Chapitre
Faire mentir le destin qui s’ébauche, c’est en quelque sorte ce que Blanche, à l’orée de sa majorité, vient nous demander. Mais avant de la rejoindre, dans les abîmes où elle se débat, je voudrais vous livrer quelques considérations plus générales sur les adolescents qui nous sont adressés en Institution, une consultation de la Protection Judiciaire de la Jeunesse : ce sont eux qui défrayent la chronique, les violents, les paumés, les mal-aimés, ceux qui font parler d’eux, mais qui ne parlent pas. Ceux qui, à force de handicaps, risquent à la sortie de ce passage adolescent, de basculer dans la grande exclusion, celle dont on ne revient pas. En ce temps-charnière de l’adolescence, où il s’agit d’abattre ceux qu’on a le plus aimés – idoles aux pieds d’argile ou spectres inconsistants – où il s’agit de se dé-coller, pour décoller, et s’arrimer, nous essayons d’être passeurs : ça passe ou ça casse ! Temps de tous les dangers, mais aussi de tous les espoirs, car rien n’est encore joué... à condition d’introduire du jeu (pour qu’il y ait du je)...
Quand ils nous arrivent, ce n’est pas de leur plein gré. Ils ont à rendre des comptes à la demande d’un Autre, au nom de la Loi, à répondre de leur acte, mais aussi à partir du moment où occasion leur est offerte de parler à un Autre qui écoute, un espace s’ouvre à eux où ils ont à répondre non seulement de leur acte, mais aussi de leur position de Sujet de leur acte. Enfants revenus de tout, qui font comme s’ils n’attendaient rien, comme s’ils n’entendaient rien, retranchés dans leur carapace, ils en appellent pourtant à notre désir d’analyste…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/10/2013
- https://doi.org/10.3917/apm.guily.2012.01.0193
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