement, plus récemment aussi, souvent par le biais d’enquêtes orales, c’est la substance même de la mémoire d’une population qui a été étudiée. Quel que soit l’angle d’observation – ou même son échelle – adopté pour l’étudier, le souvenir du passé guerrier du xxe siècle apparaît douloureux, émotionnel, passionnel tant pour les individus, les groupes, les collectivités nationales.
La singularité de l’épisode guerrier favorise cette souffrance. Traumatisante, mais également intensément exotique, la trajectoire guerrière marque les vies à jamais tout en rendant sa transmission complexe : en grande partie indicible, l’expérience de guerre est aussi souvent inaudible. Les transgressions majeures impulsées par les champs de bataille, et par les contextes extrêmes de très forte agressivité, conduisent à des mémoires conflictuelles : le besoin de témoigner se heurtant au réflexe de refoulement ; l’inacceptable intrinsèque à la conjoncture guerrière butan…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/12/2021
- https://doi.org/10.3917/oj.rouss.2003.02.0069
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